ON S’ÉTAIT PROMIS, un premier roman de Yolène Jullien.


Victoire est une trentenaire, métisse afro-caribéenne, fougueuse et pétillante. Raphaël est quarantenaire, franco-italien, un vrai dandy, marié et père de deux enfants. Leurs différences deviendront rapidement une source d’attractions irrésistibles. Une relation qui bouleversera leur perception des codes de l’amour et de l’amitié remettant en cause leurs croyances profondes. Mais lorsque les doutes et les peurs s’entremêlent, tout se complique rapidement. On s’était promis raconte une relation fusionnelle pleine de promesses et d’attentes, mais aussi de désillusions ; un amour passionnel et controversé.

La couverture et le résumé m’ont immédiatement broyé les tripes. L’infidélité fait parti de ces thèmes que je n’aime pas aborder dans la littérature. Cette appréhension me titille et me fait grincer les dents. Pourquoi je l’ai lu ? Il fait partie de la sélection des romans qui concourent pour le prix des étoiles de Librinova. Faisant fi de mes préjugés moralisateurs, je me lance à mon rythme dans cette première lecture pour le prix 2021.
Contre toute attente je suis vite happée par la plume de Yolène Jullien. Elle apporte son sujet avec tact et finesse et ne rentre pas franco dans cette relation qui peut être malsaine. Victoire est une jeune trentenaire, maman et déjà divorcée. Cette métisse est fière de ses origines et le fait savoir à quiconque l’interpelle à ce sujet. Elle a développé un sens du caractère affirmé, surtout lorsqu’elle est dans son droit. C’est une jeune femme qui la plupart du temps est discrète et n’aime pas se faire remarquer. En les hommes, elle n’y croit plus vraiment et ne cherche absolument pas à avoir une relation sérieuse et durable, ce n’est pas pour autant qu’elle profite de la vie. Victoire est calme, réfléchie et intelligente. Intérimaire, elle mène ses missions avec succès dans les différents postes qui lui sont proposés. Son dernier en date, le poste de marketing dans une entreprise familiale qui crée des chaussures de luxe. La première fois est toujours un moment délicat quand elle se présente dans une entreprise. Les regards face à sa silhouette soignée, des chuchotements malveillants. Elle a toujours eu du mal à s’y faire. Très vite elle est qualifiée d’hautaine alors qu’elle a tout simplement du mal à s’intégrer. Dans son bureau isolé, au milieu des cartons orphelins, elle fait la rencontre de Raphaël. La quarantaine, bien apprêté, le sourire aux lèvres, le sens du phrasé enrôleur, la panoplie du parfait dandy italien. Une belle amitié naît ainsi. Des moments de partages, d’échanges en tout genre sur des sujets qui leur importent, une jolie complicité où l’amour n’a absolument pas sa place. Il surgit là, par inadvertance, au cours d’une soirée. Un moment gênant, où les sentiments ne peuvent plus se contenir. Un étrange revirement de situation concédant à la folie de l’amour. Des mots doux, des yeux tentateurs, des caresses furtives, des rencontres secrètes, des corps qui s’aiment et qui se chérissent. L’évidence est là , fulgurante, irraisonnable mais tellement réelle, palpable. Alors que les corps s’élèvent au cœur d’une sphère charnelle, la raison, elle, chavire dans les abysses. Alors que la séparation de Raphaël et de sa femme est amorcée. La peur et les doutes s’installent et peu à peu s’échinent à détruire les parcelles de bonheur. Doucement, les sentiments basculent, s’étiolent. L’incompréhension, les cris, les larmes, les mots qui blessent se déchaînent jusqu’à ce point de non retour où leur histoire devient le fantôme de leurs promesses.

 

Yolène Jullien signe un très beau roman où elle met avec finesse en exergue les sentiments de ses personnages. Elle aborde le thème des relations amoureuses passionnelles et parfois toxiques avec une extrême délicatesse. Même si parfois, j’ai eu cette impression de tourner en rond, je comprend que l’auteure a voulu mettre l’accent sur ce tourbillon de sentiments dévastateurs. Elle aborde aussi le sujet du goshting « qui est l’acte qui consiste à mettre fin à une relation avec une personne en interrompant sans avertissement ni explication toute communication et en ignorant les tentatives de reprise de contact de l’ancien partenaire. Wikipédia » Une solution radicale qui peut détruire les personnes qui en sont victimes. Un premier roman prometteur qui traite d’un sujet difficile et d’actualité.

 

Une chronique de #Esméralda

LES MEREVEILLEUSES, un roman de Nathalie Longevial.


Une légende orientale raconte qu’un ruban rouge unit toutes les personnes qui doivent se rencontrer au cours de leur vie. Le fil s’emmêle, se tend, il peut faire vingt fois le tour de la terre, il s’étirera toujours suffisamment pour permettre la rencontre.
C’est une longue traversée qui débute pour Alexandre, Mathilde et Tien Sinh avant qu’ils ne trouvent chacun l’extrémité du fil rouge.
Dans Les Mèreveilleuses, il est question de maternité, d’abandon, d’adoption, de loyautés, de légitimité, de parentalité et de famille. Mais surtout, il y est question d’amour.

Dans la vie il y a ces évidences souvent éphémères, parfois uniques et universelles. Elles débutent d’une rencontre fugace devenant ce souvenir éternel. Pour Mathilde cet état de conscience éclate lors d’un voyage. Comme une évidence suprême, l’adoption devient le projet dans lequel elle s’y jette corps et âme.
Nathalie Longevial dépeint ici avec une frénésie touchante ce long parcours qu’est l’adoption. Au travers de doutes, des espoirs de Mathilde, elle explore l’ambiguïté, l’intensité de ce parcours hors du commun. De l’autre côté, nous suivons la vie du petit Tien Sinh, orphelin et en situation de handicap. Une enfance teintée de malheurs mais qui tentent de s’effacer et de s’atténuer au fil des mois, au fil de ces farces, de ces rires perdus, de ces aventures. Pas à pas, au rythme des mots, les tableaux se complètent. Tristesse, joie, euphorie, abandon, doute, question tout autant de touches qui les parfont. Ce fil rouge se tend, se perd, s’embobine, fait des détours, et arrive après d’interminables mois à ce qu’il aspire.

 

Nathalie Longevial rend un hommage vibrant et touchant à toutes ces personnes qui ont choisi cette voie, et elle donne espoir à ces petites mains tenant ces fils.

 

J’ai beaucoup apprécié la teneur de ce roman sans contexte puissant et bouleversant. J’ai cependant regretté ces longueurs où les émotions ont eu tendance à me faire suffoquer.

 

Une chronique de #Esméralda.

CHAOS INTIME, un roman de Eric Roig.


Alex entendit dans sa tête un grondement particulier, assez proche du fracas produit par une collision. Sa vie lui explosait en pleine face. Ce bruit ne se prolongea pas comme une série de coups, mais telle une seule et longue déflagration. En quelques heures, il venait de perdre la totalité de ce qu’il avait construit en toute une vie.
Il éprouva une sensation de vertige, de tourbillon. Son existence basculait inexorablement à cause d’une vraie furie. Une femme avait provoqué ce violent chamboulement. Elle l’entraînait à plonger les pieds joints dans l’inconnu. Une peur intense naquit dans son esprit et l’envahit. Ce saut sera un aller simple pour la plus fabuleuse aventure qu’il puisse rêver. Au fond, qui était-il véritablement derrière son masque d’argile ?

J’étais loin de m’attendre à ce genre de roman d’aventure. Des péripéties en veux-tu en voilà et un personnage totalement incompatible à cet univers et pris dans cet engrenage malgré lui.
Alex est un homme sans histoire. Directeur d’une banque, propriétaire d’un bel appartement, fiancé à une femme issue de la bourgeoisie, seul son pêché mignon le poker fait un peu tâche. Ce n’est pas un homme ambitieux au-delà du raisonnable, sa simplicité est charmante. Sa vie est un long fleuve tranquille sans vague. Seule entorse, le poker auquel il s’adonne de temps à autre. Convié dans un hôtel miteux d’un quartier louche, Alex touche le jackpot : beaucoup d’argents et une prostituée dont il s’en serait passé. Alex n’est clairement pas un homme à femme, mais difficile de lui résister. Une nuit magnifique préambule de gros changements. Effectivement cette jeune demoiselle est la source de gros ennuis. Embarqués dans cette mauvaise aventure, Alex voit son monde voler en éclat. Au-delà de ce chaos, c’est sa manière d’appréhender la vie qui va évoluer. D’un homme introverti, il va s’épanouir au côté de la belle prenant des risques inconsidérés. Mais ceux-là en valent largement le coup. Un duo improbable du style Bonnie et Clyde.

 

Eric Roig met en avant dans son roman l’aventure. Ses personnages n’ont rien à voir avec le grand banditisme mais par la force des éléments ils vont y être confrontés. A contrario, tout au long de leur road trip ils rencontrent de merveilleuses personnes. Une bande de clown, un chauffeur étourdi, une ribambelle de saltimbanques qui illuminent leur voyage. Se fiant à leur bonne étoile, leurs nombreux plans se soldent d’une manière inattendue. Un roman où bon nombre de rebondissements fleurissent. Une histoire de vengeance s’agrémente à cela ainsi que des retrouvailles bouleversantes. Un roman qui se lit d’une traite grâce à l’action omniprésente. Je regrette parfois l’absence de développement notamment au niveau des ressentis des personnages. Un roman dont l’action évolue dans un cadre où il manque des surprises et du punch.

 

Une chronique de #Esméralda

LA SECOUSSE SURGELEE DU MERLAN FRIT, un roman de Damien Derève.


Paule, jeune trentenaire dynamique, est conseillère chez Pôle emploi. À la suite d’une péritonite, elle doit constamment porter une poche sur son ventre. Cet handicap l’empêche de vivre pleinement sa vie : en amitié comme en amour, c’est le calme plat. Alors, Paule s’efforce d’aider les femmes qu’elle rencontre dans le cadre de sa profession.
C’est avec son imagination débordante qu’elle va conseiller Pauline et Perrine. La première est harcelée par son chef de cuisine, la seconde en pleine reconversion professionnelle. Et si cette solidarité féminine permettait enfin à Paule de trouver sa voie ? La Secousse surgelée du merlan frit, est un roman résolument bienveillant et plein d’humour !

Quelle étrange découverte, ce roman ! Un brin d’humour bienveillant et une histoire à décrocher les zygomatiques, Damien Derève a réussi à me faire lire son roman jusqu’au point final.
Ouvrir un roman où l’humour est omniprésent est une chose rare. Le second degré et tutti quanti j’ai du mal à y adhérer, non pas que je n’aime pas rire, j’y suis davantage sensible lors d’un show. C’est donc avec appréhension que j’ai débuté cette lecture.

 

Paule voue sa vie à son métier qui vraiment n’a rien de glorieux. Son chat et son chien sont son unique compagnie qui lui soutire un certain apaisement après des journées ubuesques. Pas d’amoureux, pas d’amies, juste une vieille voisine acariâtre et malveillante et un docteur à qui elle confie tous ses tourments et ses déboires, un Dieu à disposition.

 

Paule prend son métier très à cœur. Une manière particulière de concevoir la recherche d’un emploi. Alors quand les personnes reviennent un peu trop souvent à l’agence, elle n’hésite pas à appliquer la manière forte. Elle a un don extraordinaire pour insuffler à ses chères clientes de l’énergie et de la motivation. On pourrait penser que l’exagération va les mener droit à la catastrophe, mais coup de théâtre, oser apporte des résultats.

 

Paule et sa vie c’est tout un roman, non pas à l’eau de rose, mais comme un mauvais thriller qui se finirait mal, enfin tout cela dépend du point de vue. Un cambrioleur qu’elle apporte à l’hôpital, ses animaux de compagnie qui ont senti le mal envahir son corps, et son médecin qui se fait la belle avec sa sœur et pour finir un enterrement spectaculaire.

 

Un roman étrangement plaisant auquel finalement on s’immerge avec facilité. Une plume qui donne dans l’humour tout en pointant du doigt les aberrations d’une société qui perd la boule. Un joli aparté qui donne le sourire !

 

Une chronique de #Esméralda

 

AU COMMENCEMENT, IL Y EUT UNE FIN, un roman de Sophia Peignot.


Lorsque Léandro se réveille ce matin-là, elle a disparu. Elle s’est évaporée, comme si elle n’avait jamais existé.
Où est Lila ? Pourquoi est-elle partie ?
C’est en se lançant dans cette quête, dans cette tentative avide de comprendre l’impossible, que Léandro prendra le risque de se perdre.
Mais finalement, se perdre, n’est-ce pas parfois mieux se retrouver ?

Ce roman est une agréable surprise. Sophia Peignot nous transporte aux côtés d’un homme détruit par la vie. Léandro a une bonne situation. Avocat dans un cabinet renommé, il ne compte plus ses heures au détriment de sa vie maritale. Lisa a tout fait pour que son mari s’épanouisse dans sa carrière professionnelle.
Soirée, gala, toujours présente aux bras de son mari, elle a peu à peu sombré dans la solitude. Les amis qui sont devenus parents lui crèvent l’âme. La famille lui manque. S’effacer au profit de l’image de son mari l’a détruite. Léandro rentre tard, ses week-ends sont occupés à ses dossiers, les vacances il n’en prend plus, il ne la touche plus. Alors quand il se réveille ne sentant plus sa présence, il pense à une mauvaise blague. Les heures passent mais aucune nouvelle. La colère se fraie un chemin au point qu’il abandonne son travail pour retrouver la femme de sa vie. Ainsi débute une étrange aventure où rétrospective et questionnement parcheminent un chemin chaotique où l’absolue vérité sera sans équivoque cruelle.

 

Un roman moderne, dans l’heure du temps, ce temps chronophage qui anéantit, sans prêter gare, la vie simple où le bonheur s’étiole au lieu de s’épanouir. Un roman dans l’urgence au rythme soutenu où émotions et doutes accaparent le lecteur. Bien évidemment il est facile de s’approprier le personnage et de se poser personnellement la question « est ce que je lui ressemble ? ». L’auteur questionne avec subtilité la place que nous donnons aux priorités et à quelles priorités. Une vie simple mais foncièrement intense dans les moments de partage ou une vie bourlingué par les impératifs professionnels ? J’ai beaucoup aimé la construction de ce roman. L’intensité est omniprésente portée par une plume qui sans aucun doute plait. La thématique du roman est actuelle portée par un scénario original qui fonctionne très bien.

 

Une chronique de #Esméralda.

VALLONS OBSCURS, un thriller de Isabelle Luminet et de Catherine Sackur.


Ils sont trois. Trois que menacent des forces occultes. Ils ne se connaissent pas. Noémie, jeune femme fragile venue à Nice pour vivre au soleil, est harcelée par un inconnu qui visite son appartement en son absence. Lescar, policier raté mais qui n’a pas perdu tous ses réflexes de flic, se mêle de ce qui ne le regarde pas et fait l’objet d’une enquête administrative.
Ginette, vieille dame indigne, est enfermée dans une maison de retraite où se multiplient les morts suspectes. Leurs voix se succèdent avec les mêmes questions obsédantes : comment lutter contre un ennemi invisible ? Comment trouver de l’aide quand on est seul ?
Ils sont trois à parcourir les sentiers obscurs. Quand leurs chemins se croiseront, ils uniront leurs forces pour faire exploser la terrible vérité.

Voici une troisième belle surprise pour ce prix des étoiles Librinova. Un thriller étonnant par sa qualité et surtout un scénario accaparant. Un roman choral qui vous porte au cœur d’une enquête séduisante.
Noémie, jeune pharmacienne originaire de Grenoble, délaisse la grisaille et le froid pour s’installer à Nice. Jeune femme introvertie, son quotidien se partage entre la pharmacie, le sport et un jeune homme qu’elle a rencontré. Noémie n’est pas une femme extravagante, au contraire elle a très vite peur au moindre pépin. Et il y a un de taille qui se présente à elle. D’abord des pas dans son appartement, puis une odeur, et des petites bricoles qui bougent. L’affolement la submerge et l’inquiétude la saisit. Une première plainte au commissariat n’aboutit à rien, lui laissant un goût amer. Ne souhaitant pas rester les bras ballants, elle prend quelques initiatives : des gâteaux, des petits mots, des livres. En retour, étonnamment la personne mystérieuse lui laisse des fleurs et d’autres petites attentions. Ainsi débute une drôle de relation dans laquelle Noémie aime se complaindre. Une idylle un peu saugrenue qui a le mérite d’effacer ses craintes et paradoxalement de s’épanouir. Puis un jour, silence radio. La personne mystérieuse a disparu, ni une ni deux, Noémie se précipite au commissariat pour signaler la disparition. Mais une nouvelle fois, elle n’est pas prise au sérieux.

 

Lescar, alias l’escargot, flic mis au placard après des années sur le terrain se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Ne pouvant laisser cette affaire aux oubliettes, il se charge en dehors de son temps de travail de mener l’enquête. Les vieux réflexes surgissent et ses découvertes le portent sur terrain glissant. Lescar n’est pas un homme foudroyant. Il est connu pour sa nonchalance et son pacifisme. Son entêtement le portera sur la piste d’une sale affaire, afin si ses supérieurs le laissent tranquille et que le psychologue le comprenne.

 

Ginette vient de perdre son mari qui était pourtant en bonne santé malgré son satané caractère qu’elle supporte depuis de nombreuses années. Ginette n’est pas folle loin de là, son plan, se faire passer pour une désaxée dans le but de mener à bien son enquête. Ginette est une chouette dame. Tout au long de ses pérégrinations, elle se souvient de sa jeunesse et sa joie de vivre. Ginette assume sa méchanceté, elle l’a toujours été. Elle a de la ressource, et très vite elle va découvrir la vérité au péril de sa vie.

 

Trois vies, trois destins, mêlés malgré eux à une affaire qui dépasse tout entendement. Le duo Luminet et Sackur est un vrai délice. Un thriller totalement envoûtant d’abord par sa forme et ensuite par son scénario. Le lien entre les rebondissements ne se fait pas de suite mais s’imbrique au fil des pages et aux éléments dévoilés par les trois narrateurs. Un scénario parfaitement maîtrisé du début à la fin. Les personnages sont atypiques et totalement attachants de la mamie exubérante en passant par la jeune femme timorée pour finir avec l’homme passif. Un joli trio qui font la paire. Les auteures explorent avec tact les âmes blessées mais aussi le côté obscur de l’homme avec l’avarice, l’égoïsme et la manipulation. Un thriller parfaitement abouti que j’ai lu avec envie.

 

Une chronique de #Esméralda

 


A LA RECHERCHE DE MARY EASTERWAY de Kristof Mishel.


En 1987, la jeune Mary Easterway rencontre trois étudiants en littérature qui affirment être en mesure de donner vie au contenu d’un livre, en empruntant les chemins de traverse de l’écriture.
Vingt-huit ans plus tard, Mary est devenue célèbre. Aux yeux de tous, elle est l’écrivaine Mary Easterway, auteure d’un des plus grands romans de l’histoire de la littérature. Mais un soir, elle est retrouvée assassinée dans sa maison fermée de l’intérieur. Son meurtrier, lui, semble s’être volatilisé.
Mary laisse à son fils un cadeau posthume. Une boîte contenant un paquet de photos, un carnet de souvenirs et le manuscrit éblouissant d’un auteur anonyme. En ouvrant au jeune Gary Easterway les portes du succès, le manuscrit va l’obliger à se confronter au passé trouble d’une mère qui l’a abandonné quand il avait huit ans. Gary va suivre de curieux signes de piste qui vont le mener de Paris à New York, de Seattle à Vancouver, de La Nouvelle-Orléans aux plaines du Minnesota. S’il va comprendre certaines choses, il va aussi voir se multiplier les énigmes.
L’œuvre des quatre a pris naissance. L’ombre avance sans bruit. Tapie derrière la dernière porte, la vérité a tissé sa trame en attendant qu’on la délivre.

Aujourd’hui je viens vous parler d’une très belle découverte. Un thriller aussi palpitant que ténébreux où le suspense s’égrène au fil des pages. Une fiction que j’ai dévoré tout simplement.
Mary Easterway est une auteure de talent. Son imagination est sa force, son exutoire d’une vie maussade dont elle parle très peu. Mary part rapidement à la dérive. La tentative de meurtre sur son beau-père lui vaut une mise à l’épreuve. Pendant deux ans elle devra suivre les cours de littérature à l’université d’Oxfield et ne faire aucune vague. Enchantée par cette voie qu’on lui offre, elle devient rapidement la meilleure de sa promotion. Elle y rencontre trois autres étudiants avec qui elle tisse des liens qui perdureront au-delà des études. Cid, Jonathan et Marvin trois personnalités étonnantes. Cid, le nécrophile, Jonathan le fougueux et Marvin le timide. Une rencontre improbable, une amitié indestructible où bon nombre de mystères régentent leurs nouvelles vies. Les années défilent au rythme des succès littéraires. Mais les ombres s’approchent, la mort s’infiltre laissant à Gary, fils de Mary, une ultime énigme.

 

Gary est ce jeune homme un peu déboussolé, détraqué par la vie. Abandonnée par sa mère aux bons soins de sa grand-mère à huit ans, il se construit en éprouvant une véritable haine envers elle. De retour en France, le contact avec Mary est difficile, voire inconcevable. Pourtant les remords de sa mère semblent sincères. Depuis son accident, Gary est différent. Au prise avec ses tourments, les drogues et le sexe deviennent son refuge inhibant toutes douleurs. Il ne rêve qu’à une seule chose : devenir un grand écrivain. Rentrer dans la cour des grands sans être affublé de « le fils de ». Il hérite à la mort de sa mère d’une étrange boîte contenant des photos, un carnet à moitié vide et un manuscrit anonyme qui le rend, enfin, célèbre. Mais les doutes s’installent peu à peu. La peur que le véritable auteur se révèle, Gary part à sa recherche et pour cela il doit plonger dans le passé de Mary. Une porte qu’il ouvre dans son seul, unique et propre intérêt. Il ne fait pas cas aux indices pourtant ils délivreront la vérité.

 

Voici un thriller totalement original et addictif. Plus de 600 pages d’immersion au cœur de la vie de Mary et de ses turpitudes. Une plongée dans le passée désarmante et parfois métaphorique où l’illusion peut prendre le pas sur la réalité. Une quête de la vérité aux allures de jeux de pistes souvent sanglantes. L’auteur est un sacré pro de la mise en scène et de l’intrigue qu’il distille avec tact et sournoiserie. Une histoire à laquelle j’ai relativement vite accroché. Un style simple et efficace porté par une plume ensorcelante. Le scénario se construit jusqu’au point final ne pouvant que vous laissez stoïque. J’ai tout aimé que ce soit les personnages et leurs mystères, la construction du  récit, les petits clins d’yeux au monde littéraire, l’intrigue et, sans surprise me direz-vous, le final. La mise en scène n’est pas novatrice en soi, mais je ne vous cache pas que j’adore cet effet immersif dans un passé évolutif où, finalement, les éléments s’emboitent et portent vers ce quelque chose d’inattendu que je n’ai pu qu’attendre. Une lecture que je recommande fortement ! J’espère que vous adorerez autant que moi !

 

Une chronique de #Esméralda

VERMINES de Mantis V.


Ce livre n’est pas une confession, jamais je ne me repentirai de mes actes. Je ne m’attends pas à être compris. Comment pourriez-vous me comprendre, vous qui nagez à la surface ? Je sais que je fais partie de l’humanité, comme une cellule cancéreuse fait partie d’un corps
Jusqu’à présent, j’avançais masqué parmi vous, craignant d’être découvert, vivant dans l’angoisse d’être fustigé si par malheur mon masque venait à tomber.
Aujourd’hui je n’ai plus peur. Je sais maintenant que je suis porteur de forces dont la nature nous dépasse tous. Désormais, je serai qui je suis, un mélanome de l’humanité voulu par l’Univers, et voici mon témoignage.

Ceci  est l’une des histoires les plus tourmentées que j’ai pu lire. Entrer dans la noirceur de l’âme humaine a de quoi déstabiliser. Très vite l’effroi prend les tripes tant cette frontière entre réel et irréel est bien trop mince. Mantis V a de quoi vous chambouler. Avis aux amateurs de thriller à sensation !
Lui, c’est personne. Un homme d’une vingtaine d’année qui vie avec ses démons depuis ses 10 ans. La mort, la vie, l’abomination, les drogues, le sexe, un cocktail explosif entre les mains de cet adolescent qui va se construire à la force de ses peurs et de ses désirs inavouables. Psychopathe en puissance, son règne il le vit au travers de fantasmes sexuels qu’il infligerait à des femmes. Mais pas n’importe lesquelles. Sa nouvelle proie est tout son contraire. Blonde, la peau diaphane, des pieds à damner, une voie irrésistible, le piège va se fermer peu à peu. Rien ne le distingue des fous furieux. Il est devenu un homme de la société qui assoit sa puissance en toute impunité !

 

Mantis V. n’a pas peur de vous effrayer. Au contraire il est le garant de vos peurs, de vos faiblesses, de vos plus bas instincts. Entre passé et présent, le scénario se construit. Je découvre un homme qui n’a plus rien d’humain. Son psychisme est glauque à souhait. A la limite de l’étouffant, du scandaleux, de l’immoral, cette lecture a eu le mérite de me foutre carrément les jetons. Par moment c’est insoutenable. Avant de se lancer dans cette lecture, il faut vraiment que vous aimiez les thrillers corsés et sombres.

 

Une chronique de #Esméralda.

MON ÉTOILE DANS LA NUIT de Agneta G.


« Avait-il essayé de me dire quelque chose, ou bien était-ce juste une phrase parmi d’autres ?
Je m’étais fait une raison, nous ne serions jamais rien l’un pour l’autre, simplement car il ne le voulait pas, et j’avais accepté cet état de fait. Du moins je le croyais. Mais le fait d’apprendre qu’il quittait le lycée me plongeait dans un profond désarroi. Trop de questions se bousculaient dans ma tête. Il me fallait des réponses.
Je ne pouvais pas le laisser partir sans lui dire au moins au revoir. L’angoisse était maintenant là, pesante, impérieuse, me poussant à marcher de plus en plus vite, puis à bifurquer et enfin à courir vers la maison d’Ethan. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Je savais que c’était sans doute trop tard, qu’il était sûrement parti, mais je ne me contrôlais plus. L’urgence, voilà ce que je ressentais sans avoir su la nommer quelques instants plus tôt. L’urgence de le voir une dernière fois, l’urgence de savoir, de comprendre peut-être. L’urgence de lui dire ce que je ressentais pour lui. Il m’avait plusieurs fois montré qu’il tenait à moi, mais j’avais fait semblant de ne rien comprendre. »

Annabelle est une jeune fille qui a déjà connu le pire dans sa vie, perdre sa maman à cause de la maladie. De longues années ont été nécessaires afin de surmonter ce deuil et encore aujourd’hui cela est souvent difficile de vivre avec.
Habituée à la vie fabuleuse qu’offre San Francisco, Annabelle est fort démunie face à Fairbanks. Ce déménagement fait suite à la mutation de son père, mais si elle aurait pu choisir, elle ne serait pas ici. Cette ville lui semble morose, son quartier et triste voire sinistre. Elle ne se sent pas à sa place. Annabelle est timide et souvent angoissée. Cette nouvelle rentrée lui apparaît comme un moment délicat. Il y a très peu de jeunes de son âge et surtout qui lui semblent accessible. Ils sont tous grandis ensemble et être la petite nouvelle n’est vraiment pas l’idéal. Son seul contact, ce garçon muet qui l’a aidée à porter ses cartons de déménagement.

 

Ne se laissant pas abattre et prête à tenter le tout pour le tout, Annabelle s’arme de tout son courage pour ce premier jour de rentrée. Elle sympathise rapidement avec deux filles qui vont lui faire découvrir les coulisses du lycée. Les jours passent mais rapidement elle est prise à parti par une autre fille de sa classe. Le harcèlement prend forme et s’envenime. En parallèle Annabelle rencontre Ethan, le fameux qui l’a aidée pour ses cartons. Peu bavard, il se confie rarement. La seule chose qui lui répète est de ne pas s’attacher à lui. Mais Annabelle se sent attirer par lui pour des raisons encore inconnues. Alors quand elle sait qu’il ne reviendra plus au lycée, elle court le rejoindre. Acceptera-t-elle d’entendre la cruelle vérité.

 

Agneta G met au cœur de son roman le harcèlement scolaire, l’amitié, la maladie et les prémices de l’amour. Pas tout à fait adulte et plus tout à fait adolescent, cette période charnière est celle où les questions fleurissent au grès des événements du quotidien. L’auteure les met en évidence avec subtilité et fait vivre à ses personnages de plein fouet ce chemin chaotique. Un condensé d’émotions. Je ne suis pas totalement convaincue par cette histoire tout simplement car je pense que l’auteure a le potentiel d’offrir à ses lecteurs quelque chose de meilleur. Certains passages sont redondants comme les états d’âmes des personnages alors que d’autres méritent davantage de développement. C’est une histoire qui a beaucoup de potentiel et où j’ai pris plaisir à la découvrir. Il y ce quelque chose de fort et de percutant voire même de douloureux à suivre cette aventure. Mais il y a aussi ce quelque chose de tendre qui demande à s’épanouir.

 

Un roman young adult qui pourra vous charmer. Pour ma part il m’a manqué ce plus.

 

Une chronique de #Esméralda

LE PARTENARIAT DE CUPIDON de Charlène Gros-Piron.


Nous sommes le jour de la Saint-Valentin et la pauvre Jessica vient de se faire larguer par SMS. Elle qui croyait enfin avoir droit à l’amour et au bonheur voit ses espérances s’envoler… Le cœur gros, elle maudit le 14 février et Cupidon en particulier. Elle ne s’attend absolument pas à ce qu’une fée masculine apparaisse à côté d’elle, en plein cœur de Montmartre, prêt à lui faire la leçon. Mais quoi ?
On n’insulte pas Cupidon le jour de la Saint-Valentin, voyons ! La voici désormais liée pour une année. Elle devra répandre l’amour chaque fois qu’elle le pourra. Célian, la fée, devra en contrepartie lui faire retrouver la foi en l’amour avant minuit. Du moins, était-ce prévu ainsi…

Voici une novella qui met du baume au cœur. Une histoire hallucinante, certes, mais qui remplit le cœur, le corps et l’esprit d’amour. Une histoire pétillante, loufoque, passionnante et divertissante. Attention, overdose de fraise Tagada assurée !!!
Jessica déteste l’amour. En même temps qui ne deviendrait pas acariâtre devant le fait accompli. Se faire larguer par SMS le jour de la Saint Valentin. Il y a de quoi devenir folle de rage et maudire tous les amoureux de la planète et tant qu’à faire autant la jeter sur ce fameux Cupidon. Déchargeant sa peine à qui veut bien l’attendre, un drôle de zozio l’interpelle. Tombé du ciel par un hasard suspect,  Jessica ne sait pas si elle doit se méfier de sa tête ou de cet étrange bonhomme. Une fée sans blague, il y a de quoi se poser des questions. Et voilà que maintenant il lui parle d’amour et de tout le tralala. Doit-elle vraiment le suivre dans cette escapade ?

 

Célian est une fée. Oui c’est bien un homme au service du majestueux Cupidon. Le voici sur une nouvelle mission. Convaincre la belle en détresse que l’amour existe véritablement qu’il se trouve dans les petites attentions et les petits gestes. Une mission périlleuse au vue des cris revendicatifs que hurle sa nouvelle partenaire. Mais le timing est serré alors au boulot !

 

Aventure rocambolesque où l’impossible devient possible. Charlène Gros-Piron nous en met plein les yeux et surtout il ne faut pas craindre le ridicule et une grosse dose de guimauve dégoulinante. C’est doux, c’est chaleureux, c’est tout mignon, c’est rigolo … En bref c’est une lecture doudou à savourer en ces temps délicats. Sa plume entraînante nous plonge dans une histoire aussi invraisemblable qu’attachante où l’amour s’invite peu à peu pour un final à la hauteur !

 

Une très belle histoire où le lâcher prise est de rigueur et où l’amour quel qu’il soit reste l’amour !

 

A savourer !

 

Une chronique de #Esméralda