BALAI DE SORCIÈRE, un roman de Lawrence Scott.

LITTÉRATURE CARIBÉENNE ANGLOPHONE

Éditions Mémoire d’Encrier

Traduit de l’anglais par Christine Pagnoulle


Balai de sorcière retrace l’histoire de la malédiction coloniale d’une île des Caraïbes. Le roman raconte les traversées, dévoile mémoires et archives, chemine entre grandeurs, misères et mythes. Puisant dans la tradition du carnaval, Lawrence Scott brouille les pistes, renverse perspectives et hiérarchies.

Le dernier représentant de la dynastie des Monagas de los Macajuelos, Lavren, merveilleux conteur « lévite entre les siècles, les races, les genres, dans les interstices du temps, à l’écoute du désir des femmes et du silence des hommes ».

 

Ma note : 4/5 « à découvrir »
Nouveauté 2021
352 pages
Disponible en numérique et broché

 


MON AVIS

Il y a quelques jours de cela, j’ai plongé tête la première dans le sixième roman de Lawrence Scott, figure incontournable de la littérature caribéenne anglophone. Un grand plongeon pour ma part puisque c’est le premier livre que je lis explorant ce thème. Je ne me suis jamais penchée sur cet univers même au niveau francophone (littérature caribéenne, africaine … ) des « anciennes colonies » en règle générale.

 

Ouvrir BALAI DE SORCIÈRE, c’est ouvrir une porte sur un monde mystérieux où croyance ancestrale, moderne, coutumes se côtoient dans un ballet frénétique où les corps deviennent l’instrument délivrant la douleur, la joie, la peur, la vie, la mort.

 

BALAI DE SORCIÈRE retrace la vie d’une famille considérablement blanche dont l’ancêtre s’est établi au pays de Bolivar. Le patriarche donne la main de ses jeunes filles à ceux offrant des perles à la blancheur immuable. Les filles femmes exilées sur l’île de Kairi (Trinidad) deviennent des mères. Des enfants à la pelle : ceux qui vivent, ceux qui meurent. Des femmes héroïnes d’une tragédie qui se perpétue tout au long des générations. Le destin morbide clivant ces femmes dans un rôle qu’elles ne voulaient pas. Les cris, les pleurs, la folie, la détresse, le sang, les obsessions nourrissent et pourrissent ces vies.

 

Tout au bout de cet arbre généalogique, il y a Lavren. Hermaphrodite. Lui/Elle traverse les années et narre l’histoire de sa famille. Un brin de mystère, réel, fiction, le récit s’orchestre autour des femmes qui ont marqué les Monagas de los Macajuelos. Un soap opéra caribéen où les couleurs foisonnent, côtoyant la tristesse, la douleur. L’échappatoire n’existe pas.

 

Lavren, conteur prolifique et mirifique, narre avec cette ardeur mystique de celles et ceux qui savent. Conteur de légendes, conteur de ces histoires qui se perpétuent au delà des ans, au delà de la vie. Lui/Elle se cherche aux travers de ces mots, de ces histoires perdues. Il y croisent du monde, des enfants, des hommes, des femmes, des noir.e.s, des indien.ne.s. Les autochtones ont tous été massacrés. La plantation, le café, les chants.

 

Ce roman est une lecture qui se vit pleinement. Je regrette ne pas avoir de culture générale en ce qui concerné les Caraïbes, mais en prenant le temps de chercher, j’ai pu combler quelques lacunes.

 

Lawrence Scott est un magnifique orateur au style tout aussi épuré que prolifique. Un style atypique et dépaysant qui vous invite au cœur d’une famille hors norme.

 

L’air des Caraïbes s’infiltre au travers des pages et vous enivre. Le doux son des mots vous emporte au sein d’une mélodie rythmée par les affres de nombreuses vies.

 

Je suis pleinement consciente de n’avoir pas eu toutes les cartes en main pour comprendre dans son entièreté un livre qui je suis sûre est une merveille.

 

Je ressors éblouie par cette histoire qui m’a sorti de ma zone de confort et m’a donné un aperçu d’un monde que je connais pas et que je vais continuer à explorer.

 

Une chronique de #Esméralda

UNE FAMILLE ENFIN PAISIBLE. Sortir du cycle des conflits. Un document de Anne-Catherine Sabas.


Parfois, la famille devient le lieu d’une guerre quotidienne : échanges tendus avec un enfant, difficultés dans la fratrie, soucis de communication…
Anne-Catherine Sabas nous explique ce qui se cache derrière ces conflits répétitifs et nous donne de nombreux outils pour rétablir l’harmonie. Ce livre précieux ne donne pas de leçons et prend au sérieux les difficultés : il vous offrira des pistes de réflexion pleines de profondeur pour prendre de la distance et reconstruire ce qui semble brisé.
– Comprendre les rapports de force inconscient
– Découvrir le pouvoir extraordinaire de la parole
– Savoir sortir des rôles figés, source de malentendus
Anne-Catherine Sabas est psychanalyste, psychopraticienne et formatrice en communication et gestion de conflits. Elle a publié plus de vingt ouvrages dont Libérez-vous par le pardon et Aider vos enfants à trouver leur place.

 
C’est la toute première fois que je lis un livre de « développement personnel » et « psychologique ». Sans aucun doute le titre m’a de suite interpellée. Vraiment qui ne rêve pas d’une famille où les relations sont simples, sans malentendu, sans malaise. Pas si utopique que ça et Anne-Catherine Sabas nous propose tout au long de son livre, des choses simples et qui se veulent efficaces.
J’aurai pu vous écrire une chronique détaillée reprenant chaque partie, mais honnêtement je préfère aller à l’essentiel. Anne-Catherine Sabas développe ses arguments autour de l’individu lui-même au sein d’un groupe, de sa famille ici à l’occurrence. Elle propose de prendre conscience de son identité d’en établir ses atouts et ses faiblesses. D’être à l’écoute de l’autre tout en préservant son intégralité et sa moralité. Mettre les mots sur ses états d’âme et ses blessures au lieu de d’ignorer la blessure causée par l’autre. Apprendre à gérer sa colère et surtout à l’accepter pour mieux avancer avec l’autre. Faire des compromis justes et judicieux, savoir être à l’écoute, mettre en place des rituels quand la situation commence à déraper. Il évident que les disputes sont une sorte de soupape de décompression mais il est tout autant que gérer l’après dispute est davantage bénéfique.

 

L’auteure développe aussi les blessures de l’âme et celles héritées telles que de mauvaises malédiction. Il est important de faire la paix avec celles-ci, de les comprendre et de s’autoriser à les laisser filer, s’évanouir. Ce point-ci m’a interpellée et beaucoup intéressée. Je crois à ces choses là et au poids insinué au fil des générations.

 

Elle parle des enfants, petits et grands, et de leur place au sein de la famille. L’écoute de leurs maux est capitale tout comme mettre en place des règles. Nos enfants ne sont pas là pour être le réceptacle de nos envies grandioses. Ils ont leur propre identité, leurs propres désirs, leurs propres vocations. Ils sont des entités uniques motivées par leurs propres raisons et surtout sont dissociables de nous, les parents. J’ai été très attentive aux paroles de l’auteure et je me suis retrouvée dans ses mots. Je suis une maman qui prône pour la parole dans la bienséance et le respect, et qui à chaque problème propose des compromis ou des solutions.

 

Cette première expérience de lecture est une véritable réussite. J’ai été touchée par le dialogue de l’auteure qui propose des choses simples à mettre en place au sein de la famille pour accorder la parole à chacun et écouter. Chaque argumentaire est illustré par un exemple de mise en situation. Une plume très accessible qui ne part dans de long discours pompant. Une lecture très intéressante et prolifique !

 

Une chronique de #Esméralda

Il y a dans l’adulte un enfant, un enfant éternel toujours en état de devenir, jamais terminé, qui aurait besoin constamment de soins, d’attention et d’éducation.

Carl Gustav Jung

Vers le soleil de Julien Sandrel

Roman français – Sortie le 24 février 2021
Editions Calmann Lévy

Ma note : 4/5 mention « totalement addictif »


Résumé : IL N’EST RIEN POUR ELLE, MAIS ELLE N’A PLUS QUE LUI…UN BIJOU D’ÉMOTION

14 août 2018. Tess part vers la Toscane, où elle doit rejoindre pour les vacances sa fille Sienna et l’oncle de celle-ci, Sacha. Mais alors qu’elle fait étape chez sa meilleure amie à Gênes, un effroyable grondement ébranle la maison, et tout s’écroule au-dessus d’elle. Une longue portion du pont de Gênes vient de s’effondrer, enfouissant toute la zone. Tess est portée disparue.
Lorsque Sacha apprend la catastrophe, c’est tout leur univers commun qui vole en éclats. Tous leurs mensonges aussi. Car Sacha n’est pas vraiment l’oncle de cette petite fille de neuf ans : il est un acteur, engagé pour jouer ce rôle particulier quelques jours par mois, depuis trois ans. Un rôle qu’il n’a même plus l’impression
de jouer tant il s’est attaché à Sienna et à sa mère. Alors que de dangereux secrets refont surface, Sacha sait qu’il  n’a que quelques heures pour décider ce qu’il veut faire si Tess ne sort pas vivante des décombres : perdre pour toujours cette enfant avec laquelle il n’a aucun lien légal… ou écouter son cœur et s’enfuir avec elle pour de bon
En attendant, il décide de cacher la vérité à la petite fille, et de la protéger coûte que coûte..


L’avis de #Lilie : J’ai découvert la plume de Julien Sandrel l’an dernier, avec son premier roman « la chambre des merveilles » que j’avais lu pendant le premier confinement. Son nouveau me tentait beaucoup car les secrets de famille sont un de mes thèmes de prédilection en lecture, mais aussi car il se passe en partie au moment de la tragédie de Gênes, une ville chère à mon cœur où a vécu ma meilleure amie pendant plus de dix ans et où je suis allée de nombreuses fois…. Bref, en ces temps enfermés, j’avais envie de m’évader et c’est exactement ce que m’a offert cette histoire.

Nous faisons ici connaissance avec Sacha, un acteur qui n’a pas encore réussi à percer et qui, un soir, laisse son numéro de téléphone à une femme qui lui a tapé dans l’œil. Elle, c’est Tess, une mère célibataire qui fait une proposition pour le moins insolite à cet homme qu’elle ne connait pas : elle lui propose de jouer le rôle d’oncle pour sa fille Sienna, afin qu’elle ait une présence masculine dans sa vie. Mais tout change quand en août 2018, Sacha part avec Sienna en Toscane et que, dans le même temps, Tess est portée disparue suite à l’effondrement d’une partie du pont de Gênes. Que va devenir Sienna ? Qui est vraiment Sacha ? Que peut-il faire pour protéger la fillette ? Jusqu’où est-il prêt à aller par amour pour elle, si le pire devait arriver ?

Sacha est un mec un peu paumé. Des rêves plein la tête, il accepte ce rôle un peu insolite de tonton loufoque auprès d’une petite fille qui n’attend que ça, qu’on lui donne de l’amour. Quand survient le drame de Gênes, il est effrayé par la perspective de perdre Sienna, qui représente tellement pour lui. Inquiet, soucieux, voulant le meilleur pour elle, il va agir tel un père afin de protéger au mieux cette enfant qui a pris une si grande place dans sa vie et dans son cœur. Sienna est une petite fille pleine de vie, qui la croque à pleine dent et qui s’émerveille de tout ce que le monde a lui offrir. Toujours en quête de nouvelles expériences, elle voue une confiance aveugle à ce tonton qui est, pour elle, plus une figure paternelle qu’autre chose. Attachante et regardant le monde avec ses yeux d’enfant, elle est le personnage que j’ai préféré dans cette histoire. Enfin, il y a Tess, cette mère célibataire pour qui la vie bascule, une nouvelle fois, le 14 août 2018. Au départ, on sait peu de choses d’elle et sa requête auprès de Sacha peut paraître, il est vrai, un peu loufoque. Mais finalement, on la découvre au fil des chapitres et on se rend compte qu’elle a traversé bien des épreuves et que sa rencontre avec Sacha était peut-être un signe du destin….

Comme pour « la chambre des merveilles« , j’ai été envoûtée par la plume de Julien Sandrel. Efficace, visuelle, elle capte l’attention du lecteur dès les premières lignes et les pages se tournent sans même qu’on s’en rende compte. Émotionnellement, préparez-vous à avoir la larme à l’œil car l’auteur sait jouer avec nos nerfs et on passe de la crispation à l’espoir, du sourire aux larmes, en l’espace de quelques paragraphes. La narration alterne entre les protagonistes et les époques, ce qui permet de dynamiser la lecture et de ne pas se lasser. J’ai tout apprécié dans ce roman mais par moment, j’ai eu l’impression que ça allait très vite donc mon seul petit bémol serait d’avoir dû laisser repartir si vite tous ces personnages hauts en couleur et si touchants.

Pour conclure, Julien Sandrel confirme avec « Vers le soleil » qu’il s’est fait sa place parmi les auteurs français contemporain à suivre. Si vous aimé les histoires qui prennent aux tripes et qui offrent un dépaysement garanti, n’hésitez plus et foncez découvrir cette petite pépite.

Retrouvez ce roman sur le site des éditions Calmann Lévy