LE PENSIONNAT DES INNOCENTES, un polar de Angela Marsons.

POLAR

Éditions POCKET

Prix Nouvelle Voix du Polar 2021

Traduit de l’anglais par Valérie Bourgeois


Avant de mourir, Teresa Wyatt a juste eu le temps de croiser le regard de son agresseur et de le reconnaître. Mais aussi de comprendre qu’il était trop tard… Pour elle, mais aussi pour ses amis, les cinq du pacte de Crestwood, liés par un secret. Un sombre secret que l’inspectrice Kim Stone va devoir déterrer pour rendre justice aux innocentes oubliées.
Bienvenue au Pays noir, dans une région engloutie par la désindustrialisation, le chômage et le charbon, là où tout n’est que poussière…
 
Ma note : 5/5 mention « surprenant »
464 pages
Disponible en numérique, broché et poche


MON AVIS

Voici mon coup de cœur de cette sélection du prix nouvelle voix du polar 2021. Angela Marsons signe un premier polar tonitruant.

 

Son héroïne, Kim Stone est un sacré bout de femme. Caractérielle, fonceuse, tête brûlée, casse-cou, insupportable, sa personnalité détonne dans le commissariat. Stone a de nombreuses blessures liées à son enfance qu’elle tente à tout prix à ne pas rouvrir car l’enfer s’abattrait sur sa vie. Névrosée par le travail, obsessionnelle dans la perfection, Stone paraît bancal sous cette carapace renforcée. Sa vie se résume à son boulot. Pas de famille qui mériterait son attention, seul ses coéquipiers font figure d’amis. Alors quand le meurtre de Teresa Wyatt l’entraîne dans les couloirs sombres et secrets du foyer pour jeunes filles de Crestwood, c’est un peu de sa vie qu’elle entrevoit. Une nouvelle enquête qui la pousse dans le ténébreux passé de Crestwood où les morts, ces filles ensevelies, ont de nombreuses choses à raconter. La vérité a un prix et elle est prête à tout pour la faire éclatée, tant pis pour les fâcheuses conséquences, elle devra composer avec.

 

Ce premier polar (et tome) est une véritable réussite à mes yeux. Je retrouve l’atmosphère que j’aime tant dans les polars. Une intrigue bien ficelée qui m’a mené par le bout du nez jusqu’à la dernière page. De nombreux personnages qui ont tous une place cruciale dans le scénario et pour une fois je ne me suis pas sentie perdu. Une héroïne qui en jette et malgré son sale caractère je me suis attachée. Un polar qui contre toute attente déborde de bons sentiments au milieu des cadavres qui s’agglutinent. Et c’est en cela qu’il est déroutant. Je ne me suis ennuyée à aucun moment. J’ai vite été prise au cœur de cette enquête où le passé est la clef de tout. Sous le ciel gris et charbonneux du Pays Noir où seule la désolation, la dépravation et la pauvreté règnent, Stone se démènera corps et âme pour rétablir la vérité.

 

Un polar qui m’a tout simplement captivé dès le départ et qui finit sur un final tonitruant et inattendu. LE PENSIONNAT DES INNOCENTES est sans aucun doute ma plus belle découverte de cette sélection 2021 et mon coup de cœur !

 

Une chronique de #Esméralda

POUR SEUL REFUGE, un polar de Vincent Ortis.

POLAR

Éditions Pocket

Prix Nouvelle voix du polar


De la neige à perte de vue, une ourse affamée, pas une habitation à des kilomètres à la ronde. Seuls, perdus dans les immensités sauvages du Montana, à plus de deux mille mètres d’altitude, deux hommes se font face : un jeune Indien, accusé de viol avec tortures, et le juge qui l’a condamné. Chacun possède la moitié des informations qui pourraient les sauver. Ensemble, ils s’entretueront. Séparés, ils mourront
 
Ma note : 4,5/5 mention « frisson garanti »
368 pages
Disponible en numérique, poche et broché
1ere édition : septembre 2019

 


MON AVIS

Nichée au cœur du Montana, territoire hostile, cette cabane n’a rien d’accueillante surtout lorsqu’on est victime d’un enlèvement. La neige recouvre cette terre inhospitalière, dehors c’est la mort assurée. Pourtant il va tout tenter pour faire faux bond à son ravisseur, un homme aux allures de bûcheron. L’enferment n’aura duré que quelques jours au cours desquels il va en apprendre suffisamment pour comprendre de quoi il en retourne. Une histoire de vengeance personnelle ? La folie ? Le désespoir ? Tout autant de raisons pour le juge qui justifie en partie sa présence en ces lieux. Alors quand son ravisseur lui propose une drôle de porte de sortie, il saisit sa chance quitte à trouver la mort à l’extérieur.

 

Il a du apprendre par cœur des plans. Ce n’est pas un trésor qu’il trouvera au bout, mais la liberté. Contrairement à ce qu’il aurait pu penser, il ne sera pas seul. Un jeune homme enfermé depuis des semaines dans une grotte insalubre. Sale, répugnant, repoussant, nauséabond,il a vécu l’enfer. Est ce un juste retour de la vie ? Lui qui a fait tant de mal et à qui on en a fait autant. Victime du même ravisseur, il a du apprendre à son tour, les lieux exacts où sont enfouis du matériel de survie.

 

Ce duo improbable va se devoir de trouver une certaine entente pour atteindre leur but, la liberté. Un chemin chaotique où la vie sauvage a tout ses droits.

 

Vincent Ortis signe un premier polar totalement époustouflant. Un roman où les différents points de vue trouvent leur place à tour de rôle et avec lequel le scénario trépidant s’imbrique avec une belle efficacité. Une atmosphère glaçante et anxiogène s’installe au fil des chapitres. Les personnages dégagent une aura malfaisante. Il est vraiment très difficile de s’attacher à eux. J’omettrai un bémol pour le personnage de Carter, lieutenant de police. Pugnace et tenace, Carter va démêler tout cet imbroglio invraisemblable. Ce polar me donne l’image d’un purgatoire. Cette sorte de quête atypique a tout du chemin de croix où soit la vie soit la mort les attendent au bout.

 

Un polar efficace à 200% et un auteur à découvrir sans faute !

 

Une chronique de #Esméralda

UNE FAMILLE PRESQUE NORMALE, un polar de M.T. Edvardsson.

POLAR

Éditions POCKET

Prix Nouvelle Voix du Polar

Traduit du Suédois par Rémi Cassaigne


Une famille suédoise tout ce qu’il y a de normal, ces Sandell…
Le père, pasteur. La mère, avocate. Une fille de 19 ans, bosseuse, qui rêve de voyages au long cours.
Le samedi, on file au cinéma. Le dimanche, en forêt. Ils trient leurs déchets, n’oublient jamais leur clignotant, rendent toujours à temps leurs livres à la bibliothèque.

Normale en apparence, du moins, comme toutes les familles qu’un meurtre sordide s’apprête à faire basculer dans l’horreur…
 
Ma note : 3/5
624 pages
Disponible en numérique, broché et poche

MON AVIS (du 14 février 2020)

Thriller aussi énigmatique qu’accaparant, UNE FAMILLE PRESQUE NORMALE est au cœur d’une intrigue loin d’être évidente et qui délivre tour à tour une parcelle de vérité. Et encore, nous sommes loin des surprises. Seul le pont final délivrera le lecteur.
Effectivement il faut faudra attendra le point final pour que la lumière se fasse sur cet imbroglio d’énigmes. M.T. Edvarsson sait tenir en haleine son lectorat. Quelle idée magnifique de nous faire découvrir l’envers du décor en donnant la voix à ses personnages principaux. Trois parties de l’intrigue, trois points de vue et trois meilleures manières de titiller ma curiosité.

Adam Sandell, le papa et pasteur, se transforme en enquêteur de terrain afin de disculper sa fille Stella. Porte-parole de sa famille, il tente le tout pour le tout. Adam a toujours été un papa attentionné et un mari aux petits oignons. Tout au long de sa pseudo enquête, il se remémore son passé. Son adolescence, sa révélation pour Dieu, sa rencontre avec sa future femme Ulrika, ses doutes, ses craintes, son optimiste, sa paternité, son rôle de papa. Cette rétrospective a pour but d’établir le profil de ce papa qui peu à peu devient intransigeant, surtout envers sa fille. Un homme maladroit qui ne la comprend plus et qui malgré ses efforts se trouve face un mur. Souvent abattu face à la perte de contrôle sur l’avenir de sa fille à la forte personnalité, Adam se voit attribuer le rôle du méchant parent. Il ne trouve plus ce lien qui autrefois rendait leur relation magnifique.
Au fil de ses pérégrinations, Adam doute de plus en plus. Ses questions n’ont pas de réponses. Un flou artistique qui ne prend sens qu’à la fin.

Stella fille unique a toujours était la petite princesse à son papa. Elle l’admirait avec force. Elle a eu une enfance dorée et douce. Pourtant en grandissant, Stella ne se sent pas à sa place. Elle s’interroge sur son identité au sein de la société et elle s’aperçoit rapidement qu’elle ne rentre dans aucun modèle. La perception de la vie en générale et de sa vie en particulier ne tournent pas selon un axe préétabli. Stella est un électron libre. Émotive, elle gère très mal son impulsivité. Elle aime contrôler sa vie au risque de se mettre dans des situations compliquées. Stella n’a pas de limite et assume complétement.

Ulrika la maman est une femme prise par ses remords. Très peu présente dans la vie de sa fille depuis toute petite à cause de son travail d’avocate, Ulrika s’interroge beaucoup sur l’évolution de sa fille et son rôle dans celui-ci. Pourtant dans les dernières péripéties, elle fait preuve de repenti.

UN FAMILLE PRESQUE NORMALE est un thriller assez surprenant notamment sur la construction du récit. Les trois voix apportent chacune leurs pierres à l’édifice pour un résultat sensationnel. D’un côté l’intrigue principale qui est à savoir « est ce que Stella est coupable » et de l’autre l’auteur qui dissèque la famille et ses secrets. Ces deux parties sont complémentaires car elles permettent d’établir la personnalité de chacun des protagonistes. Il est bon de savoir que l’auteur n’use pas de redondance. Sans l’une et l’autre partie, ce thriller n’aurait aucun intérêt et serait grandement ennuyeux. Là aussi, l’alternance entre le passé et le présent qui est parfaitement maîtrisé, met à jour leurs secrets.

UNE FAMILLE PRESQUE NORMALE est un excellent thriller. J’ai pris du plaisir à le lire mais il m’a manqué indéniablement de l’originalité et cette petite chose qui me scotche et qui me laisse sans voix. Ce thriller est le premier traduit en France de cet auteur et je me laisserai volontiers séduire par son prochain roman.

Une chronique de #Esméralda

… ET AVEC VOTRE ESPRIT, un polar de Alexis Laipsker.

POLAR

Éditions Pocket

Prix nouvelle voix du polar 2021


Les esprits les plus brillants de la planète sont kidnappés. Machination, complot ou expérience scientifique ?
 » Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène ! « 
C’est sur ces mots de son assassin que, en pleine fac de Strasbourg, un Prix Nobel de chimie se voit férocement massacré et dépouillé – littéralement – de son cerveau.

Quatre jours plus tard, dans la région lyonnaise, un célèbre physicien disparaît des radars. Pour le lieutenant Vairne, pro du poker et obsédé de mathématiques, la probabilité qu’il s’agisse d’une coïncidence n’excède pas 15 %.
Probabilité que le carnage continue ? Sang pour sang…

 

 

Ma note : 4,5/5 mention « bluffant »
464 pages
Disponible en poche, numérique et broché
1ere édition : février 2020

 


MON AVIS

Le lieutenant Vairne est un électron libre. Respecter la hiérarchie ce n’est pas son fort. Il en fait souvent à sa tête. Alors quand à la DGSI, on lui demande d’enquêter sur la disparation d’un physicien renommé travaillant sur un dossier classé secret défense, Vairne n’hésite pas à la vue des éléments à se rendre sur place. Et sur place c’est nada, pas d’indice, aucun préambule à cette enquête où seul le flair et les pressentiments prévalent. Et la décapitation à Strasbourg en fait parti.

 

Et lorsqu’un jour il reçoit l’appel d’une gendarme de la région de Aix il y a comme un petit et mince espoir que beaucoup de choses vont changer !

 

Vairne est un type carrément obsessionnel. Dans le genre qu’il mange des probabilités à toutes les sauces. Enfant abandonné il a grandi dans les foyers. Un jour il s’est pris de passion pour le poker où il atteint les hautes sphères pour ensuite se décider à entrer dans la police. C’est un mec caractériel, un brin dragueur, à l’humour ravageur. Il n’a pas peur se s’attirer les foudres de quiconque qui jugerait son comportement inapproprié. Bref c’est un mec qui a de la trempe et dont son jugement est sans faille.

 

Cette enquête va le pousser dans ses retranchements notamment concernant la confiance qu’il va accorder à cette acolyte surprise.

 

Alexis Laipsker signe un premier polar que je définirai comme étant classique. Trois enquêtes distinctes qui peu à peu vont fusionner pour n’en donner qu’une. On retrouve tout l’univers correspondant au déroulement d’une enquête policière : l’aspect scientifique, le terrain, la mise en danger, la résolution, etc … Un polar qui lit se aisément. J’ai très vite été happée par l’intrigue palpitante qui grâce à de cours chapitres et à des points de vue différents ne laissent place à aucun moment calme. La personnalité des personnages porte cette enquête sur un autre chemin plus personnel. J’aime bien ces passages où finalement on va comprendre les réactions de chacun face à des situations rocambolesques. Vairne est un sacré oiseau mais je l’ai tout de même apprécié. C’est un polar assez bluffant notamment à la fin, même si j’avais pressenti quelques éléments de la résolution, il s’avère toutefois que les motifs aussi simples soient-ils m’ont interloqué. Il m’a manqué tout de même un brin de surprise dans cette enquête de haut niveau.

 

Un premier polar intéressant pour un auteur à suivre sans aucun doute.

 

Une chronique de #Esméralda