UN GRAND BRUIT DE CATASTROPHE, un roman de Nicolas Delisle-L’Heureux.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Les Avrils

Voilà longtemps que Louise Fowley n’avait pas emprunté la route 385 pour rejoindre Val Grégoire, une petite ville au nord du nord de la forêt boréale. C’est là qu’elle a passé son enfance avec Marco Desfossés, le fils du despote local, et le clairvoyant Laurence Calvette. Ensemble, ils formaient un trio flamboyant. Jusqu’à l’événement. Aujourd’hui, vengeance en bandoulière, Louise est prête à relancer les dés, racheter ce qui peut l’être.

Un grand bruit de catastrophe nous entraîne dans les territoires rudes de la Côte-Nord, à la frontière du Labrador canadien. Dans une langue inventive et vernaculaire, Nicolas Delisle-L’Heureux raconte l’histoire d’une amitié percutée par la cruauté du destin comme s’il faisait pivoter un cristal jusqu’au dénouement. Il signe un roman ample et addictif. Il vit à Montréal.

Ma note : 4/5
Nouveauté 2023
304 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Huis clos saisissant dans le temps et l’espace. Enclave des émotions, du destin sans destin, de la vie, Val Grégoire effraye, retient les âmes, ancre le mal, la violence des silences, les pas qui ne partent jamais.

 

Roman percutant et d’une justesse étouffante. Trois vies, trois destins emmêlés, trois regards tournés vers l’avenir radieux en quête d’un monde idyllique où les riens deviendraient des possibilités.

 

Roman aux sonorités de prédictions. Une atmosphère tendue où le moindre événement gonfle les chapitres d’une tragédie tentaculaire. 

 

Je vous invite chaudement à découvrir le roman de Nicolas Delisle-L’Heureux. Il vous portera au cœur d’une histoire bouleversante. Un récit émouvant aux tonalités canadiennes. Trois voix, trois vies, narrant la folie des hommes et des rêves. Évasion des sens, effervescence des espoirs ensevelis sous une tonne de résignation.

 

Vraiment à découvrir !

ON ÉTAIT DES LOUPS, un roman de Sandrine Collette.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions JC Lattès

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux.
Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.
Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.

 

Ma note : 5/5 « coup de cœur »
Nouveauté 2022
208 pages
Disponible au format numérique, audio et broché

MON AVIS

Troisième roman que je lis de Sandrine Collette et une nouvelle claque.

 

ON ÉTAIT DES LOUPS se vit pleinement. L’espace abyssal de la nature sauvage. Ces îlots uniques où hommes, femmes et enfants survivent. La puissance d’une vie hors du commun. La solitude à deux puis à trois. L’envie vorace d’avancer pas après pas quoiqu’il en coûte.

 

Liam a fui son enfance et a su créer la vie de ses rêves qu’il partage avec elle et lui, Aru, cinq ans. Taiseux, observateur, malin, cet enfant porte en lui une force surréaliste et innée. Un ours, la mort, et la conviction que l’enfant n’a pas sa place dans son monde. Un long retour aux sources, au son des sabots des chevaux. Une longue introspection silencieuse qui mène à la folie, à la déraison.

 

Sandrine Collette aime décortiquer les liens familiaux. Ces liens difficiles, intrinsèques qui bouffent la chair de l’âme, labourent le cœur et le corps. Elle nous plonge au cœur d’une histoire sordide où un père doit faire table rase sur son enfance pour être le père convenable. Un lâcher prise consciencieux pour arpenter le chemin d’une nouvelle vie.

 

Sandrine Collette aime nous bousculer, nous faire ressentir l’effroi et l’admiration. Nous pousser dans nos retranchements, nous montrer la violence de la race humaine. Quête rédemptrice, chemin initiatique, ON ÉTAIT DES LOUPS est un cri puissant à la vie. Un cri venant du fond des tripes brisant les schémas familiaux toxiques. Un cri réclamant l’absolution. Un cri libérateur. Un cri de loup chantant sous les étoiles.

 

L’HOMME PEUPLÉ, un roman de Franck Bouysse.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Albin Michel

Harry, romancier à la recherche d’un nouveau souffle, achète sur un coup de tête une ferme à l’écart d’un village perdu. C’est l’hiver. La neige et le silence recouvrent tout. Les conditions semblent idéales pour se remettre au travail. Mais Harry se sent vite épié, en proie à un malaise grandissant devant les événements étranges qui se produisent.
 
Serait-ce lié à son énigmatique voisin, Caleb, guérisseur et sourcier ? Quel secret cachent les habitants du village ? Quelle blessure porte la discrète Sofia qui tient l’épicerie ? Quel terrible poids fait peser la mère de Caleb sur son fils ? Entre sourcier et sorcier, il n’y a qu’une infime différence.

Ma note : 4,5/5
Nouveauté 2022
320 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Vous êtes nombreuses et nombreux à encenser Franck Bouysse, et je comprends tout à fait les raisons. Après avoir lu son recueil de poésie « Fenêtre sur terre », l’année dernière, je me suis laissé tenter par son dernier roman.

 

 

L’HOMME PEUPLÉ est l’histoire d’une terre, d’une malédiction, d’abnégation, de résilience, d’espoir. C’est l’histoire de ces racines du mal qui ont envahi une terre de lumière, de bonté. La différence, le jugement, l’amour s’entremêlent, se nourrissent, se pourfendent. C’est une histoire d’histoires celles qui font les légendes, celles qui annihilent l’ignorance, celles qui éveillent les sens, celles qui nourrissent le plus vil espoir. C’est l’histoire d’hommes et de femmes porteurs de cette lumière qui peuple les nuits noires.

 

 

Franck Bouysse signe un roman d’une rare finesse, délicatesse des mots vibrant au cœur de cette atmosphère tourmentée, mélancolie des drames, ancrage de la réalité. Ça sent la neige, la poussière, les arbres morts, les souvenirs à la pelle, la tristesse, le poêle à bois, la terre, le chien, la délivrance.

 

 

L’HOMME PEUPLÉ est à mes yeux le prolongement de FENÊTRE SUR TERRE, une ode aux sens, aux émotions, à la vérité.

 

TUER CAMUS, un roman de David Gruson.

ROMAN D’ANTICIPATION

Éditions Beta Publisher

Spin-off
1940/2026
Quand Camus rencontre l’IA. Soir du 11 novembre 1940. Albert Camus, alors journaliste pour Paris-Soir, séjourne à l’hôtel Madison à Paris.
Il reçoit la visite imprévue de Sarah, étudiante inconnue et apeurée. La jeune fille vient se réfugier chez lui et lui apprend les événements inattendus en cours dans la capitale : au mépris de l’Occupant, un rassemblement de centaines de personnes vient d’avoir lieu Place de l’Étoile. La Gestapo sillonne déjà les rues pour traquer les manifestants.

 

Tout au long de cette « nuit de toutes les nuits », une relation ambigüe se noue peu à peu entre eux et amène la jeune femme à lui révéler sa véritable nature et mission : nous sauver de l’extinction qui s’annonce en 2026.
Et tout ne tient qu’en une question : notre liberté a-t-elle plus de prix que notre survie ?

 

Ma note : 3/5
Nouveauté 2022
328 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

 Spin-off de la duologie S.A.R.R.A, il ne peut pas être lu séparément.

 

David Gruson nous plonge au cœur d’une réflexion philosophique sur la liberté et sa signification. Entre 1940 et 2026, des décennies s’écoulent pourtant reliées par une seule personne et l’espoir fou d’un nouveau monde.

 

Albert Camus devient ce héros malgré lui détenteur du pouvoir fondamental : le choix. La vie ou l’extinction de l’humanité en 2026.

 

Pris au piège, ce huis clos étouffant nous plonge dans les méandres d’une réflexion animée, ardue. Je me suis sentie totalement désarmée face à ce récit d’une force déstabilisante, perdue dans ce flot de raisonnement, ébahie par la dissonance des propos, déstabilisée, en colère. Effets voulus et totalement compréhensibles qui poussent à la considération et à la prise de position, de décision.

 

Totalement différent des deux tomes, David Gruson nous délivre un récit surprenant par sa forme et son fond. Entre journal intime et pièce de théâtre, l’écriture est déstabilisante voire dérangeante. L’action passe totalement au second plan et cela m’a beaucoup manqué. Beaucoup de références jalonnent l’histoire que je n’ai malheureusement pas et cela m’a terriblement contrarié. L’intelligence artificielle est toujours au cœur des romans de David Gruson et prend cette fois-ci un aspect axé sur la réflexion.

 

TUER CAMUS est un essai exigeant et prenant qui nous plonge dans les méandres métaphysiques de la pensée individuelle et collective. Liberté abstraite au cœur d’un réalisme surprenant et effrayant.

QUELQUE CHOSE DE TENNESSE, un roman de Jacinthe Canet.

FEEL GOOD BOOK

Comment un texto peut chambouler une vie ?
Ce n’est pas le titre d’un guide pour les nuls, mais le résumé de la vie de Laura.
Célibataire et sans emploi, elle décide sur un coup de tête de suivre ses parents. Fans de Johnny Hallyday, ils embarquent sur les traces de l’idole des jeunes, pour un pèlerinage à bord d’un camping-car.
Dans la famille « loufoque », je voudrais : le jumeau de Laura, leur benjamin taciturne, le grand-père dépravé, le chihuahua incontinent… et l’ami d’enfance bien trop canon !
 
Au long de ce périple à cent à l’heure, Laura s’offre un retour aux sources aussi déjanté que sa tribu « pas comme les autres ».
Et s’ils apprenaient à se donner de l’amour, comme dans la chanson ?

 

Ma note : 4/5
Nouveauté 2022
184 pages 
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Jacinthe Canet revient avec un nouveau roman punk et surtout déjanté.

 

La famille on l’aime ou on la déteste. Pour Laura son cœur balance. Introvertie, un brin naïve, loufoque, Laura est anéantie. Se faire larguer par un SMS n’a rien de drôle surtout quand son avenir elle le voyait avec lui. Plus de petit copain et de boulot la voici qu’elle embarque dans le camping-car avec sa famille. Un petit frère qui ne cause pas beaucoup, un chihuahua incontinent, un grand-père dépravé, un frère jumeau cachottier, un meilleur pote pas si mal que ça, une mère qui ne se préoccupe que de son petit chien et un père sur les nerfs. Sans oublier une hystérique. Et en fond sonore Johnny Hallyday.

 

Un embarquement immédiat pour un road trip révélateur. Les langues se délient, les secrets se dévoilent. Chacun apparaît comme il se doit avec ses blessures, ses espoirs et ses craintes. Une famille dissonante qui finalement va arriver, après moult échecs, cris et larmes, à s’entendre et à panser leurs cicatrices. 

 

Une lecture rock n roll où l’humour a toute sa place pour faire un pied de nez à toutes les emmerdes. Une mention spéciale pour ce grand-père filou et atypique et qui sous ce grand air de désinvolture cache un cœur tendre.

 

Une lecture rafraîchissante et pleine de peps portée par une plume addictive et envoûtante qui aborde des thèmes douloureux comme la dépendance affective, la différence, les secrets de famille.

 

Il n’y a que Johnny pour fédérer les gens 😉 

PAS LA FIN DU MONDE, un roman de Rachel Corenblit.

LITTÉRATURE JEUNESSE

Bayard Éditions

Toulouse, 21 septembre 2001.
Léon a 17 ans, un chagrin d’amour et une famille disloquée depuis le divorce de ses parents.
Sa sœur Frida, 22 ans, est en colère. Contre tout le monde, tout le temps.
Dans leur ville touchée par l’une des plus grandes catastrophes industrielles du XXIe siècle, tous deux tentent de réparer les liens. De reconstruire leur monde sous un jour nouveau.
Un roman de reconstruction lumineux et saisissant !
 
Ma note : 4/5
Nouveauté 2022
250 pages
Disponible en numérique et broché

MON AVIS

Douloureuse est le premier mot qui pourrait qualifier ma lecture. Il n’est jamais bon de déterrer les souvenirs, et Rachel Corenblit les a touchés avec élégance et honnêteté.

 

Si le 21 septembre 2001 ne vous dit rien. Alors tant mieux, j’ai envie de clamé ! Mais pour moi ce jour est gravé à jamais et représente le chaos car tout simplement j’y étais.

 

Il faut être un peu masochiste pour se lancer dans ce genre de lecture surtout quand cela te touche personnellement mais voilà je tenais à le lire jusqu’au point final.

 

Léon et Frida sont frère et sœur et se reprochent mutuellement tout un tas de non-dits. Si la rancœur est bien présente tout au long de cette journée, cette catastrophe va permettre de mettre les mots sur les maux. Au cœur de ce chaos, de la folie, de l’incompréhension, de la douleur, leurs âmes se libèrent, s’écoutent, se déchainent, crient et trouvent ce terrain d’entente où, enfin, l’apaisement serait au bout du chemin. 

 

Une quête essentielle qui reconnectera cette famille en déroute.

 

La plume de Rachel Corenblit est généreuse, franche et surtout émouvante. Une immersion totalement réussie qui nous pousse à réfléchir sur les liens familiaux. C’est au cœur de ces moments-là que la franchise éclate et panse les plus vieilles blessures. 

 

Une intensément douloureuse et magnifique.

L’EFFET TITANIC, un roman de Lili Nyssen.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Les Avrils


Le Havre. Vingt-cinq ans, célibataire, la narratrice écrit une histoire, celle de Flora et de Zak. Flora est une adolescente d’aujourd’hui, classe moyenne, envie d’aimer qui cogne fort. Zak, garçon inquiet et mystérieux, vient des quartiers Est. Mais au cœur du paysage ouaté, l’attraction est immédiate. Se déploient alors l’attente, le désir tâtonnant, le vertige de l’autre. Et tandis que leur rencontre flamboie et s’altère comme toutes les premières fois, la narratrice affronte ses propres pertes ; celle d’un garçon et de l’enfance qui doucement s’en va.

Ma note : 4/5 
Nouveauté 2022
224 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Ca tangue, ça vibre, c’est houleux, c’est magnifique, c’est douloureux, ça transforme, ça explose, c’est langoureux. L’amour. 

 

Le premier amour, celui qui fait voltiger toutes tes questions, toutes tes craintes et tous tes espoirs. C’est vertigineux au point que le monde t’appartient. Les premiers baisers, les premières caresses, les premiers émois. Les premiers mots où s’amoncellent les maux de chacun. Les mystères, les rêves d’ailleurs et d’ici, les yeux dans les yeux, le désir s’épanouissant, la narratrice explore, décortique, une relation naissante, instant T d’une histoire insolite. Elle vogue sur les états d’âmes de ses personnages, Flo et Zak. Mais également sur leur entourage et sur elle-même.

 

Poétique et fougueuse, la plume de Lili Nyssen exprime les émotions à l’état brut. C’est beau, hypnotique. Mais la pesanteur et les aléas de la vie s’infiltrent, détruisent, noient ceux qui se sont aimés trop fort. 

 

Entre délicatesse et exaltation Lili Nyssen nous invite à redonner un sens à l’amour et à ses valeurs. Il ne se consomme pas il se vit dans tous ses états. Il nous fait grandir et accepter qu’il peut s’enfuir est un risque.

 

Un roman qui me parle cruellement. J’ai pris le temps de l’apprécier avec une certaine nonchalance, à l’écouter, à vivre chaque mot.

 

Un roman puissant !

 

Ce qu’ils disent, ce n’est pas l’important. L’important c’est
je n’ai jamais été comme ça avec quelqu’un.

ÉMERGENCE 7, un roman ado de Vincent Mondiot et de Enora Saby.

LITTÉRATURE JEUNESSE

Éditions Actes Sud Junior


Déménager, c’est toujours dire adieu à une partie de son passé. Léon en a bien conscience, ce matin-là, alors qu’il attend le bateau qui l’emmène au collège. Bientôt, il va devoir quitter la petite île bretonne sur laquelle il a toujours vécu. Comment l’annoncer à Joachim, son meilleur ami, ou à Alex, la fille dont il est amoureux ?
Mais tout ça n’a plus d’importance quand soudain une créature gigantesque et mystérieuse émerge de l’océan pour semer derrière elle la mort et la destruction. Vingt ans plus tard, devenu adulte, Léon revient sur les lieux du drame.
Et il se souvient de ce qui a été, de ce qui ne sera plus.
Un roman d’inspiration manga, entre récit de survie, fresque apocalyptique et drame intime.
Deux cents pages entièrement illustrées, en immersion totale !

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2022 (sortie septembre 22)
208 pages
Disponible au format broché

MON AVIS

Une alliance parfaite pour un roman méchamment puissant.

 

J’ai découvert la plume de Vincent Mondiot avec « Les derniers branleurs », un incroyable roman. Associé à Enora Saby, illustratrice, ÉMERGENCE 7 est percutant, saisissant et indéniablement majestueux.

 

En un quart de secondes le monde de Léon et de ses copains et copines implose. L’apocalypse déferle sur cette petite île la plongeant dans l’horreur absolue. Une course poursuite contre le temps où survivre est devenu un réflexe archaïque. Ces ados courent en à perdre haleine, pleurent, hurlent, rigolent, espèrent. Un espoir vain, abîmé, douloureux, prémices d’une nouvelle vie supplantée par la peur, la tristesse.

 

Vincent Mondiot nous offre une nouvelle histoire émotionnellement intense. Entre souvenirs, moments T et présent, entre le jeu des couleurs, suivre Léon tout au long de cette introspection est bouleversant, émouvant et terrifiant. Quel sens donne-t-on à la vie à 13 ans au milieu du chaos ? Et à cette question Léon va y répondre. Âme écorchée, corps meurtri, entre naïveté et réalisme, Léon se livre, se délivre de cet instant. Acceptera-t-il la paix ?

 

Cerise sur le gâteau, Enora Saby, signe son premier roman graphique. Des illustrations captivantes qui jouent énormément sur les couleurs associées à une période de la vie de Léon. Manga art sans l’être, Enora Saby nous plonge d’une autre manière dans cette incroyable aventure. Elle joue beaucoup avec le flou, les couleurs, les petits détails et les émotions. Une harmonie parfaite entre le contenu, le style et les émotions.

 

Bref un roman graphique détonnant qui propose une histoire émouvante. J’ai eu un immense coup de cœur pour ce livre qui nous précipite dans ce monde chaotique où les épreuves jalonnent le récit et où il est impossible de ne pas s’émouvoir.

 

 

DEBOUT DANS L’EAU, un roman de Zoé Derleyn.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions du Rouergue – Collection la brune


La narratrice, une enfant de onze ans, vit chez ses grands-parents, dans le Brabant flamand. Sa mère l’a abandonnée des années auparavant. C’est l’été dans cette vaste maison bordée d’un étang et d’un magnifique jardin. Le grand-père est en train de mourir dans une des chambres à l’étage, visité chaque jour par une infirmière.
Cet homme autoritaire, distant, intimidant, est l’ombre manquante dans le jardin, espace de prédilection où sa petite-fille l’assistait dans ses occupations. Alors que la mort approche, autour de la fillette prennent place les différents protagonistes de ce lieu où la nature est souveraine : ses grands-parents bien sûr, les trois chiens, un jeune homme qui s’occupe des gros travaux, une baleine qui un jour a surgi dans l’étang. Elle rêve aussi d’un ailleurs qui pourrait être l’Alaska, la mer des Sargasses ou les Adirondacks.
Dans ce premier roman qui impressionne par sa sobriété et sa maîtrise, Zoé Derleyn interroge avec subtilité la manière dont se construit une filiation.

 

Ma note : 3/5
Nouveauté 2021
144 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Voici une lecture qui m’aura donné quelques sueurs froides. Un style à la fois imagé, parfois enfantin, mais surtout sombre. Alors que les paysages auraient pu paraître lumineux j’ai eu cette sensation d’étouffement.

 

Cette petite fille qui n’a plus peur de rien ni même de la mort imminente de son grand-père assez rustre, plonge dans son passé, s’accroche à tous ses souvenirs, ses petits moments délicats qui offrent ce sentiment de quiétude de faire partie de quelques chose.

 

Passé, présent et futur s’entrechoquent au rythme de cet étang berceau de vie, de peur et d’espoir. La réalité côtoie un certain imaginaire et innocence propre aux enfants.

 

J’ai beaucoup eu du mal à interpréter ce récit et à lui donner un sens approprié. Je n’ai pas su me saisir d’un contexte, de cette nature rigoureuse et des personnages qui ont pourtant tant à dire au cœur de leurs silences. La plume de l’auteure est à la fois délicate et rigoureuse jouant sur ces deux tempos qui m’ont souvent mis mal à l’aise.

 

Ce roman n’était certainement pas fait pour moi malgré l’intensité du texte.

FURIES, un roman de Julie Ruocco.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions Actes Sud

Sélection #68premièresfois

Les destins d’une jeune archéologue, dévoyée en trafiquante d’antiquités, et d’un pompier syrien, devenu fossoyeur, se heurtent à l’ expérience de la guerre. Entre ce qu’elle déterre et ce qu’il ensevelit, il y a l’histoire d’un peuple qui se lève et qui a cru dans sa révolution.
Variation contemporaine des « Oresties », un premier roman au verbe poétique et puissant, qui aborde avec intelligence les désenchantements de l’histoire et « le courage des renaissances ». Un hommage salutaire aux femmes qui ont fait les révolutions arabes.
Ma note : 5/5
Nouveauté 2021
288 pages
Disponible au format broché et numérique

MON AVIS

 

Le cœur arraché au corps, les cris qui résonnent dans le silence abyssal des bombes, des destins qui se croisent, des noms fantomatiques qui s’enflamment. La fureur de vivre de résister, les balles qui n’ont rien à foutre des vies, la rage bouillonnante, les regards perdus, les pas hantant la poussière mortifère. Des ralliements soufflant l’espoir, les fugues salvatrices, le déchirement de la terre, l’abandon de l’identité. Les yeux emplis d’un passé lumineux, tournés vers le futur aveugle.

 

Écriture tranchante, poésie envoûtante, mots éprouvants, images éternelles de la folie humaine, de la déshumanisation.

 

Plume lumineuse, ensorcelante, fendant l’obscurité, l’obscurantisme.

 

Un premier roman magistral d’une puissance titanesque, Julie Ruocco nous plonge au cœur de deux vies qui se percutent dans la noirceur la plus totale. Deux âmes qui s’apprivoisent, pansent les blessures sanguinolentes. Deux âmes éternellement liés à l’histoire tragique d’une pays décousu, violé. Deux âmes puisant leur force au cœur de l’horreur. Roman intransigeant, portant la parole des oubliées, des nantis, hurlant leurs maux, mots, au milieu du chaos, de la désolation.

 

Ce roman a su m’emprisonner, me porter, me faire souffrir. L’histoire de la Syrie n’a rien de passionnant pour celui qui n’y s’intéresse pas. Berceau culturel, berceau d’un passé riche évanouit à coup de mortiers, La Syrie n’est plus que rien.

 

Un roman coup de cœur, coup de poing. Je vous conseille également de lire 19 FEMMES de Samar Yazbek.