JE NE DIRAI PAS LE MOT, une nouvelle de Madeleine Assas.

LITTÉRATURE JEUNESSE

Éditions Actes Sud Junior – Collection D’une Seule Voix


Ils sont amis depuis l’enfance. Lui parler, mettre un mot sur son sentiment, est-ce prendre le risque de le perdre pour toujours ?
 
lls habitent le même immeuble, se connaissent depuis qu’ils ont huit ans. Mais depuis la rentrée, elle éprouve pour lui un sentiment nouveau, bizarre. Et soudain, elle a l’impression que lui non plus ne la regarde pas pareil. Les sensations, les gestes, le monde a changé entre eux. Même la parole cherche les mots comme dans une autre langue. Est-ce qu’elle se fait des idées ? Pour se libérer de son angoisse, elle décide de lui écrire. Brouillons de lettres qui finissent à la poubelle, SMS effacés nourrissent la frustration d’une jeune fille qui voudrait dire une chose si simple : je t’aime, mais n’y arrive jamais.

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2022
80 pages
Disponible au format papier

 

 


MON AVIS

L’amour : les premiers frissons, les premiers désirs, les premiers regards. Cela a de quoi chambouler surtout quand tu le connais depuis que t’es petite. C’est étrange, percutant, embarrassant, perturbant, bizarre.

 

Madeleine Assas explore l’éveil des sens. Ceux que nous ne connaissons pas encore, ceux qui déferlent tel un raz de marée, ceux qui nous font devenir dingue.

 

Comment ne pas fondre devant cette lecture ? Comment ne pas se retrouver quelques années en arrière ? L’amour fait peur, il impressionne, il accapare. Une héroïne totalement perdue, submergée. Entre mélancolie, émerveillement, peur, euphorie, Madeleine Assas nous propose une court texte totalement merveilleux. D’une sensibilité extrême et touchant naturellement. Une plume exempte de tabou et qui farfouille dans les méandres des sentiments. C’est doux, atypique et terriblement irrésistible.

 

Une nouvelle a découvrir et à croquer pour les ados et les grands !

LE DOORMAN, un roman de Madeleine Assas.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

ACTES SUD

Domaine français

#68premièresfois


Quand on lui propose un poste de doorman, de portier dirions-nous à Paris même si ces fonctions ne se ressemblent pas d’une rive à l’autre de l’Atlantique, Ray est déjà intégré, attaché à New York. Ce poste lui est proposé par une femme, propriétaire au 10 Park Avenue, cette tour de Babel qui fut à l’origine un grand hôtel. Et c’est là que cet homme passera cinquante ans de sa vie, au cœur d’une ville où il ne cessera de se promener et d’observer ce qui ne se passe nulle part ailleurs tant il s’agit du reflet d’un imaginaire collectif incomparable.
Ma note : 4/5 mention  » à découvrir »
384 pages
Disponible en numérique et broché
Nouveauté 2021

MON AVIS

LE DOORMAN est un premier roman étouffant, bouleversant, hypnotique, merveilleux.

 

Raymond, alias Ray, a quitté sa terre natale par la force de la guerre. Exil douloureux au doux goût amer de regrets et de tristesse. A Oran, en Algérie, il n’est pas bon d’être un pied noir. Il embarque après de très longs mois d’indécision, sur ce bateau le portant à Marseille. Un train après, il se trouve à Paris d’où il prendra l’avion, direction New York où l’attend un petit logement, il trouve rapidement un boulot sur les quais. Il y rencontre Salah qui deviendra son ami pour la vie. A eux deux ils vont user le pavé et découvrir les rues sinistres, merveilleuses, endroits paradisiaques, morbides de la Grosse Pomme. Et puis un jour il devient doorman.

 

La particularité de ce roman est là où vous ne penseriez jamais la trouver. C’est un roman qui se mérite, il vous usera dans un premier temps et puis il vous attendrira. Pas après pas, Ray va déambuler au rythme de la ville. Pas après pas, il va se construire cet avenir qu’il chérit tant. Pas après pas, il va devenir cet homme qu’il souhaite. Un homme qui a pris du recul sur cette vie semée de malheur, une vie où le poids du passé l’écrase inlassablement. Le tohu-bohu de la ville masque cette solitude affligeante, masque les pleurs de la solitude, anéanti la tristesse ancrée dans son âme, dans son corps. Pas après pas, chemin de résilience, Ray s’abandonne enfin, se réconcilie. Il découvre l’amitié, l’amour, la lecture, les petites merveilles qui se cachent ici et là dans le tumulte bouillonnant d’une ville qui ne dort jamais. Observateur, méticuleux, Ray est une de ces personnes qui a la main sur le cœur. Sa générosité, il ne la partage qu’avec les êtres qui lui sont chers, et ils se comptent sur les doigt d’une main. Pages après pages, la prose de Madeleine Assas s’adoucit et prend le temps de partager ce charivari émotionnel. Si dans un premier temps, j’ai été troublée par la rigidité du personnage et de ces rues où seul le rectiligne paraît, dans un second, j’ai été envoûtée par la volupté du laisser-aller, de la transparence des émotions. Ray est devenu ce personnage attachant et vivre cette aventure à ses côtés a été tel un doux rêve éveillé. J’aurais voulu lui épargner cette fameuse journée où toute la ville est recouverte de poussière, j’aurais souhaité lui tenir la main et l’apaiser, lui certifier que tout irait pour le mieux dans cet avenir proche. Ray est ce témoin des transformations de la ville, des citadins, de ce cycle perpétuel parfois dérangeant souvent merveilleux. La pauvreté bannit par la richesse, entassée dans ces quartiers où la chance n’est qu’un éternel mirage. Ray, vagabond, se soustrait à l’étau de la vie la menant là où il le souhaite.

 

Un récit où la ville devient une cité aux mille merveilles porté par un personnage charismatique aux fêlures marquées par son héritage. Madeleine Assas signe un premier roman d’une beauté magistrale. Oser pousser les portes du 10 demande un certain courage et une certaine endurance, et si vous lui laissez cette chance que je lui ai accordée alors vous découvrirez un univers intime, tumultueux, vigoureux mais d’une noblesse et d’un pugnacité redoutable.

 

UNE CHRONIQUE DE #ESMÉRALDA