LÉSIONS INTIMES de Christophe Royer.

[ POLAR – Nouveauté 2019 ]
Éditions TAURNADA – Collection Le Tourbillon des Mots
409 pages
Ma note : 3/5
Lien Kindle
 
Le résumé :
Nathalie Lesage, capitaine au caractère bien trempé, travaille au sein de la brigade de répression du proxénétisme. Une des branches de l’organisation « Gorgona », spécialisée dans un certain genre de soirées parisiennes, va l’amener à côtoyer un milieu où règnent la perversion et les pratiques extrêmes. Victime d’un banal accident, son enquête va prendre une tournure inattendue. Dans le même temps, le décès de son frère va l’obliger à renouer avec son passé. Tout va alors se mélanger et entraîner Nathalie vers l’inimaginable…
Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"
 
LÉSIONS INTIMES a la particularité de vous remuer les tripes et de vous coller des sueurs froides tout au long des chapitres. Christophe Royer ne fait pas dans la demi-mesure et vous plonge dans une atmosphère aussi dérangeante que glaçante. Son imagination n’a rien à envier à ceux des noms les plus connus du paysage du thriller.

 

Ambiance sombre, milieu choquant, voici dans quoi baigne le capitaine Nathalie Lesage. Femme flic dans un univers hyper masculin, difficile de se faire une place. Pourtant Nathalie Lesage sait y faire avec ses hommes et son autorité n’est plus à contester. Son sens aigu de déduction et ses prises d’initiatives saugrenues lui valent souvent des remarques. L’enquête sur une des branches de l’organisation « Gorgona » est au ralenti. Bête noire du service, les éléments à leur charge reste minces. Un dernier événement tragique va ouvrir de nouvelles possibilités d’investigations dans lesquelles la capitaine se jette à corps perdu. Une enquête dans un milieu où les corps se marchandent contre des faveurs sexuelles souvent forcées. Un milieu qui vous horripile dès les premières descriptions. Une enquête extrême qui balade les officiers et qui contre toute attente ouvre les portes de l’enfer, celle de Nathalie.

 

Course poursuite, course contre la montre, rencontre inopinée, découvertes gores, sexe, sang, un panache sulfureux qui vous mettra rapidement à genoux. Christophe Royer, consciencieusement, vous embarque dans une aventure totalement folle. Mon seul bémol est que je ne suis pas arrivée à avoir de l’attachement pour son personnage principal atypique. Antipathique, froide et austère, ses traits de caractères m’ont franchement repoussée. De plus le scénario, à mon sens, est convenu et sans surprises. Je note toutefois que l’atmosphère, les lieux, les descriptions confèrent à ce polar une dynamique vraiment intéressante et sont utilisés à bon escient et avec intelligence.

 

Un polar sombre et gore évoluant dans un milieu loin d’être rose et à paillettes. Une panoplie de personnages appréciable et une héroïne caractérielle et brisée qui n’en mène pas large. Une aventure qui va vous faire frôler l’apoplexie ! A découvrir sans aucun doute !

 

Une chronique de #Esméralda.

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… le site des éditions TAURNADA.

DANS LES PAS DE VALERIA de Elisabet Benavent.

[ COMÉDIE ROMANTIQUE – Nouveauté 2019]
Tome 1/4
Traduit de l’espagnol par Martine Desoille
Éditions L’ARCHIPEL
432 pages
Ma note : 4,5/5 mention « à croquer »
Lien Kindle
 
Le résumé :
Quand Bridget Jones s’invite dans Sex and the City
 
Valeria aime les belles histoires d’amour.
  *
Valeria est romancière.
  *
  Valeria a trois amies  :
Lola, Carmen et Nera
  *
Valeria et ses amies partagent tout.
  *
  Valeria est mariée à Adrian,
Mais elle rencontre Victor…
*
  Valeria aime la sincérité.
*
  Valeria est unique.
*
  Comme toi  !
Complices et inséparables, Valeria et ses amies se racontent tout. Vraiment tout. Surtout leurs histoires de cœur…
Valeria commence à s’ennuyer dans les bras d’Adrian.
Lola s’éclate avec ses amants, qu’elle collectionne.
Carmen et son collègue de bureau se tournent autour.
Nerea, elle, vient enfin de rencontrer quelqu’un !
Valeria, c’est drôle, c’est vif. Ça pétille et ça passe aussi vite qu’une soirée entre filles.
Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"
 
Histoire touchante et drôlissime, DANS LES PAS DE VALERIA, est le livre à croquer pour faire passer la déprime de la reprise.

 

Valeria a tout pour être heureuse : un métier qui ne l’oblige pas à se lever aux aurores, un mari sexy et des drôles de copines. Des copines avec lesquelles elle partage tout : les histoires de cœur, de garde robe, du temps qui passe, des ragots bon-enfants, de colère et sans compter celles qui se passent sous la couette. Un quatuor excellent auquel je me suis rapidement attachée. Quatre nanas bien dans leurs souliers et tout aussi différentes les unes des autres. Lola, l’exubérante, croque la vie et les hommes avec envie. Carmen, la talentueuse, a la tête sur les épaules et est de bon conseil. Nerea, la sentimentale et l’éternelle romantique, beauté fatale, représente la candeur et la pureté. Et, Valeria, la femme casée qui s’encroûte sur son canapé.

 

Quatre femmes, quatre histoire qui s’entrechoquent et offrent des moments tout aussi délirants et délurés que tendres.

 

A l’aube de sa presque trentaine, Valeria déjante. Son mari ne la touche plus et leur conversation se limite au stricte syndical et, en plus, son nouveau projet est au point mort. Valeria reste cloîtrée chez elle, cogite encore et encore. En bref, elle est au fond du trou. Et devinez quoi ? C’est trois meilleures copines arrivent à la rescousse !

 

Ce premier tome est juste excellentissime ! Au travers des confidences faites à Valeria, nous découvrons la vie fantastique de ces quatre fanfaronnes. Plusieurs points de vue et une seule narratrice pour un effet de style addictif. C’est à la fois drôle et triste et comme dans toutes ces amitiés fortes souvent ça part au clash, ça crie, ça pleure, ça saute de joie, ça se câline et, surtout, ça s’entraide. Une amitié à toute épreuve prête à surmonter tous les coups bas et à fêter les plus belles victoires. Ce premier tome est avant tout l’histoire en dent de scie de Valeria qui se met à douter de sa vie, de son amour pour son mari, de son ambition et d’elle même. Nous la suivons lorsqu’elle sombre et nous revenons à la vie lorsqu’elle trouve un nouveau but à son existence.

 

DANS LES PAS DE VALERIA est une magnifique comédie romantique où nous sommes embarquées dans une virée entre filles qui défie l’existence et ses valeurs. C’est drôle, frais, pimenté et déjanté. Tout un cocktail multicolore et toute une panoplie sentimentale qui vous feront sourire !

 

J’avais été secouée par mon rêve érotique, et la perspective de devoir dîner le soir même avec les filles n’arrangeait rien. Car il était vident que je n’allais pas pouvoir passer sous silence le fait que j’avais eu un rêve torride avec un mec qui n’était en principe qu’un « ami ».
A priori, je n’avais rien fait de mal, mais la conversation que lui et moi avions eue la veille et les verres qui avaient suivi dans la boîte de jazz constituaient des circonstances aggravantes. En même temps, l’idée de pouvoir partager mon terrible secret avec quelqu’un m’apaisait. N’étant pas douée pour l’introspection, j’éprouvais le besoin de me confesser fréquemment. Le plus souvent, c’étaient des petites choses sans importance que je racontais à ma sœur ou ma mère. Le reste, je le réservais aux filles qui me livraient généralement trois points de vues différents, voire discordants. Mais lorsque toutes tombaient d’accord, je savais qu’elles avaient raison. C’était une thérapie de groupe efficace et un rituel si ancien, entre nous, qu’il était impossible d’y déroger. C’est pourquoi j’avais décidé de passer aux aveux.
Vous aurez sans doute remarqué que je n’ai pas cité Adrian parmi mes confidents. Une fois, j’avais essayé de vider ce que j’avais sur le cœur, mais la conversation s’était aussitôt recentré sur ses problèmes à lui.
(page 191)
 
Une chronique de #Esméralda

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… le site des éditions L’ARCHIPEL.

TAMPON_A_SUIVRE__4b9e4da25e7b3

REFRAIN de Mathilde Roux.

[ LITTÉRATURE BLANCHE – Nouveauté 2019 ]
Éditions EDISTART
188 pages
Ma note : 4/5 mention « à découvrir »
Lien Kindle
 
Le résumé :
A la mort de son grand-père, Camille retourne vivre dans le château familial, cerné par les forêts épineuses de la montagne Noire. Avec sa mère, Roxane, et son petit garçon, Jack. Un bien curieux trio que cette famille-là. Conteuse un peu lunaire, la jeune femme se sent comme une princesse inutile dans un monde trop cohérent. Elle décide pourtant d’affronter les démons de son enfance. Pour s’inventer une nouvelle vie. Nouvelle vie ou nouvelle mort ? Récit aux notes allégoriques, Refrain questionne l’amour maternel, la quête d’émancipation et la parentalité. Il oscille entre humour et gravité, servi par une nouvelle plume, nerveuse et mordante. Le roman d’un amour obsessionnel, comme la trame d’un conte, le souffle du vent, le refrain d’une chanson.

Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"

 
Balade nocturne sur une mélodie sans fausse note, REFRAIN dénote par les thèmes abordés. Des thèmes forts et poignants qui interrogent silencieusement sur notre identité face à ce monde cynique et noir. Des thèmes percutants sur l’indésirable, sur le bonheur, sur le malheur et sur la perte qui a de nombreux visages à la fois mélancolique, narcissique et heureux.

 

Roxanne, Camille et Jack : un trio qui danse sur une musique loin d’être accordée. Roxane, un brin autoritaire et protectrice. Camille, bohème et douce rêveuse. Et Jack éternel petit garçon au rôle évocateur et primordial. Trois mondes éclectiques cohabitant pour le mieux.

 

Un château et ses mystères enflent les douces mélopées émanant de la forêt noire. Entre légendes et rumeurs, la vie s’écoule dans un autre espace temporel. Château charismatique pour un grand-père exceptionnel. Des pièces imposantes et des murs silencieux témoins de tant de choses dont l’amour et la folie. Une dernière pièce de théâtre doit s’y jouer et si le final semble jouer d’avance, l’imprévu l’ébranlera.

 

Mathilde Roux signe un premier roman déstabilisant. Un roman emplit de douceur, de bienveillance et de candeur au sein d’une atmosphère malsaine. Ces demi-mots et ces demi-prières frappent cette fatalité apprivoisée mais qui tend à redevenir sauvage. Conte espiègle où l’identité est au cœur d’une libération trop longtemps cherchée.

 

Plume poétique, verbe enjôleuse, un roman auquel il est difficile de résister. Accaparée par ce trio informe, l’histoire se forme et se déforme pour en créer une autre épique et fusionnelle. Si la redondance du passé semble réconfortant, l’avenir est précieux à celui qui va le chercher et brise ainsi ce cercle vicieux.

 

Une lecture formidable que je vous invite à découvrir.

 

Chaque semaine, la même route. Mais qui aujourd’hui ne se ressemblait pas. Le récit était différent. Les maisons jaugeaient es intrus qui passaient sur la route et leur voulaient du mal. Des phares au loin allaient vous croiser, vous éblouir, peut-être vous percuter, peut-être volontairement. On pouvait aussi être seuls dehors. Les arbres alors nous menaceraient, le vent hurlerait. Fouet obsédant. Le jour, c’est la vie des êtres et la nuit, c’est la vie des choses, avait raconté certain conte. C’était un monde qu’il ne fallait donc déranger sous aucun prétexte. Mickaël s’abandonnait ainsi à son imagination. Le petit garçon devait ressentir ses incertitudes. Et c’était flou. Et c’était large comme l’océan.
 
Une chronique de #Esméralda

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… le site des éditions Edistart.

… l’univers de Mathilde Roux.

AURORE de Jérémie Kisling.

[ LITTÉRATURE JEUNESSE – Nouveauté 2019]
Couverture Zep
Éditions SLALOM
160 pages
Ma note : 5/5 mention « coup de cœur »
Lien Kindle
 
Le résumé :
Dans cet ouvrage singulier, entre fable, roman et journal intime, Jérémie Kisling nous fait entendre la voix d’Aurore, une adolescente sur le fil, pleine de contradictions, entre rires et déceptions. Elle partage avec le lecteur ses émotions, ses peurs, ses joies aussi… et la découverte qui va bouleverser sa vie.
Lorsqu’Aurore, une adolescente de 15 ans, comprend qu’elle a été adoptée, ses certitudes volent en éclat, ses repères s’écroulent. C’est la fin du monde, la fin de son monde. La rencontre avec un être encore plus déraciné qu’elle va lui ouvrir les yeux et lui permettre de se découvrir. La nouvelle Aurore se révélera encore plus espiègle et déterminée que l’ancienne, désormais habitée d’une passion et forte de liens plus solides que jamais.
Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"
 
Aurore a 15 ans. Age délicat où l’enfance c’est vraiment trop ringard et adulte trop chiant. En même temps être une ado « style brindille », pas spécialement populaire au bahut et encore moins adulée pas une bande de potes, c’est la loose. Aurore, c’est Aurore : flemmarde et intelligente, elle se laisse porter par sa vie d’ado pas encore tout à fait rebelle. Elle subit sans trop subir les questions existentielles, les remettant au lendemain.

Voilà Aurore c’est ça :

Bref. Habituellement, après le brossage de dents, je me mets quelques doigts dans l’œil en enfilant mes lentilles, puis je retourne dans ma chambre en clignant des yeux et je trébuche sur la chaise camouflée en panier à linge sale, me déglinguant au passage entre un et trois orteils, ça dépend de ma forme.
  Après, j’enfile une chaussette, pas trop sale, entre blanc foncé et noir clair, je réponds à deux ou trois textos, même quand personne ne m’a posé de questions … – surtout si personne ne m’a posé de questions d’ailleurs – et j’enfile une autre chaussette, plus ou moins du même niveau de salubrité que la première. Je regarde mes pieds : une, deux chaussettes, le compte est bon.
Allez, maintenant, une culotte un peu bateau, un T-shirt et là je suis pas difficile : juste deux trous pour les bras. ( Et un pour la tête, oui vous avez raison, c’est mieux). Une paire de jeans déchirés mais pas trop. Comme ça, ça fait genre la fille qui fait pas genre de faire genre. Sion, ça fait genre la fille qui fait genre de ne pas faire genre, et je déteste cette attitude.
Puis je sors de ma chambre et dévale les escaliers en visant tous les endroits qui grincent pour agacer mes parents.
 
Comment ne pas avoir le smille en lisant cet extrait !
Tout va pour le « mieux » dans la vie trépidante d’Aurore, jusqu’au jour où certains mots ne ses parents (qu’elle n’aurait pas du entendre) lui parviennent. Et là, catastrophe ! Apocalypse ! Fin du monde ! Aurore part en vrille. Et en bonne adolescente qu’elle est, décide de fuir. Affronter ce déchaînement d’incertitudes, de secrets, de non-dits et de mensonges, est d’une telle violence. Un uppercut qui lui laisse des marques. Et elle fuit, court, crie, hurle et pleure. Elle en veut en la terre entière, à ses parents, à sa petite sœur. A tous. Et sur son chemin de solitude, elle rencontre Sliman.

Sliman c’est l’innocence même qui a traversé de nombreuses épreuves. C’est la maturité d’un adulte dans un corps d’un enfant. C’est la naïveté qu’il porte à chaque élément de son entourage. C’est la volonté de comprendre un monde qui lui est étrange. C’est la gentillesse incarnée. Pourtant tout différencie Sliman d’Aurore.

J’aimais vraiment beaucoup parler avec Sliman. Tout était nouveau et troublant dans ce qu’il apportait doucement à ma vie. Comme un vent de désert, qui réchauffe et déroute en même temps. Un vent qui, à chaque rafale, change un peu le paysage autour.
-Sliman, c’est comment, le vent, dans ton pays ?
-Le vent ? C’est comme un ami très cher et qui vient de très loin. Quand il nous rend visite, on dit qu’il est fatigué et plein de sable dans les cheveux. Mais il ramène plein d’histoires avec lui. Alors, on s’assied, on ferme les yeux et on l’écoute raconter : les déserts qu’il a balayés, les villes qu’il a traversées, les vieillards qu’il a décoiffés, les oiseaux qu’il a portés sur ses épaules, et toutes les étoiles qu’il a chatouillées. Quand il a fini de parler, quand on a pu s’évader un peu avec lui, le vent s’arrête. Alors, on peut commencer à lui raconter nos soucis, et déjà, ils nous semblent moins importants. Quand le vent repart, il les emporte avec lui.
Il a dit tout ça avec son accent si joli, et ses mots étaient tellement beaux et paraissaient si simples que je n’avais pas envie de parles, juste m’évader un moment en écoutant ses paroles.
-Et la pluie, c’est comment, la pluie ?
-La pluie, c’est mouillé, c’est nul !
On a rigolé. C’était un peu comme avec Xu : il venait de si loin et pourtant, tout paraissait naturel entre nous.
 
AURORE est porté par une plume d’une simplicité désarmante. On est joyeux ou triste, on rit ou on pleure, on lève les yeux au ciel ou on sourit, c’est l’effet Aurore. Adorable, attachante, on vit son aventure comme si c’était la notre. Jérémie Kisling traite avec humour et franchise les tourments de cette adolescente en pleine crise existentielle. J’ai tout simplement adoré. Des thèmes comme l’amitié, la confiance, le pardon, la quête identitaire, la différence et l’acceptation, sont magnifiquement explorés. C’est tendre à l’intérieur et croustillant à l’intérieur sans oublier l’effet kiss-cool !

Une chronique de #Esméralda

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… tout sur le site Lisez.com !.

Découvrez la chanson d’Aurore !

UN MARIAGE AMÉRICAIN de Tayari Jones.

[ LITTÉRATURE CONTEMPORAINE NORD AMÉRICAINE – Nouveauté 2019]
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Karine Lalechère
Éditions PLON – Collection Feux Croisés
432 pages
Ma note : 18/20
Lien Kindle
 
Le résumé :
Celestial et Roy viennent de se marier. Elle est à l’aube d’une carrière artistique prometteuse, il s’apprête à lancer son business. Ils sont jeunes, beaux et incarnent le rêve américain… à ceci près qu’ils sont noirs, dans un État sudiste qui fait peu de cadeaux aux gens comme eux. Un matin, Roy est accusé de viol. Celestial sait qu’il est innocent, mais la justice s’empresse de le condamner.
Les années passent, et la jeune femme tient son rôle d’épouse modèle jusqu’au jour où cet habit devient trop lourd à porter. Elle trouve alors du réconfort auprès d’Andre, son ami d’enfance. À sa sortie de prison, Roy retourne à Atlanta, décidé à reprendre le fil de la vie qu’on lui a dérobée…
Avec ce portrait de la classe moyenne noire du sud des États-Unis, Tayari Jones radiographie le couple et signe une histoire d’amour tragique et contemporaine qui explore les thèmes de la famille, de la loyauté, du racisme. Caustique et rigoureuse observatrice de son temps, cette auteure reconnue outre-Atlantique s’attaque en femme de lettres aux maux qui rongent la société américaine, et parvient à donner à ce texte fulgurant et âpre tous les atours d’un grand roman.
Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"
 
Être noir dans un pays de blanc, c’est tout un challenge. A l’heure où les champs de coton ne sont plus d’actualité et ou l’émancipation de la communauté noire reste un enjeu crucial, Celestial et Roy ont grandi avec un certain héritage.

 

Celestial a vu le jour dans une famille aisée. Fille unique et enfant chérie, elle devient une jeune femme déterminée, farouche et surtout elle respire la liberté. Une liberté animée par la créativité. Une liberté qu’elle retrouve dans la simplicité du quotidien. Une liberté qu’elle cultive et surtout aime. Celestial n’a rien d’une bourgeoise endimanchée. Elle est elle même juge de ce qui est bénéfique ou non pour sa propre vie.

 

Celestial et Roy, c’est l’improbable. C’est un conte, un rêve de gosse à l’image de La Princesse et la grenouille.

 

Roy a grandit dans une famille qui s’est battu pour lui offrir un avenir meilleur. Chaque centime était économisé.Chaque sacrifice était sacralisé. Roy est devenu un de ces play boy qui se la racontent. Séducteur mais avec des principes, il devient un homme éperdument amoureux lorsqu’il croise Celestial. Un coup de foudre (pas sur Nothing Hill), mais une rencontre fracassante une de celle qui reste gravée à tout jamais dans chaque cellule.

 

Celestial et Roy ont tout pour s’aimer : de l’ambition, des projets, de l’argent, du soutien et de l’inventivité. Seule ombre au tableau parfait : ils sont noirs et Dieu seul sait qu’en une seconde leur vie peut basculer en enfer. Roy victime de l’injustice et du temps, voit sa vie partir en lambeaux auxquels il se raccroche désespérément. Des années défilent et l’espoir perdure comme une étoile scintillant au dessus de cette cellule grivoise, témoin d’une longue et douloureuse agonie.

 

Portrait intimiste d’un couple bravant d’éprouvants aléas, UN MARIAGE AMÉRICAIN m’a séduite. Entre passé, présent et futur, Tayari Jones met sa plume au service d’une cause judicieuse et nécessaire. Racisme et injustice se confrontent à l’amour, la passion et au temps. Ce temps qui s’effiloche emportant ces graines semées le jour de la cérémonie de mariage. Ce temps qui s’inscrit dans chaque ride, témoin de cette décrépitude. Le respect et la famille sont au cœur d’un déchirement profond.

 

Pamphlet d’une histoire mélodramatique ravageant les liens puissants d’une famille, d’amis et d’une femme. Ce sentiment d’impuissance et d’inutilité face aux mépris, à l’abandon et la à résignation. Ce sentiment éprouvant que les mots frappent, endurent, crient toute la rage, le désespoir et l’espoir dans un souffle brûlant. 

 

Si les branches de cet arbre (sur la couverture) représentent une multitude d’avenir, le tronc, lui, le mariage, les racines, eux, le passé et la coupure le présent. (Comment résister à cette symbolique ?).

 

J’ai succombé à la plume de Tayari Jones. Toute à la fois délicate et éprouvante, elle m’a touchée en plein cœur. J’ai dévoré chaque mot, chaque ligne, chaque paragraphe, chaque chapitre. Un livre où il est difficile d’être insensible. Un thème puissant porté par cette volonté de magnifier le bouleversant en lumineux.

 

Il y a trop de mystères qui nécessitent des explications. c’est en substance ce qui me dit Big Roy en me coupant les cheveux, ce lundi après-midi. N’ayant pas de tondeuse, il employait la méthode traditionnelle : peigne et ciseaux. Le claquement des lames résonnait dans mes oreilles, me rappelait le temps où j’ignorais qu’un garçon pouvait avoir plus d’un père. Un temps où les noms sur la page de garde de notre bible racontaient toute l’histoire, un temps où  nous formions une famille de trois personnes
Roy (page 254)

 

 

J’avais trouvé un moyen pour ne pas sentir la douleur : je pensais à Celestial et moi. Nous nous étions crus capables de surmonter cette calamité. Nous avions cru pouvoir nous en sortir par la discussion, par le raisonnement. Mais, de même que Roy avait payé pour ce qui était arrivé à cette femme, quelqu’un allait devoir payer pour ce qui était arrivé à Roy. Il y a toujours quelqu’un qui passe à la caisse. On dit qu’une balle ne porte pas de nom de sa victime. Eh bien, je pense qu’on peut en dire autant de la vengeance. Et peut-être de l’amour. C’est une tornade mortelle qui frappe au hasard.
Andre (page 377).
 
Une chronique de #Esméralda
 

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… sur le site Lisez.com.

Les patriotes de Sara Krasikov

Littérature Nord-Américaine – livre sorti le 21 aout 2019

Editions Albin Michel – Collection Terres d’Amérique

Service presse

Ma note : 4/5 mention « à découvrir »

 

Je remercie les éditions Albin Michel et Léa, du Picabo River Book Club, pour m’avoir permis de découvrir ce roman de la rentrée littéraire en avant-première et pour me l’avoir confié en service presse.

 

Résumé : Alors que les États-Unis sont frappés par la Grande Dépression, Florence Fein, à seulement 24 ans, quitte Brooklyn pour une ville industrielle de l’Oural, dans la toute jeune URSS. Elle n’y trouvera pas ce qu’elle espérait : un idéal d’indépendance et de liberté. Comme de nombreux Refuzniks, son fils Julian, une fois adulte, émigre aux États-Unis. Des années plus tard, en apprenant l’ouverture des archives du KGB, il revient en Russie et découvre les zones d’ombre de la vie de sa mère.
Entremêlant époques et lieux, ce premier roman magistral de Sana Krasikov nous plonge au cœur de l’affrontement Est-Ouest en explorant, à travers le destin de trois générations d’une famille juive, l’histoire méconnue de milliers d’Américains abandonnés par leur pays en pleine terreur stalinienne, et les conséquences de nos choix individuels sur la vie de nos enfants. 

 

Mon avis : D’habitude, je me laisse peu tentée par les titres de la rentrée littéraire. Pourtant, ce titre a attiré mon attention par l’originalité de l’intrigue. Suivre une saga familiale entre URSS et USA, au fil du XXème et du XXIème siècle, voilà un thème qui entre pleinement dans mes centres d’intérêt… et je n’ai pas été déçue !

Dans ce roman, nous suivons donc Florence, Julian et Lenny, trois générations d’Américains, d’origines russes, qui vivent avec un pied entre deux continents, deux cultures, deux manières d’envisager la vie. A chaque fois, leur cœur balance car les deux Etats, qui sont les meilleurs ennemis, offrent chacun leur lot d’espérance et de désillusions. Florence décide de quitter les Etats-Unis pour aller sur la trace de ses ancêtres, pour voir le socialisme en action et aussi pour y retrouver un homme. Arrivée là-bas, rien ne se passera comme elle l’espérait et elle va découvrir une société russe pauvre, méfiante et inquiète. Même si elle va tenter de s’intégrer, la vie de Florence ne sera peut-être pas à la hauteur de ce qu’elle attendait. Julian, pour sa part, décide de quitter la Russie dès qu’il en a la possibilité pour vivre son rêve américain. Néanmoins, il reste attaché à ses racines et va tout faire pour essayer d’apporter un éclairage sur les zones d’ombre du passé de sa mère. Enfin, Lenny a quitté les USA pour s’installer en Russie. Même si sa vie n’est pas parfaite, il semble nécessaire, pour lui, de vivre sur la terre de ses ancêtres. Entre chaque génération, un balancier entre les deux pays, des parallèle s’établissent et à chaque fois, des problématiques d’identité à régler pour chacun d’eux.

Je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal à entrer de ce roman. Tout d’abord, c’est un pavé, de près de 600 pages, avec une mise en page très dense et des chapitres parfois très brefs, parfois très longs. A chaque fois, nous avons un va et vient entre les époques et les personnages et au départ, j’ai eu un peu de mal à m’y retrouver. Néanmoins, on trouve assez rapidement son rythme de croisière et cette alternance est finalement plaisante car elle donne du rythme et est enthousiasmante pour le lecteur. La question des origines est, ici, centrale et l’autrice nous montre à quel point, d’une génération à l’autre, les priorités et les représentations sont différentes selon les individus.

Pour conclure, pour un premier roman, Sara Krasikov frappe très fort en nous proposant un roman dense, une fresque familiale passionnante, intrigante et intense car elle entraine les protagonistes des Etats-Unis à l’URSS (puis la Russie) et, à chaque génération, se repose les mêmes questionnements et les mêmes interrogations. Plongez-vous sans attendre dans cette histoire palpitante et incroyable.

Retrouvez ce roman sur le site des Editions Albin Michel

OLYA de Michel Louyot.

[ LITTÉRATURE CONTEMPORAINE – Nouveauté 2019]
ATELIERS HENRY DOUGIER – Collection Littérature
221 pages
Ma note : 3/5
Lien Kindle
 
Le résumé :
Une quête entre Orient et Occident
 » À elle seule, elle est la revenante, l’initiatrice, le rêve, le cauchemar, la trame de l’histoire, l’Eurasie, Éros et Agapé réconciliés. « 
Yoshi san est en révolte contre son père, un haut dignitaire japonais. Alors qu’il sombre dans la marginalité, il se perd dans les quartiers de plaisir d’une grande ville du sud-ouest du Japon où il rencontre une hôtesse de bar, Olya. D’origine russe, cette jeune femme à la fois sensuelle et énigmatique va bouleverser sa vie et l’entraîner dans une quête haletante des origines entre la Corée, la Chine, la Russie et la France.
Un roman initiatique, une méditation politique sur les rapports passionnels entre l’Orient et l’Occident
Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"

 

Blanches les chevilles, je ne vois qu’elles, souples, déliées, quand elle danse seule et quasi nue dans le bar, deux ailes de papillon qui flottent et volent devant moi comme pour me guider, m’entraîner vers la chambre.

 

Marqué au fer rouge, par un père indifférent et une mère partie bien trop tôt, Yoshi san grandit dans un monde où sa présence est manifestement qu’une erreur. Un père bien trop stricte qui l’oblige à suivre une ligne de conduite toute autant rigoureuse et une grand-mère qui lui apprend à s’écouter à travers le monde qu’il l’entoure. Yoshi san rêve et est attiré par un monde aux antipodes de son éducation. La Russie et le communisme, deux mots à bannir de ses ambitions. Yoshi san, homme dénaturé, voguant sur les affres d’un mal-être grandissant et accaparant cette volonté qui fait marcher tout un peuple à la baguette. Sombrant davantage dans un monde décrépi, fade, où ses chimères l’emprisonnent et l’empoissonnent. Vie hachée et désordonnée, Yoshi san se cherche, se trouve et se perd. Pourtant, un soir, un mystérieux papillon se prénommant Olya va le prendre sous son aile.

 

Sublime voyage désordonné, Yoshi san m’a transportée dans cette vie qui se joue sur de nombreux tableaux : le Japon, la Corée, la Russie et Paris. Cette quête toute aussi initiatique que révélatrice pousse les confins d’un homme perdu. Mirages, chimères ou rêves, ternis par de sombres pensées. Esclave des non-dits et des secrets et emmuré dans ce silence morbide, Yoshi san se révèle aux côtés de cette beauté énigmatique.

 

Si j’ai été impressionnée par la force que dégage la plume de Michel Louyot, j’ai cependant été perturbée par les premiers chapitres. En effet, les changements de lieux et de temps sont nombreux et nécessite une concentration que je n’avais malheureusement pas. Je suis passée à côté de nombreux points cruciaux et je n’ai pas réussi à m’imprégner de l’atmosphère que dégage le roman dans sa première partie. Pourtant la littérature blanche est un genre que j’affectionne particulièrement pour les envolées lyriques, métaphores et bien autres effets de style.

 

OLYA est une ode puissante et ténébreuse où les femmes ont un rôle mystique. Un homme fragile qui suit les pas d’un passé révolu mais ouvert sur son futur dont il aura la force de s’octroyer.

 

Une chronique de #Esméralda

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… les site des Ateliers Henry Dougier.

UN CAILLOU AU FOND DE LA POCHE de Florence Cochet.

[ LITTÉRATURE JEUNESSE – Nouveauté 2019]
Dès 9 ans
ACTES SUD Junior
126 pages
Ma note : 4/5 mention « petit coup de cœur »
Lien Kindle
 
Le résumé :
Au collège, les autres élèves surnomment Henri « la calculette » ou le « taré ». Sans la présence de Daisy, sa meilleure amie, il aurait déjà craqué. Heureusement, elle est toujours là avec son optimisme communicatif… jusqu’à ce qu’un virus la force à rester à la maison. Pour la première fois, Henri est seul, et une bande de petits raquetteurs compte bien en profiter. Le mystérieux caillou que lui a confié son excentrique enseignante de français suffira-t-il à le protéger des sales coups ? Un regard sensible sur la différence où l’on suit pas à pas le jeune héros dans le labyrinthe de ses pensées, l’auteur sachant nous le rendre extraordinairement proche et émouvant.
Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"
 
Henri est différent. Une différence qui ne se voit guère et pourtant elle fait l’objet de nombreuses moqueries. Petits mots saugrenus et petits regards en coin qui veulent tout dire, sont son quotidien depuis toujours. Heureusement que dans sa vie, il y a la trépidante Daisy. Elle rit, elle se moque de tout et son enthousiasme est si communicatif qu’il ne peut plus s’en passer. Et surtout, elle lui apprend à comprendre le monde qui l’entoure. Car Henri ne le perçoit pas tout à fait de la même manière que le commun des mortels et surtout il ne comprend pas le principe de sociabilité qui régit les gens. Je vais te dire un secret (un secret qui ne devrait pas en être un), Arthur est autiste, autiste Asperger. Alors quand sa seule constance, Daisy, est clouée au lit, Henri perd pied. Il ne sait plus quoi faire, quoi dire, où aller, il est tout simplement perdu. Surtout qu’une bande de petites frappes vient jouer les caïds, semant la peur sur leur passage. Henri est déboussolé, pris dans ses tourments et ses questions qui tournent inlassablement dans sa tête. Alors que sa professeure de français lui confie un drôle de caillou et lui narre un conte dont il ne saisit pas complétement le sens, Henri va découvrir qu’il peut être capable du meilleur et surmonter ses peurs.

 

Florence Cochet narre avec emphase un conte moderne. Un conte différent, un conte qui ouvre les yeux et les remplit de lumière. Pas à pas, je découvre les douleurs et les craintes de ce formidable Henri. Pas à pas, je découvre un jeune homme qui se pose d’innombrables questions. Je découvre cette amie dévouée et sa famille qui ont accepté Henri tel qu’il est et sans préjugé. S’adaptant à sa différence, cette famille atypique et un peu dingue adopte ce blanc-bec comme s’il est un des leurs. Une amitié farouche et essentielle. Une amitié qui pousse les frontières de la peur et de l’incompréhension. Alors que la différence devrait être un fardeau, Florence Cochet la magnifie et en fait une force. Une force qui anéanti ces mots et préjugés malsains.
C’est un thème cher à mon cœur et que j’aime beaucoup découvrir dans mes lectures surtout quand celui est exploité d’une manière sensible et intelligente sans tomber dans la caricature extrême (que je retrouve malheureusement un peu trop souvent dans mes lectures). Une lecture portée par une plume enjouée et intense qui n’hésite pas à bouleverser.

 

Un petit coup de cœur que je vous recommande fortement. Une lecture qui ouvrira certaine porte afin de comprendre la vie silencieuse de ces petits héros et petites héroïnes !

 

La dernière phrase l’amuse. Malgré sa gastro, Daisy n’a pas perdu son sens de l’humour. Il ne fait la bise à personne et ne comprend d’ailleurs pas qu’on puisse en avoir envie. Quelle idée de vouloir coller ses lèvres sur des joues couvertes de bactéries et d’acariens ! Sans parler des « vrais » baisers. Impossible de concevoir plus répugnant que deux langues qui se touchent : en moyenne, 750 millions de bactéries dansent la java dans 1 millilitre de salive ! La seule chose à laquelle Henri consente, c’est échanger une rapide poignée de main. Après quoi, il se frotte méthodiquement paumes et doigts avec une giclée de son fidèle désinfectant. Avec Daisy, il a daigné réduire son utilisation. Il ne le sort plus qu’avant le repas. Tout cela pour dire que sa phobie des bises provoque parfois quelques étincelles entre eux.
 
Une chronique de #Esméralda.

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… le site des éditions ACTES SUD Junior.

J’AI TUE UN HOMME de Charlotte Erlih.

[ LITTÉRATURE JEUNESSE – Nouveauté 2019]
Dès 14 ans
ACTES SUD Junior – Collection Roman Ado
123 pages
Ma note : 4/5 mention « à découvrir »
Lien Kindle
 
Le résumé :
Surmenage scolaire, pic de stress, ou trouble plus grave ? Arthur est hospitalisé pour cause d’épisode délirant. Le collégien passionné d’histoire se prend depuis peu pour Germaine Berton, une militante anarchiste, meurtrière d’un leader de l’Action française en 1923… Qu’arrive-t-il à Arthur, qui ne reconnaît plus les siens ni le monde qui l’entoure ? Parents, professeurs, camarades de classe, médecins, tous s’interrogent. Avec leur sensibilité, et aussi leurs peurs.
Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"
 
Méli mélo de voix portées tour à tour par des personnages troublants et désespérés. Voix portées par le courage, l’indifférence et la crainte de ne pas être entendues. Voix silencieuses d’un monde méjugé et dont il est interdit de parler.

Arthur, jeune ado, accro aux cours, flanche. Délires ou surmenage, les questions fleurissent autour de lui jusqu’au moment où le diagnostique tombe. Dans ce monde à part dans lequel il s’est enfermé, il revit les heures de gloire et de déchéance de Germaine Berton, ouvrière métallurgiste, militante syndicaliste et anarchiste française.

De longs jours à craindre le pire. De longs jours à chercher des signes précurseurs. De longs jours où la mère d’Arthur se morigène. De longs jours où l’attente devient une torture. De longs jours où l’insupportable s’insinue malicieusement dans le moindre espoir. Des jours vains, des jours cauchemardesques, des jours cruels, où tout s’embrouille dans ce marasme sans fin. Et puis la lumière jaillit, apportant avec elle son lot de joie. Mais qu’en est-il d’Arthur ? Que ressent-il ? Qu’est-il devenu ? car il le sait, il sait dans ses tripes, tout a changé et tout ne se sera plus pareil. Attendront-ils son désespoir ?

Arthur.
Je suis Arthur. Bonnet.
Je suis né il y a quatorze ans.
Je suis en troisième.
Je suis un …
Je suis un garçon.
Le père de Germaine Berton aurait préféré qu’elle soit un garçon. Son caractère aurait peut-être paru moins déplacé.
Je suis allongé sur un lit blanc.
Je suis entouré de murs blancs.
Je suis dans une chambre anonyme.
Je suis dans une chambre d’hôpital.
Je suis… malade.
Je suis calme.
Je suis fatigué.
Je suis creux.
Je suis une coquille vide.
 
Un roman percutant et sensible qui traite avec volupté et sans filtre des affres de la maladie. Une verbe portée par une plume qui, non sans faute, nous n’épargne rien. Mettre des mots sur ces maux et ces états interdits  relève de l’exploit. Ouvrir ces portes permet de combattre l’ignorance et surtout de dompter une peur non fondée. Charlotte Erlih confie et partage cette douleur avec sublimité.

Une chronique de #Esméralda.

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… le site des éditions ACTES SUD Junior.

AIGRE-DOUX de Wilfried N’Sondé.

[ LITTÉRATURE ADO – Nouvelle – Nouveauté 2019]
Éditions ACTES SUD JUNIOR – Collection D’une seule voix
70 pages
Ma note : 4/5
Lien Kindle
 
Le résumé :
« D’où tu viens ?  » Comment supporter cette sempiternelle question qui vous réduit à une origine ? Mais qu’est-ce que ça dit de soi, l’endroit où on est né ? Français à part entière, et pourtant… Marre du regard des autres et des préjugés, à cause d’une couleur de peau. Réclamer le droit à exister simplement comme un(e) ado, ici et maintenant, sans avoir tout le temps à se justifier ou provoquer, c’est trop demander ? Tant de questions, de colère à juguler, de confiance à puiser en soi, pour être capable de passer de l’aigreur à la douceur. Un texte qui trouve dans la parole la force de s’opposer à la discrimination.

Résultat de recherche d'images pour "mon avis image"

 
Si je me cache, c’est parce que je n’aime pas ce que je vois dans le regard des autres, je ne m’y reconnais pas. Chaque fois que quelqu’un m’interroge sur mes origines, en fait, il m’ampute de ma personnalité, en me résumant à des préjugés. Il m’enferme dans des clichés.
 
Puissant et court, ce texte de Wilfried N’Sondé explore avec merveille la différence. Celle que l’on remarque en premier, la couleur de peau, celle qui signifie que tu n’es pas d’ici.

 

« Tu viens d’où ? » Question maladroite mais question assassine. Question qui revient sans cesse et demande des justifications perpétuelles. Comme si sa réponse lui donnait l’autorisation éphémère d’être ici au milieu d’autres ados. Une tolérance proche de zéro. Résigné d’être un français différent, sa voix s’emporte. Cette colère jusqu’à présent tu, explose. Un ballet de mots percutants et désespérés qui ouvrent les vannes d’une peine et d’une tristesse non contenue. Est ce que ma peau fait de moi ce que je suis ? Est ce que mon identité, ne prévale t-elle pas sur cette peau ?

 

L’immersion dans cette lettre ouverte est déstabilisante. Un monologue puissant où les émotions de cet ado font des vagues. Un flot continue d’aigreur, de déception, de colère et d’espoir. Une incompréhension qui prend sens et dont il est facile d’appréhender les conséquences.

 

Percutante, cette lecture invite au dialogue, au respect et à la tolérance.

 

J’ai été toutefois perturbée par l’anonymat du narrateur. Si les émotions sont le moteur du récit, le reste est flou. Une subtilité qui permet aux lecteurs et lectrices de s’approprier délicatement ce personnage tourmenté.

 

AIGRE-DOUX est une très belle découverte de cette rentrée littéraire, une de celles que je recommande fortement aux ado et (même) aux adultes.

 

Une chronique de #Esméralda.

Résultat de recherche d'images pour "à découvrir"

… le site des éditions ACTES SUD JUNIOR.