JONNY APPLESEED, un roman de Joshua Whitehead.


Vivant hors réserve et cherchant tant bien que mal à s’acclimater à la vie urbaine, Jonny devient travailleur du cybersexe pour gagner sa vie. Il a devant lui très exactement une semaine avant de devoir rentrer à la réserve pour assister aux funérailles de son beau-père.
Les sept jours qui suivent se déclinent comme un rêve enfiévré : histoires d’amour, traumatismes, sexe, liens familiaux, désirs et ambitions, souvenirs déchirants de sa kokum (grand-mère) si chère, etc. La vie de Jonny consiste en une série de ruptures, mais aussi de liens inextricables. Tout en se préparant au retour à la maison, Jonny tente de rassembler les divers morceaux de sa vie.

Je continue mon exploration de la littérature des Premières Nations et ce roman a une aura singulière. Une aura émouvante qui m’a entrainée aux côtés d’un héros, cela serait mal de dire non-conformiste, un héros lumineux et transcendant.
Jonny a grandi dans la réserve. Auprès de sa kokum (grand-mère), une femme extraordinaire et attachante. Jonny est ce petit garçon particulier qui découvre très tôt qu’il aime les hommes, il aimera plus tard, en grandissant, devenir une femme. La réserve est un endroit malsain où cette particularité irrite au plus haut point. Les sarcasmes, les moqueries sont ouvertement balancés. Jonny s’épanouit malgré tout et devient cet homme/femme assumé qui va s’extraire, un peu, de son monde. Il quitte la réserve et s’installe en ville. Pour survivre, manger, boire de l’alcool, pour s’amuser, pour fumer, il devient un travailleur du cybersexe. Le décès de son beau-père déclenche ce quelque chose d’improbable. Telle une « madeleine de Proust », les souvenirs de son enfance, de son adolescence, de sa kokum, de sa mère, de ses amis, surgissent tel un flot parfois mélancolique, joyeux, tendre.

 

Jonny se définit comme un NDN (indien) bi-spirituel. Un terme moderne au sein d’une nation qui par son anéantissement prend la mesure de la singularité.

 

C’est un roman dont il m’est difficile de mettre les mots. Un roman qui est à la fois déchirant et merveilleux. Un roman dont sa force tire du passé et du présent, à la conjecture de deux mondes qui s’entrechoquent encore aujourd’hui mais où les perdant son désignés. Il y a cette notion de hargne, de s’affranchir et de s’autoproclamer. Il y a cette notion de temps qui fuit et qui retient, un préjudice qu’ils acceptent. Une lecture qui va au-delà des aprioris, qui va bien, bien, au-delà de l’identité, qui va au-delà de toute beauté, de toute laideur, un roman tout simplement magnifique.

 

Un roman qui puisse sa force inaltérable dans cet instant T et dans ces instants du passé. Un roman tournait, malgré toute cette douleur, vers le futur insufflant cet espoir véritable.

 

Joshua Whitehead retient le lecteur en captivité, s’épanchant avec malice et surprise sur sa vie polychrome.

 

Un roman bluffant et sans filtre !

 

Il y a de ces sons qui me font toujours mal et l’un d’entre eux est le son de ma mère qui pleure. On dirait qu’elle est toujours en train au téléphone avec quelqu’un qui est soit mourant soit souffrant, ou qui connaît quelqu’un qui l’est. Il n’y a pas assez de blagues dans le monde pour que j’arrête de ressentir. Je crois que c’est pour cette raison qu’elle prend un coup et pour la même raison que je fais pareil des fois. Mais malgré ses épisodes de débauche, j’adore me retrouver avec ma mère. Comme avec ma kokum, j’avais l’habitude de l’observer se maquiller pour ses soirées, et le processus me plaisait d’autant plus que Maman optait souvent pour un look plus drag que naturel. Elle avait le don pour l’expérimentation quand venait le temps de se refaire la face au complet avec des produits de pharmacie et un moignon de crayon à lèvres gros comme un ongle. ma mère tirait une grande fierté de sa routine maquillage. Un soir, elle m’avait méticuleusement expliqué sa méthode.

 

Une chronique de #Esméralda

L’AUTRE MOITIE DE SOI, un roman de Brit Bennett.


Quatorze ans après la disparition des jumelles Vignes, l’une d’elles réapparaît à Mallard, leur ville natale, dans le Sud d’une Amérique fraîchement déségrégationnée. Adolescentes, elles avaient fugué main dans la main, décidées à affronter le monde.
Pourtant, lorsque Desiree refait surface, elle a perdu la trace de sa jumelle depuis bien longtemps : Stella a disparu des années auparavant pour mener à Boston la vie d’une jeune femme Blanche. Mais jusqu’où peut-on renoncer à une partie de soi-même ?
Dans ce roman magistral sur l’identité, l’auteure interroge les mailles fragiles dont sont tissés les individus, entre la filiation, le rêve de devenir une autre personne et le besoin dévorant de trouver sa place.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Karine Lalechère

Je suis très heureuse d’avoir pu découvrir le dernier roman de Brit Bennett grâce à Babelio et aux éditons Autrement. J’ai eu la chance même de pouvoir rencontrer par visio l’auteure avec 29 autres camarades lectrices et lecteurs. Trop intimidée je n’ai pu poser mes questions, mais cela restera un moment mémorable. Et j’ai beaucoup appris sur les coulisses de ce roman.
Mallard est une petite ville utopique (peut-être pas) où les habitants suivent une règle très simple : ne jamais se marier avec plus noir que soi. La culture du blanc est une question d’héritage et de rêve un peu fou que l’Homme Noir devient l’Homme Blanc. État du Sud qui a souffert du ségrégationnisme, les souvenirs demeurent d’un temps qui se tait. Mallard, à part cela n’a rien d’exceptionnel. Des hommes et des femmes qui travaillent souvent pour des blancs et d’autres à la raffinerie. Une ville modeste typiquement américaine, éloignée d’un peu tout, où la vie sociale s’organise autour de l’église et des différents événement qui l’animent. Le rêve américain est loin de faire des émules, seule la triste réalité demeure. Stella et Desiree, deux jumelles qui rêvent à un ailleurs où tout est possible, fuguent. Commence ainsi leur histoire semée d’embûches et qui va les mener à leur destin. Deux chemins de vie pour deux perceptions complexes. L’une revient dans sa ville natale avec dans ses bras une jolie petite fille, Jude, aussi noire que les ténèbres. L’autre disparaît de la circulation faisant de sa vie un mensonge.

 

Brit Bennett explore l’identité de chaque jumelle avec franchise effrayante. Sondant l’âme humaine, elle met en lumière un fait de société le passing qui consiste, antre autre, aux personnes de la communauté noire de se faire passer pour Blanc. C’est quelque chose d’assez étonnant, d’un côté la communauté noire fière de ses origines et de l’autre cette communauté noire qui se camoufle. Est ce une conséquence du traumatisme ségrégationniste ? Brit Bennet joue avec subtilité et malice avec les couleurs conférent un roman lumineux et impressionnant. Elle joue également avec le temps, entre passé et présent et futur, elle met en exergue les liens intergénérationnelles et les secrets familiaux. Les conséquences prises tour à tour se répercutent sur leurs filles respectives. Jude devient une jeune femme noire ambitieuse et sûre d’elle. Une confiance qu’elle accorde dans un monde atypique où un autre passing est mis en lumière. La quête identitaire se poursuit auprès d’autres personnages où le genre ne se définit pas au sexe. Kennedy, fille de Stella, a toujours vécu dans un monde dorée où l’apparence est primordiale. Accaparée par les secrets de sa mère, Kennedy a du mal à se définir. Sa quête identitaire la porte dans de nombreuses aventures qui ne s’arrêteront que lorsque le secret sera éventé. Les silences, les non-dits contre l’exubérance, l’affirmation de la couleur. Un paradoxe et un duo totalement envoûtant.

 

Brit Bennett signe un roman exaltant sur la quête identitaire sans oublier des plus clin d’œil sur la ségrégation. Un roman puissant et obsédant sur l’origine et le devenir. Un roman singulier qui étonne par son thème auquel, en France, il est impossible de concevoir. Un roman magnifiquement écrit dont bien évidemment j’en sors éblouie.

 

A travers la ville, d’autre couples faisaient la même chose. Des adolescents se bécotaient sur des couvertures à la plage, le fracas es vagues qui se brisaient sur le sable en bruit de fond. Des jeunes mariés se dévêtaient dans une chambre d’hôtel. Un homme murmurait à l’oreille de sa maîtresse. Une femme brune dont le visage se reflétait dans la fenêtre de sa cuisine approchait une allumette d’une fine bougie. A travers la ville l’obscurité et la clarté.

 

Une chronique de #Esméralda

JAZZ A L’ÂME, un roman de William Melvin Kelley.


Ludlow Washington est né différent, aveugle. Abandonné à cinq ans aux mauvais traitements d’une institution, il endure les brimades jusqu’à ce que ses prodigieux talents de musicien lui offrent un ticket d’entrée dans le monde. Un monde auquel il n’est pas préparé, et où il doit apprendre la vie à tâtons. Il devient dès lors la propriété de Bud Rodney, le chef d’un orchestre qui se produit au Café Boone, à New Marsails, une petite ville du Sud.
Bientôt lassé par le répertoire limité et suranné de Rodney, Luddy emboîte le pas aux pionniers du Jazz et part à la conquête de la scène new-yorkaise, où il invente un nouveau son et devient vite une icône de l’avant-garde de Harlem. Mais la musique ne suffit plus à adoucir ses démons intimes. Désorienté par la mémoire de son enfance volée, meurtri par les trahisons amoureuses, Ludlow est hanté au point de vaciller.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Éric Moreau.

William Melvin Kelley dépeint avec une infinie justesse les tourbillons de la vie. La musique est ce témoin silencieux des aléas et des turpitudes qui s’enchaînent au cours de la vie qui ne lui a jamais offert de cadeau. Aveugle de naissance, le jeune Ludlow est placé dès ses cinq ans au sein d’un institut qui accueille les garçons du même profil.
Une période de sa vie où la maltraitance fait d’office de quotidien. Au delà de cela, il y apprend la musique et lorsque Ludlow joue c’est merveilleux. Un don qui l’alimente au point d’atteindre la perfection. Un don qu’il ne veut pas spécialement, mais il ne sait faire que ça, jouer de la musique. Alors il s’y applique avec générosité et patience. Les notes virevoltent dans ces ténèbres nuancées d’odeurs et de formes devinées. Ludlow grandit tant bien que mal. Un homme peu scrupuleux et chef d’orchestre le sort de cet endroit sinistre. Son quotidien change radicalement, une nouvelle vie. Ludlow découvre alors la ségrégation, les femmes, les choses de la vie. D’une naïveté touchante, Ludlow comprend vite que la société est un champ de mines et qu’à la moindre inattention, tout peut basculer dans l’horreur. Futé et intelligent, il tâtonne sur ce chemin de la découverte. Devenant ainsi un jeune homme sûr de lui, sa confiance en lui s’épanouit. Prenant son destin en main, il va s’émanciper et devenir le grand musicien.

 

Je découvre pour la première fois la plume de William Melvin Kelley. Un auteur qui a su me toucher en plein cœur. L’honnêteté résonne au sein de ses mots. Elle vrille le cœur et l’âme et c’est avec avidité que j’ai suivi la vie de Ludlow, cet homme au cœur tendre. La musique, mélodie quasi présente, est autant un appui qu’une malédiction. Enchaîné à ces notes, les sentiments sont une bourrasque déstabilisante. Peur de l’abandon, peur de l’attachement, sa construction sentimentale est bancale. Ses doutes et ses errances le plongent dans un long marasme dont il n’en sortira pas indemne.

 

Un roman puissant ! Une histoire hypnotisante ! Un Ludlow captivant. Héros d’une société à deux vitesses où la musique efface les différences et émeut. Une musique fascinante où la puissance des notes tentent de conjurer le sort.

 

A découvrir absolument !

 

D’autres lieux plus accueillants l’attendaient. Peut-être trouverait-il la petite église de quartier à laquelle il aspirait, ou bien une chapelle dressée au bord d’un chemin de terre dans le Sud, à peine plus grande qu’une cabane, fréquentée par une douzaine de fidèles, privée d’un orgue pour encourager leurs voix tremblantes et haut perchées à porter les mélodies de leurs cantiques. Un endroit comme celui–là aurait besoin d’un bon musicien.

 

Une chronique de #Esméralda

JE SUIS UNE MAUDITE SAUVAGESSE – Eukuan nin matshi-manitu innushkueu, un témoignage de An Antane Kapesh.


An Antane Kapesh signe un réquisitoire accablant contre les Blancs : « Quand le Blanc a voulu exploiter et détruire notre territoire, il n’a demandé de permission à personne, il n’a pas demandé aux Indiens s’ils étaient d’accord. »
« Ce livre est l’illustration flagrante de la dépossession dont sont victimes les Indiens et du crétinisme notoire du Blanc moyen qui arrive dans le Nord imbu de lui-même et de sa civilisation. Il ressort de tout ça que ce que l’homme a fait et continue de faire aux Indiens est une belle saloperie. » – Châtelaine, janvier 1977
« Ce livre, c’est le cadeau précieux qu’on offre à l’Histoire. » – Naomi Fontaine
An Antane Kapesh, née en 1926, première auteure innue, mère de huit enfants, a vécu en nomade jusqu’en 1953 lorsque le gouvernement déracine sa famille de ses terres. Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / Je suis une maudite Sauvagesse est son grand livre où elle dénonce la colonisation des Premières Nations.
Traduction José Mailhot
Edition et préface : Naomi Fontaine
Edition billingue innue-français

Quand nous vivions notre vie à nous, jamais nous ne voyions toutes les misères que nous voyons aujourd’hui. Après nous avoir pris notre vie, le Blanc ne nous a donné qu’une existence lamentable.
La seule et unique fois où j’ai entendu parler de An Antane Kapesh, c’est dans le dernier récit de Naomi Fontaine SHUNI. A la fin de cette lecture, ce fut comme une évidence, je devais à tout prix lire JE SUIS UNE MAUDITE SAUVAGESSE. Hasard de la vie, depuis fin août, les éditions Mémoire d’Encrier propose à ses lectrices et lecteurs une nouvelle édition et une nouvelle traduction de ce récit.

 

Un récit terriblement percutant et accaparant d’une justesse rude et d’une honnêteté essentielle.

 

Les mots tels des lames acérées et des larmes de colère, An Antane Kapesh exprime le désarroi de tout un peuple déraciné violemment de leur Terre. Elle élève leur voix unique et solidaire dans le but sacré et irrévérencieux de raconter aux nouvelles générations leur héritage volé dans le but, essentiel, que ces dernières n’errent plus.
 
Un témoignage magistral dans lequel résonne la force d’un peuple détrôné, désœuvré, désillusionné. Un témoignage poignant et déchirant contre la cruauté Blanche et cette idée absurde que leur société est meilleure que celle des Innus. Un témoignage alarmant et désopilant. Un cri du cœur au profit d’un peuple qui a perdu son identité.

 

Comment ne pas avoir de profonds sentiments envers ce récit ? Comment ne pas se sentir petit face à ses mots ? Comment ne pas se sentir lamentable face à ses constats, à ses vérités ? Comment ne pas se sentir humain ? Comment ne rien dire face à un tel discours ? Des questions qui amènent tant de question. An Antane Kapesh porte-parole et bienfaitrice de son peuple. Que ses mots résonnent pour l’éternité afin de ne jamais oublier.

 

L’innue est avant tout une langue orale. La traduction est juste merveilleuse. On y retrouve la force, la conviction, le courage qui animent An Antane Kapesh, conférant à son récit un discours fédérateur, franc et sans ambiguïté. 

 

Un livre qui doit rejoindre votre bibliothèque sans hésitation !

 

Notre mode de vie à nous, les Indiens, était le meilleur. Mais après avoir accepté de nous laisser tromper de toutes sortes de façons, après qu’on nous a fait abandonner notre vie indienne et après nous être laissés piétiner par le Blanc, à présent nous ne valons rien ni dans une culture ni dans l’autre. A mon avis il aurait mieux valu conserver la vie que Dieu nous avait donné à vivre en tant qu’Indiens et conserver a langue indienne que Dieu nous avait donné à parler. Si le Blanc, à son arrivée dans notre territoire, avait gardé pour lui son mode de vie et sa langue française ou encore si, en venant ici dans notre territoire pour s’enrichir avec notre sol, il n’avait pas brutalisé les Indiens et s’il n’avait pas toujours essayé de faire de l’argent avec eux, aujourd’hui il n’y aurait probablement pas de querelle entre lui et nus, les Indiens.
 
Une chronique de #Esméralda

OHIO, un premier roman de Stephen Markley.


Par un fébrile soir d’été, quatre anciens camarades de lycée désormais trentenaires se trouvent par hasard réunis à New Canaan, la petite ville de l’Ohio où ils ont grandi.
Bill Ashcraft, ancien activiste humanitaire devenu toxicomane, doit y livrer un mystérieux paquet. Stacey Moore a accepté de rencontrer la mère de son ex-petite amie disparue et veut en profiter pour régler ses comptes avec son frère, qui n’a jamais accepté son homosexualité.
Dan Eaton s’apprête à retrouver son amour de jeunesse, mais le jeune vétéran, qui a perdu un oeil en Irak, peine à se raccrocher à la vie. Tina Ross, elle, a décidé de se venger d’un garçon qui n’a jamais cessé de hanter son esprit.
Tous incarnent cette jeunesse meurtrie et désabusée qui, depuis le drame du 11-Septembre, n’a connu que la guerre, la récession, la montée du populisme et l’échec du rêve américain. Chacun d’entre eux est déterminé à atteindre le but qu’il s’est fixé.
À la manière d’un roman noir, cette fresque sociale et politique hyperréaliste s’impose comme le grand livre de l’Amérique déboussolée et marque l’entrée en littérature d’un jeune écrivain aussi talentueux qu’ambitieux.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé.

Intense, magnifique, déboussolant, OHIO, premier roman de Stephen Markley, frappe avec une aisance flippante et une subtile cadence, les mots de la vie.
Roman choral, Stephen Markley martèle le temps au grès des souvenirs et du présent de femmes et d’hommes.

 

Bill Ashcraft porte depuis le 11 septembre un regard noir sur les institutions américaines. Patriote à sa manière, il prône avant tout l’écoute, le partage et ne soutient pas les différentes opérations militaires menées à la suite des attentats. Il devient rapidement la risée du lycée à cause de ses convictions qu’il brandit fièrement. Il trouve un temps son bonheur dans l’humanitaire avant de le mettre aux oubliettes à l’aide de drogues riches et variées. Vaste dégoût du monde dans lequel il évolue, la vie reste à ses yeux une vaste connerie monopolisée par les grandes firmes qui déciment tout.

 

Stacey Moore s’est longtemps cherchée, souvent perdue. L’après Lisa a été une période mouvementée où sa quête la porte aux quatre coins du monde, à la recherche du soi et de l’inattendu. Stacey a grandi dans une famille ultraconservatrice où la religion régit tout. Elle a toujours su qu’elle aimait les filles et Lisa en a été l’ultime preuve jusqu’au jour celle-ci part sans crier garde.

 

Dan Eaton a combattu en Irak. Il a vécu le pire et l’horreur et en portera à jamais des séquelles. La guerre, il a voulu la faire. Il était prêt pour elle. Elle l’a grignoté peu à peu. Elle lui a pris ses plus belles amitiés. Elle a pris des vies. Le retour à la vie n’a pas été sans conséquence. De retour dans sa ville natale, Dan Eaton retrouve l’amour de sa vie le temps d’un soir. Dan était le boutonneux. Il a toujours aimé les livres et rien de le prédestiner à faire une carrière, aussi courte qu’elle fut, au sein de l’armée.

 

Tina Ross était une gentille fille, une de celles qui ne fait pas de vagues. Elle a eu la bêtise de tomber amoureuse d’un des joueurs de foot les plus populaires du lycée. Piégée dans un amour toxique, elle dérive dans la déprime, l’anorexie et les scarifications. Ses souvenirs innommables l’ont toujours bouffée et elle décide enfin de mettre fin à toutes ses souffrances silencieuses.

 

Quatre vies, quatre destins façonnés à l’image de cette ville, de ce pays qui se délitent. Porté par la sublime écriture de Stephen Markley, ce livre aux allures de roman noir est un vrai délice. Il porte aux nues ces hommes et ces femmes qui tentent de trouver leurs places dans un système qui les rejettent inlassablement. Pauvreté, sectarisme, trafic en tout genre, un tableau qui fait froid dans le dos où la réalité en est davantage saisissable. Courage, abnégation, volonté, tout autant de futilités qui ne prennent guère racine. Combats quotidiens, survies, doux rêves au cœur de l’impossible.

 

Après un temps d’adaptation, j’ai été happée par ce roman remarquable. Une atmosphère lourde qui se bâtit au fils des pages au cours des souvenirs et des instants présents. Stephen Markley, poétique et sauvage, narre avec brio la Vie, celle avec un grand V, celle qui laisse des traces indélébiles, celle qui brûle dans chacun de nous. Les petits détails, les petites anecdotes rendent les personnages davantage accessibles. Cette fresque sociale est d’une réalité dérangeante et merveilleuse à la fois car il n’y a pas de filtres, justes cette cruelle réalité, cette vérité dévorante. J’ai été emportée par cette lecture. Une lecture qui recèle bien des secrets. Elle se fait le porte-parole d’une Amérique désenchantée.

 

Regarder ce fleuve de bêtes, c’était regarder un homme qui tente de trancher sa propre langue avec ses dents pour la manger. Malgré les années, elle n’oublierait jamais cette image. Elle penserait à tous ces animaux et serait écrasée par la réalité de ce qui lui arrivait, qui arrivait aux personnes qu’elle aimait, à l’endroit d’où elle venait. Par moments cette sensation s’immiscerait dans son cœur avec la solitude de la mort, et Lisa lui manquerait. Car lorsque l’esprit est consumé par mille dévastations, par le néant, on n’a pas d’autre choix que de rêves de courage.
Une chronique de #Esméralda
 

LA FEMME INTERIEURE, un roman étonnant de Helen Phillips.


Molly participe à des fouilles dans une ancienne station-service. Elle déterre un jour des objets dont la nature perturbe sa conception d’un univers logique, comme cette Bible où Dieu est au féminin. Chez elle, Molly doit affronter une situation tout aussi perturbante : son mari a dû se rendre à l’étranger pour donner un concert, la laissant seule avec leurs deux enfants en bas âge. Mais voilà qu’un soir elle entend des bruits de pas dans le salon…
Un intrus surgit alors dans sa vie, un intrus très particulier, puisqu’il s’agit… d’elle-même ! Une Molly identique, à une différence près : cette Molly-là a perdu ses deux enfants dans un attentat sur son lieu de travail. Débordée par son rôle de mère, Molly se retrouve confrontée à une femme qui veut récupérer ses enfants à tout prix. Les deux Molly sont-elles les deux facettes d’une même femme au bord de l’effondrement, ou la trame de l’Univers s’est-elle vraiment déchirée ? Deux mères presque semblables peuvent-elles cohabiter…
Avec ce roman palpitant, Helen Phillips réussit un tour de force : traiter le lien maternel dans ce qu’il a de plus concret tout en créant un climat haletant, ponctué de rebondissements aussi ingénieux que troublants.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claro.

LA FEMME INTERIEURE est sans contexte un roman à découvrir et à se faire sa propre idée. Un livre qui divise, qui bouleverse, qui subjugue, qui effraye, qui rebute. Pour ma part j’ai tout simplement adoré cet inconfort qui s’installe dès les premières pages et qui prolifère au fil des chapitres.
Dès le départ il est difficile de savoir sur quel pied dansé. Je suis vite bourlinguée dans cette histoire qui semble aux premiers abords vraiment dingue. Et puis y ce qui clash, cette apparition. Fiction ou non ? Il me faut faire avec et apprendre à valser avec la plume captivante d’Helen Phillips.

 

Un roman dérangeant, dangereux, douloureux mais tellement magnifique. Helen Phillips nous plonge dans les affres quotidiennes d’une femme, cette mère qui doit faire face à deux petits chenapans. La maternité, la relation maman-enfants et maman-papa n’échappent pas à l’œil acéré de l’auteure. Les petits détails qui font sourire, qui font grincer les dents, un tableau envoûtant et parfois répugnant. Une maman a ses faiblesses, elle n’est ni parfaite ni exceptionnelle. C’est une femme avant tout qui tente du mieux qu’elle peut d’élever ses enfants selon un modèle social et principes moraux. Helen Phillips y décrit avec candeur et une honnêteté sans faille les méandres de cette relation fusionnelle et éternelle. Cette histoire aurait pu être assez banale si la même femme si différente et si identique n’apparaissait pas. Et là il faut tout reconsidérer et être attentif à certains mots clefs qui fleurissent ici et là.

 

Et si cette histoire n’était pas ce qu’elle paraît ?

 

J’ai longtemps réfléchi après avoir refermé ce livre à ce qu’il se cachait sous ces métaphores, ces imbroglios, ces illusions, ces mots puissants. Après moult conjectures, je reste convaincue que cette histoire cache un sujet bien plus intense et qu’il ne faut pas s’arrêter à cette déstructuration voulue et plutôt bien imagée et réussie. La psychologie du personnage mérite toute attention et il faut aller au-delà des apparences. C’est ainsi qui m’est apparue comme une évidence la notion des cinq étapes du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation ; que j’ai associés aux cinq parties du roman. Évidence ?

 

Une lecture de toute beauté qui ne m’a pas du tout laissé indifférente. Une lecture atypique par sa construction, par son audace et pas son thème. Une lecture qui fait encore battre mon cœur et qui y restera longtemps.

 

Je terminerai par la dernière phrase du roman qui résume en ces quelques mots son intensité et son pouvoir.

 

Mais les enfants ne s’inquiétèrent pas, car ils étaient avec elle, en sécurité, et elle les portait de l’avant.

 

Une chronique de #Esméralda

Une lecture du Picabo River Book Club

LOVE MEMORIES, tome 1 – Une romance de Angel Arekin.


« Je te présente le nouveau membre de notre famille, voici Swan. Dorénavant, nous serons tous ensemble. »
 
Billie, jeune hippie, éprise de liberté, est contrainte de poser ses bagages pour vivre auprès du nouveau mari de sa mère et de son fils, le beau mais étrangement mutique, Swan Anconie.
Elle a du mal à trouver ses marques et son nouveau « demi-frère » ne l’aide pas : ses yeux glacés posés sur elle lui prouvant chaque matin qu’il désirerait la voir partir.
Mais Billie y entrevoit là un nouveau challenge : apprendre à connaître ce jeune homme atypique et sombre, muré dans une colère inexpliquée, et découvrir ce qu’il cache dans ses silences.
Swan n’avait pas prévu de se fracasser contre la beauté sauvage de la jeune femme.
Billie n’avait pas prévu d’aimer autant chaque ombre et éclats de lumière qui le composent.
Ensemble, ils vont découvrir l’amour et partager chacune de leurs premières fois. De la douceur aux coups de gueule, de la jalousie à la trahison, de la tristesse à la sensualité, de la rage à la passion.
Non, ils n’avaient rien prévu de ce qui allait se passer, mais ils s’apprêtaient à en aimer chaque seconde.
Voici l’histoire de leur amour.

Autant allez cash, Angel Arekin a de nouveau taper haut et fort comme elle sait si bien le faire. Méga coup de cœur pour cette romance qui vous collera à la peau pendant très longtemps !
Billie et Swan, deux entités atypiques, qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Force de l’univers, attraction des opposés, tout un schmilblick et pourtant les voici réunis autour d’une famille qu’il n’envisageait pas et qu’il ne voulait pas. Billie, belle espiègle, libre de cette liberté enviée par tant de monde. Elle voit le monde à la manière dont on lui a inculqué. Voyages, de communautés en communautés au travers d’un monde à la fois beau et énigmatique. Billie est une nomade née pour apprécier les instants de la vie à sa juste valeur. Elle croque, elle rit aux éclats, elle hurle sa vie au cœur d’une simplicité effarante. Billie est comme ça. Généreuse, solaire, sociable. Elle s’adapte n’importe où à n’importe qui. Oui mais Swan c’est une énigme qu’elle veut bien déchiffrer. Sa douleurs, son silence, son regard noir et profond, son caractère, son éloignement du monde, son aura taciturne. Oui elle veut découvrir qui est le jeune homme qui se cache derrière cette armure renforcée, blindée à coup de sarcasme et de désinvolture. Un pas après l’autre, mots après mots griffonnés sur un papier ou tapés frénétiquement sur le portable, Billie se crée une place particulière. Confidente, enquiquineuse, épaule bienfaisante et attentive, Billie se donne tous les moyens pour aboutir. Elle n’avait pourtant pas prévu l’effet Kiss-Cool, celui de tomber follement amoureuse. Terrible sentiment qu’est l’amour lorsqu’il se présente d’une façon si singulière.

 

Ce premier tome s’apparente à la découverte des sens, du désir, des doutes, des peurs, des espoirs. Une explosion envoûtante et déconcertante de ce monde déroutant. Les personnages tâtonnent, apprennent, s’offusquent. L’amour côtoie la colère, la passion l’euphorie, l’espoir le désenchantement, l’illusion le réel. Une fresque puissante de ce chamboulement aspire le lecteur dans une impressionnante lecture. Angel Arekin met le lecteur en haleine, elle le possède de maintes manières, entre l’envie, la frustration d’en savoir davantage et des personnages qui ne peuvent pas vous laisser indifférents. Angel Arekin nous offre une romance young adult totalement dingue ! Vous savez dans le style impossible de lâcher sa tablette et qui vous file le moindre frisson à n’importe quelle occasion ! Un nouveau sans faute pour Angel Arekin qui se renouvelle avec une fascinante facilité pour le plus grand des plaisirs de ses lectrices.

 

Une chronique de #Esméralda

… Lien Kindle

… le site de Black Ink Editions

… mes avis sur d’autres romance d’Angel Arekin, clique sur la photo de ton choix pour les lire.

MYRINA HOLMES, tome 3 : Possessions immatérielles de Anna Triss.


La trahison du démon que j’aime est sans conteste la pire épreuve de ma vie d’hybride.
Je suis anéantie dans un monde en proie au chaos depuis que Kel m’a abandonnée sans la moindre explication, comme si je n’avais jamais existé.
Pourtant, mon instinct de Traqueuse me souffle que la vérité m’échappe… et mon cœur de femme se révolte, incapable de se résigner.
Qu’à cela ne tienne, je suis prête à affronter les terribles dangers qui planent pour élucider cette nouvelle affaire. Je n’hésiterai pas à botter des culs écailleux au passage. Je traquerai mon connard d’Hybresang dans les Limbes s’il le faut !
Quitte à sombrer moi-même au cœur des ténèbres afin de pouvoir espérer trouver la lumière qui s’y cache.

Un troisième tome bluffant et sensationnel, Anna Triss sait nous faire saliver, flipper et devenir dingue. Un dernier tome à la hauteur de cette trilogie démoniaque. Romance fantastique ou urban fantasy, je vous laisse choisir, ce tome 3 est un pur moment de lecture.
Le dernier tome se finissait sur une scène vraiment pas gaie du tout, du tout. Style revirement du situation il y avait du lourd. Donc pour ce tome ci je savais à quoi m’attendre, mais en fait pas du tout. Ce dernier tonne sonne les trompettes et annonce dès le départ que ce dernier sera combatif, voire mélodramatique et explosif (pour ne pas changer, mais c’est une bonne chose). J’ai trouvé que l’auteure prenait plus le temps pour décrire les scènes pour les faire ressentir. C’était beaucoup moins speed, à mon sens. Une langueur qui prend son sens dans l’abandon, le désespoir, l’incompréhension, la peur et le doute. Puis une autre se rajoute se concentrant sur le désir, les sentiments et les émotions. Et une toute autre qui se trouve dans l’urgence, le désappointement et la désillusion. Anna Triss arrive avec une efficacité effarante à nous faire vivre mille et une choses en total accord avec ses personnages. C’est une explosion de tout que l’on ne peut accueillir qu’avec stupeur et envie. Une aventure addictive, folle et enivrante.

 

Ce dernier tome ne se contente pas de nous rendre chèvre. Les personnages ont pris du grade et de nouveaux apparaissent pour un tableau final complet. Kel a donné sa langue au diable et se montre davantage sentimental. Myrina prend en maturité et fait preuve souvent de bon sens tout en continuant de foncer tête première dans les ennuis. On la retrouve plus féroce et un tantinet susceptible. Une évolution tout à fait appréciable d’autant plus qu’Anna Triss ne change rien à leur verbe pimentée et acérée. Ce duo est si touchant, accaparant, sensationnel et parfois emmerdant (oui c’est vrai). Un vrai paradoxe entre eux mais qui fonctionne merveilleusement bien.

 

Cette trilogie est à croquer sans se priver. Une auteure sadique mais qui nous le rend bien. Démentielle, l’histoire de Myrina et de Kel est un sacré coup de cœur que je classe dans mes incontournables 2020. J’ai tellement accroché à tout que ce soit les personnages, l’univers (surtout) et l’intrigue que je ne peux que vous dire FONCEZ !

 

Une chronique de #Esméralda
 

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… Mes avis sur les deux précédents tomes (clique pour les lire).

MYRINA HOLMES, tome 2 : Cadavres exquis de Anna Triss.


Tome 2/3
Mon nom est Myrina Holmes. Mes (rares) amis me surnomment « Myri », mes (nombreux) ennemis « l’Amazone ». Mon job ? Traquer de féroces créatures surnaturelles à l’aide de mes pouvoirs et de mes armes.
On ne va pas se mentir : ces derniers temps, ma vie ressemble à un mauvais film de série B. Une sœur succube à la rancune tenace, une carrière de Traqueuse en crocs de scie, une marque démoniaque qui m’empêche de faire des folies de mon corps et un ex-amant devenu Fédérateur des Pécheurs qui m’irrite fortement les écailles. Alors quand un mystérieux virus aussi contagieux que mortel se propage sur Infernum, ça commence sérieusement à empester le démon grillé !
Le symptôme le plus éloquent de la Démonacide ? Quelques jours avant leur décès, les infectés se transforment en bêtes sanguinaires qui attaquent les vivants pour les dévorer, comme des Sans-Âmes ! L’Apocalypse risque de se pointer plus tôt que prévu à ce rythme…
Pour ma part, je suis naturellement immunisée grâce à mon sang d’hybride, mais ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde.
Lorsqu’un de mes proches tombe malade, je n’ai pas d’autre choix que de m’engager dans une course contre la montre pour mettre la patte sur les responsables de l’épidémie et dénicher le remède salutaire.
Et croyez-moi, vu mon état d’esprit, ma Plume aiguisée ne fera pas dans la dentelle.

 
On reprend les même, on shake tout ça, on rajoute quelques nouveaux personnages et une nouvelle intrigue démoniaque, et, nous voilà avec un second tome explosif qui nous en met plein les mirettes.
Anna Triss est une sacrée tornade, son histoire, ENCORE UNE FOIS, est une pure tuerie.

 

Myrina Holmes est un tantinet sur les nerfs. Il faut dire que sa sœur à la rancune tenace et que cette fichue marque l’empêche de fricoter. Sa dernière enquête l’a mise sur les nerfs et les révélations qui s’en sont suivies l’ont abattue. Myrina n’est pas le genre de démone à se morfondre éternellement, prenant le taureau (enfin le démon) par les cornes, elle se remet vite sur pied. Et rien de mieux qu’une enquête pour se défouler. Sauf que cette dernière est un poil effrayante. Voir ses compatriotes se transformer en monstre diabolique affamé couvert de pustules verdâtres est quelque chose d’assez incongrue pour la Traqueuse. Une nouvelle course effrénée se profile à l’horizon et celle-ci va s’avérer très tordue.

 

Une nouvelle aventure loin d’être une sinécure. Au contraire, le temps joue contre elle et puis son cœur a quelques dératés. Un beau ténébreux se la joue beau chevalier sur sa licorne et un beau blondinet se rajoute à l’équation. Sans oublier les Révoltés qui se révoltent pour de bon. Bref, sur Infernum c’est l’Apocalypse. Rien ne va plus, faites vos jeux. Dommage vous allez perdre ! Anna Triss est une vile tentatrice qui adore frustrée ses lectrices.

 

Tentation, doutes, questions, révélations, mensonges, amour, passion, fougue, danger … non vous n’êtes pas dans un soap opéra, mais bien dans le deuxième tome de Myrina Holmes. Une suite explosive, sensationnelle, addictive, folle, méga génialissime. La plume d’Anna Triss est juste envoûtante, rythmée et le scénario est un pur bijou. Une claque phénoménale, je suis restée scotchée, obnubilée, estomaquée …

 

Une trilogie d’Urban fantasy à découvrir (depuis le début) absolument !!!

 

Une chronique de #Esméralda

 

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… Mon avis sur le premier tome de Myrina Holmes (clique sur l’image pour le lire)

SHUNI de Naomi Fontaine.


Naomi Fontaine écrit une longue lettre à son amie Shuni, une jeune Québécoise venue dans sa communauté pour aider les Innus. Elle convoque l’histoire. Surgissent les visages de la mère, du père, de la grand-mère. Elle en profite pour s’adresser à Petit ours, son fils. Les paysages de Uashat défilent, fragmentés, radieux. Elle raconte le doute qui mine le cœur des colonisés, l’impossible combat d’être soi.
Shuni • Ce que tu dois savoir, Julie, cette lettre fragile et tendre, dit la force d’inventer l’avenir, la lumière de la vérité. La vie est un cercle où tout recommence.

Il y a de ces mots, de ces phrases, de ces récits qui vous captivent en un instant. Vous avez l’impression de tenir entre vos mains, un objet précieux et bien plus encore. Un objet immuable qui vous marque dans votre chair et qui vous laisse ce doux souvenir d’avoir fait une rencontre exquise. Voilà ce que me dit mon cœur.
SHUNI fait indéniablement parti de ces récits qui vous tourneboulent aussitôt. Le ton est donné dès les première lignes. Naomi Fontaine se livre, se délivre, se confie du plus profond de son cœur à cette vielle connaissance, Julie. Leur monde est séparé par tout un tas de connaissances, de beaucoup de préjugés, de méchancetés. Des différences qui terrifient et qui cloisonnent les esprits. Pourtant Naomi Fontaine n’en a pas peur, elle les a apprivoisées au fil du temps.

 

Je voulais que tu le saches. Je pourrais parler très fort, parler très bien. Dire des mots que personne n’a jamais prononcés avant moi. Je pourrais étudier l’histoire dans ses moindres failles, la réécrire. Je pourrais passer ma vie entière à me battre contre tous les préjugés qui nous écrasent. Je pourrais t’écrire des milliers de lettres. Mais je crois sincèrement que c’est l’amour qui changera le monde.
Entre nous et vous.
Entre toi et moi.

 

Naomi fontaine décrit sa vie et celles de sa communauté. Les images défilent au rythme de souvenirs tendres. Les mots s’invitent dans cette balade hypnotisante. Le sourire radieux naissant sur les visages reconnaissants.

 

Naomi Fontaine loin des préjugés partage. Mais elle ne veut pas de notre peine, de notre regard hagard, de notre compréhension généreuse. Elle veut juste notre amour sincère.

 

Au grès de ses paroles, de ses confidences à son petit ours, de ses interpellations, de ses recommandations, de ses questions, des ses doutes, Naomi Fontaine nous transmet les paroles tues d’un peuple qui ne doit pas s’effacer.

 

Au travers de mots doucereux et mélodieux règnent parfois une cruelle douleur dont elle en tire, pourtant, une certaine magnificence.

 

J’ai été subjuguée, envoûtée. Ses mots essentiels, ses mots cruciaux, son regard judicieux et honnête dépeignent avec maestro, douceur et sensibilité, la beauté du monde dans leurs yeux.

 

Une lecture essentielle, indispensable, incontournable, unique et magique !

 

Il y a ces gestes que je n’ai pas appris à faire quand j’étais petite. Je n’ai pas appris à cogner à une porte avant d’entrer dans une maison. Je n’ai pas appris l’importance d’arriver à l’heure à un rendez-vous. Ma mère ne m’a pas appris à gérer convenablement mes finances.
Et toi Julie, sais-tu reconnaître les pistes du lièvre ? Sais-tu lire le temps qu’il fera sur les feuilles des arbres ? Sais-tu entendre, au-delà de la souffrance qui est visibles, le pouls d’un cœur qui s’accélère pour continuer à battre ?

 

Une chronique de #Esméralda