LITTÉRATURE CONTEMPORAINE
Éditions Gallimard – Collection Blanche
#68premièresfois
Un jeune peintre voit apparaître sur ses toiles un visage étrangement familier. Ailleurs, une femme écrit une ultime lettre à son amour perdu. Ils ont en commun l’absence qui hante le quotidien, la compagnie tenace des fantômes du passé. Au fil d’un jeu de miroirs subtil, leurs quêtes vont se rejoindre.
Ce roman parle d’amour inconditionnel et d’exigence de vérité. De sa plume singulière, à la fois vive, limpide et poétique, Lucie Paye nous entraîne dès les premières pages vers une énigme poignante.


Ma note 4,5/5 mention « à découvrir »
152 pages
Disponible en numérique et broché
Édition 2020
MON AVIS
Voici une nouvelle lecture de la sélection des 68 premières fois qui m’a totalement transcendée.
Lui. Elle. Cavalcade solitaire où les émotions prédominent et accaparent.
Lui, peintre. Une première exposition qui éclabousse sa vie de prestige. De son île, il débarque à Paris, terre fertile de la création. Une nouvelle exposition est programmée, il a quelques mois pour clore cette nouvelle collection. Tableau blanc, esquisse inachevée, incomplète. Pourtant, il est là, ce visage, triomphant du blanc, de la solitude. Une insolente esquisse narguant son créateur. Qui es-tu ? Introspection virale, vitale, Lui, désespéramment, s’accroche à cette unique ancre. Des souvenirs, des flashs, sa vie se déroule sur ce tapis amer et azuréen. Et puis la frénésie survient. Explosion d’un passé, d’une fenêtre en face de chez lui, de cette femme où mystère et grâce s’unissent pour l’espoir, la folie, l’envie.
Elle, elle écrit depuis son lit de mort à cet enfant qu’elle n’a pas vu grandir. Un déchirement brutal, sauvage, sa vie en noir et blanc. Elle se souvient de ces moments délicats, de partage, de câlin, de mots interminables. Des souvenirs à la pelle qu’elle garde précieusement au fond de son cœur dans cet endroit où brille encore et pour toujours l’innocence envolée. Elle retranscrit sa douleur et son espoir. Elle rêve de l’homme qu’il est devenu, de la vie qui l’a eu. Mots après mots, phrases après phrases, se dessine ce portrait irrésistible d’une mère qui malgré cette perte fracassante a toujours su s’émerveiller.
Il n’est rien pour Elle. Elle n’est rien pour Lui. Ce trait d’union improbable, mystique. Une ligne qui s’étire dans l’espace-temps et qui s’étiole attendant le moment unique pour surprendre.
Lucie Paye décortique le sentiment de l’abandon avec cette grâce qui hypnotise. Pages après pages, l’envie se fait pressante, urgente. Une plume poétique, captivante qui a su me séduire dès le départ. L’exigence des sentiments absorbe l’esprit. L’amour percute et transcende. La tristesse n’est que joie. La joie n’est que péril. Un roman bouleversant et prenant au cœur de ce monde artistiquement flou qui n’attend que le mot ultime pour se dévoiler, s’épanouir et pardonner.
Un premier roman magnifique et une auteure à suivre absolument !