LE COEUR EN BRAILLE, une bande dessinée de Chamblain et de Nalin.

ROMAN GRAPHIQUE

Éditions Dargaud

Adaptation du roman de Pascal Ruter
Jusque-là, pour Victor, une année scolaire, c’est du saut à l’élastique sans l’élastique.
Ce qu’il préfère ? Écouter les Rolling Stones, se gaver de loukoums avec son copain Haïçam, parler mécanique avec son drôle de père… Mais lorsque Marie-José, génie absolue, déboule dans sa vie un beau jour de contrôle de maths, c’est tout son univers qui implose…
 
 
Pourquoi, soudainement, cette intello et violoncelliste de talent, a-t-elle besoin de lui ?
Une amitié étrange va naître entre ces deux ados que tout oppose. Vont-ils pouvoir cacher le secret de Marie-José jusqu’au bout ?

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2023
76 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Un immense coup de cœur pour ce roman graphique bouleversant et touchant. Adaptation du roman éponyme de Pascal Ruter, que je n’ai pas lu, Chamblain et Nalin nous plongent avec douceur dans un récit loin d’être ordinaire.

 

Il y a de ces lectures qui se doivent d’être vécues et LE COEUR EN BRAILLE en fait partie. Un récit émouvant porté par deux adolescents que tout oppose. Marie-José est une passionnée qui adore apprendre et qui ne peut pas se passer de son violoncelle. Victor est un rêveur qui n’aime pas l’école et qui ne lui trouve aucun intérêt. Dans sa tête tout se mélange et c’est bien difficile pour lui. Seuls les Panhard suscitent sa curiosité. 

 

Une jolie rencontre qui se concrétise sur une étrange amitié liée par un terrible secret. 

 

L’adaptation est magnifique tout en sensibilité et douceur. Nous suivons la naissance d’une incroyable amitié qui se transforme peu à peu en premier amour, les premiers sentiments qui soulèvent les montagnes. Sans vous en dire davantage, le récit explore la différence, la tolérance, l’acceptation, l’ouverture d’esprit et la confiance aux autres et en soi. Les illustrations sont poignantes et témoignent de la force des messages véhiculés. Les couleurs pastel apportent ce côté délicat a contrario du scénario.

 

A découvrir absolument !
 

LES MURAILLES INVISIBLES 1, une bande dessinée de Chauvel et de Rio.

SCIENCE-FICTION

Éditions DARGAUD

De nos jours, des murs invisibles et infranchissables surgissent du néant et segmentent la Terre en une multitude de zones. Dans chacune le temps s’écoule à des vitesses différentes… Lino, un homme de notre époque, croise un groupe d’explorateurs venant de Nostoc, une civilisation avancée située plusieurs siècles dans notre futur. Capables de franchir les murailles invisibles, ils sont à la recherche de la source de ces dernières. Alex Chauvel et Ludovic Rio (auteur de « Aion ») revisitent le voyage temporel dans cette série qui combine brillamment SF, dystopie et aventure.

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2023
92 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Le speech est accrocheur et la bande dessinée une tuerie.

 

Imaginer notre monde recouvert de bulles et dans chaque bulle la temporalité est différente. Et là, le concept est ouffissime !

 

Dès les premières pages, il est difficile de comprendre ce qu’il se passe réellement. On est dans l’ignorance et il faut attendre quelques pages pour enfin prendre conscience de tout. Ce que je retiens de cette bande dessinée, c’est le scénario de dingue. Le temps est un thème maintes fois exploré que cela soit au cinéma, en littérature et en art, mais ici il y a ce quelque chose qui interpelle : la multitude de temporalité en un instant X mais sur une localisation identique. Je suis réellement fan du récit. Ça change, c’est génial, intéressant, ingénieux et bluffant.

 

Les illustrations sont sympathiques et mettent en valeur le scénario. Je fais l’impasse sur les personnages. Ils sont assez nombreux et font figure d’explorateur de l’extrême. Peut-être que par la suite ils auront davantage de place dans le scénario. Ce premier tome est vraiment consacré à l’implantation de l’univers, des conséquences et des enjeux.

 

Un sacré coup de cœur pour cette bande dessinée qui se dénote !

HYPERYCON, une bande dessinée de Manuele Fior.

ROMAN GRAPHIQUE

Éditions Dargaud

1998, Teresa, brillante étudiante en archéologie, décroche une bourse et un poste à Berlin pour participer à la préparation d’une grande exposition sur la découverte du tombeau de Toutankhamon. Sa bible de travail, le journal d’Howard Carter.
Elle rencontre Ruben, un jeune Italien rêveur et fantasque, venu s’éclater à Berlin.
 
Parallèlement aux crises de couple dues aux insomnies chroniques de la jeune femme et à leurs moments intimes d’un amour passionné, leur histoire se révèle entre la Vallée des Rois et la folie berlinoise de la fin du XXe siècle. Qu’adviendra-t-il de leur futur ?
La temporalité chère à Manuele Fior raconte par cette romance deux époques qui se confrontent et s’entremêlent, unies par le motif de l’hypéricon, cette fleur aux mille vertus.

 

Ma note : 3/5
Nouveauté 2022
144 pages
Disponible au format numérique et cartonné

MON AVIS

Voici un roman graphique qui me tentait mais qui malheureusement n’a pas su me séduire. 

 

Manuele Fior nous plonge dans un récit rythmé par deux époques. 1922 et la découverte surprenante du tombeau de Toutankhamon par Howard Carter. 1998, Teresa qui s’apprête à vivre une expérience mémorable, la préparation de l’exposition sur ce dernier.

 

Berlin renaît de ses cendres. La ville est frénétique. Rien ne se fige, n’est suspendu à aucune attente. Teresa, insomniaque chronique, y trouve rapidement sa place et rencontre Ruben. La passion fulgurante. Les incompréhensions, la tension, le sexe, les disputes, ils s’observent, s’apprivoisent, se découvrent. 

 

Manuele Fior crie l’amour et la passion dévorante. Ses illustrations sont envoûtantes et douces et pourtant il s’en dégage une certaine force. Si j’ai compris le lien entre les deux époques, je n’ai malheureusement pas su donner un sens à cette dualité. Je n’ai pas été sensible aux subjectivités délivrées. Je reste donc sur ce sentiment d’inachevé et mitigé. Je suis passée à côté de ce roman graphique dont certain en parle avec frénésie.

FILLES UNIQUES, tome 2 : Céleste – une bande dessinée de Beka et Camille Méhu.

ROMAN GRAPHIQUE

Éditions Dargaud


Céleste se sent comme une tache qu’on souhaite effacer. Nulle, insignifiante, indigne de toute amitié. Chaque jour, elle se replie un peu plus sur elle-même et tente de se faire oublier. D’ailleurs, elle en est intimement persuadée, si elle ne faisait plus partie du Club des mal-barrées, les autres filles ne remarqueraient même pas son absence.
C’est qu’elle a l’habitude de se fondre dans le décor pour éviter qu’on la rejette, qu’on la fuie et, par-dessus tout, qu’on se moque d’elle.
 
Depuis quelques temps, Céleste reçoit des sms qui la dévorent. Des centaines de sms insidieux venant de trois numéros différents. Céleste est harcelée. Elle ne voit plus d’autre solution que de se résoudre à en parler à ses amies. Contrairement à ce qu’elle pensait, la réaction est immédiate dans le Club des mal-barrées. Quel que soit le moyen, Apolline, Chélonia, Sierra et Paloma sont bien décidées à démasquer les harceleurs. Mais le mal qui ronge Céleste est bien plus important qu’il n’y parait et les membres du Club ne sont pas au bout de leurs surprises.

Ma note 5/5
Nouveauté 2022
55 pages
Disponible au format numérique et cartonné


MON AVIS

Le club des mal-barrées est de retour pour une nouvelle aventure tout aussi douloureuse que la première. Ces cinq cachent derrière leurs apparences décontractées une colère bouillonnante. Derrière ses longs cheveux blonds, ses lunettes et cette tenue passe-partout, Céleste souffre, en silence. Seules ses nouvelles amies la tirent vers la lumière et pourtant elle se sent inutile.

 

Beka explore une nouvelle fois les affres de l’adolescence. Une héroïne mutique prise dans les mailles de l’harcèlement moral, physique et psychique. Prise dans cette spirale sans fin et angoissante, Céleste disparaît avec ce secret qu’elle n’a jamais avoué. L’aide est difficile à demander et pourtant le filles vont tout faire pour la sortir de ce gouffre béant de solitude, de tristesse et d’angoisse. Par ailleurs l’histoire continue d’explorer l’environnement proche de Paloma (tome 1) tout en découvrant de nouvelles informations et de donner quelques indices sur les autres filles. Le club des mal-barrées est plus fort que jamais grâce à une amitié solide et prêt à affronter les démons de chacune.

 

Les illustrations sont toujours aussi réalistes et chargées d’émotions. Si le premier tome est aux couleurs du feu celui-ci s’oriente davantage vers les ténèbres, le noir, le sombre.

 

En bref :
* un second tome chargé d’émotions
* une héroïne prise dans l’étau de la folie humaine
* un club de filles soudées
* une histoire d’un étonnant réalisme
* les illustrations de Camille Méhu sont saisissantes
 
Une saga à découvrir sans tarder !

CIRCÉ LA MAGICIENNE, une bande dessinée de Marazano et de Delmas.

FANTASTIQUE

Éditions Dargaud

Richard Marazano (scénario) et Gabriel Delmas (dessin)

Dans le chant X de l' »Odyssée » d’Homère et dans toutes les formes ultérieures de ce mythe, la magicienne Circé est présentée comme une femme fatale qui utilise le plaisir pour corrompre les sens des hommes.
Dans un style graphique réaliste, le récit proposé ici, bien qu’assez fidèle dans sa chronologie, propose une vision résolument différente de la version d’Homère :
raconté du point de vue de Circé, il se place du côté des femmes soumises à la violence de la domination masculine et contraintes de se défendre.

 

Ma note : 3/5
Nouveauté 2021
64 pages
Disponible en numérique et broché

 


MON AVIS

C’est la curiosité qui m’a poussé à ouvrir cette bande dessinée. Ne connaissant pas vraiment le mythe de Circé, c’est sans apriori que je me suis lancée dans cette lecture.

 

Je suis d’abord surprise par la couleur noire qui est très présente, jouant les contraste avec des transparences ou des couleurs plus claires. Circé vit sur son île plongée dans les ombres d’un désir contrarié celui de plaire aux Dieux, dans la magie et ses animaux. Circé est de mon point de vue, une victime des rouages patriarcaux et cette pénombre reflète certainement son état d’esprit contrarié et persécuté. De cette noirceur découle une atmosphère loin d’être chaleureuse et sinistre.

 

L’arrivée d’Homère sur son île est une occasion en or de satisfaire, enfin et peut-être, les Dieux. Entre mirage et mysticité, Circé parvient à l’envoûter.

 

Si l’ensemble est, à mes yeux, lugubre, le scénario est totalement captivant et m’a permis de découvrir un mythe passionnant. Le point de vue féminin est, je suppose, singulier.

 

Une belle découverte que je vous recommande.

MAGIC, tome 1 : La fillette aux cheveux violets, une bande dessinée de Lylian et de Molinatti.

LITTÉRATURE JEUNESSE

Fantastique

Éditions Dargaud

Lylian (scénario) et Molinatti (dessin)


Evelÿne est une fillette turbulente aux cheveux violets. Abandonnée à la naissance, elle a été élevée par des sœurs dans un couvent. Et du haut de ses 7 ans, on peut dire qu’elle leur mène la vie dure ! Chaque jour, elle fait les quatre cent coups aux côtés de Benedict, le chat adopté en même temps qu’elle.
 Finalement, rien de vraiment anormal pour une enfant. À un détail près : elle fait également parler les statues et voit des fantômes ! Cette particularité rend son éducation plus compliquée, d’autant qu’Evelÿne ne maitrise pas encore ses pouvoirs.
Les sœurs décident alors de la confier, ainsi que Benedict, au mystérieux Neil Farfadet, un chapelier londonien qui aidera la fillette à découvrir qui elle est vraiment. Une série de Lylian et Audrey Molinatti qui offre une plongée dans une Angleterre victorienne particulièrement kawaï, où vivent sorcières et créatures magiques !

 

Ma note : 5/5 mention « coup de cœur »
Nouveauté 2021
49 pages
Disponible en numérique et en broché

 


MON AVIS

Comment ne pas succomber à cette magnifique couverture ?

Dès le départ j’ai été séduite par les dessins. Des couleurs pastels, des courbes toutes douces et cette petite fille tellement adorable que j’ai eu envie de lui pincer les joues. Evelÿne est petite fille malicieuse et qui du haut de ses 7 ans rend folle les sœurs qui l’ont accueillie à sa naissance. Evelÿne est une petite farceuse qui aime faire des blagues de mauvais goûts. Des statues qui parlent et qui se meuvent, des phénomènes surnaturels que les sœurs ne peuvent plus contenir. C’est donc avec tristesse qu’elle confie la garde à un drôle de bonhomme. Monsieur Farfadet est chapelier à Londres et sous ses airs mystérieux cachent une magnifique réalité.

Evelÿne est bien désappointée de quitter le couvent mais grâce à la présence de Benedict, son chat noir, elle va affronter cette étape avec sérénité.

Un univers magique où les pouvoirs se doivent d’être cachés sous peine de moqueries ou de représailles.

Une très belle histoire. J’ai de suite été charmée par le scénario et les illustrations. Ici le kawaï joue parfaitement son rôle rendant l’héroïne attendrissante et un décor subjuguant. Le scénario est totalement captivant et pour un premier tome, la suite est prometteuse avec davantage de magie, je l’espère vivement. Le fil rouge de l’histoire est en place, je n’ai plus qu’à patienter pour connaître la suite de cette incroyable aventure.

A découvrir dès 8-9 ans pour les plus jeunes lecteurs et les plus grands ne pourront que se régaler !

Une chronique de #Esméralda

SAC A DIABLE, tome 1 : La Bruja a disparu ! une bande dessinée de Cardona et Mayen.

FANTASTIQUE

Cédric Mayen (scénario) Sandra Cardona (illustrations)

Éditions DARGAUD


Enfer et damnation ! La Bruja, la sorcière la plus puissante de sa sororité, a disparu ! Elle venait juste de créer un élixir capable de changer la face du monde…
Norah, sa nièce, inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles, décide de se rendre à son domicile. Alors qu’elle entre dans la maison de sa tante,
elle interrompt sans le vouloir un rituel d’invocation du Prince des Ténèbres, enclenché par erreur par Barbouillard, l’un des démons familiers de La Bruja.
Catastrophe : voilà le Diable coupé en deux, bloqué dans un pentacle et condamné à rester sur Terre ! S’il veut récupérer ses jambes et son trône, il doit passer par les cinq démons qui gardent la porte des Enfers. Norah veut bien l’aider, à une condition : qu’il lui donne un coup de main – ou plutôt de griffe – pour retrouver sa tante.
Et voilà comment le Diable se retrouve dans le sac à dos d’une jeune fille d’aujourd’hui, situation fâcheuse pour un personnage aussi illustre que lui…
Prenez un zeste de sorcières, ajoutez une pincée de démons, assaisonnez le tout avec une bonne dose d’humour et vous obtiendrez Sac à Diable, un excellent élixir à consommer sans modération !

 

Ma note : 3,5/5
48 pages
Disponible en numérique et broché
Nouveauté 2021

MON AVIS

La Bruja est une sorcière redoutée et renommée. Dans son repaire loin de tout, elle passe son temps à créer des potions magiques et la dernière sera son chef d’œuvre. Une goutte de ci, une pincée de ça, une patte par ci et une herbe par là, une incantation et sa potion sera une pure merveille.

 

Balai en main, direction le ciel pour une destination secrète. C’est ainsi que la Bruja disparaît.

 

C’est sa nièce, Norah, inquiète qui découvre la maison de sa tante dans un état catastrophique. Les petits compagnons esseulés de la sorcière ont lancé un sort qui évidemment s’est mal terminé. C’est ainsi que surgit dans la vie de Norah un démon, plus précisément la moitié d’un démon.

 

Avec l’aide de ce dernier, Norah part à la recherche de La Bruja et une drôle d’aventure l’attend.

 

Une bande dessinée haute en couleurs et où l’action est omniprésente. Une histoire à laquelle j’ai eu du mal à m’accrocher. Un scénario alambiqué qui part un peu dans tous les sens. Le format numérique n’aidant pas je n’ai pas su apprécié à la hauteur. Le personnage de Norah est intéressant notamment du fait qu’elle n’ait pas de pouvoirs magiques. Le diable est un sacré farceur et manipulateur. Je ne suis pas arrivée à cerner les aboutissants de ce premier tome et encore moins le fils rouge de cette saga. Petite déception pour ce premier tome où je m’attendais à de la magie en effervescence.
 

 

UNE CHRONIQUE DE #ESMÉRALDA

JOURS DE SABLE, un roman graphique de Aimée de Jongh.

ROMAN GRAPHIQUE

ÉDITIONS DARGAUD


Washington, 1937. John Clark, journaliste photoreporter de 22 ans, est engagé par la Farm Security Administration, l’organisme gouvernemental chargé d’aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Sa mission : témoigner de la situation dramatique des agriculteurs du Dust Bowl. Située à cheval sur l’Oklahoma, le Kansas et le Texas, cette région est frappée par la sécheresse et les tempêtes de sable plongent les habitants dans la misère.
En Oklahoma, John tente de se faire accepter par la population. Au cours de son séjour, qui prend la forme d’un voyage initiatique, il devient ami avec une jeune femme, Betty. Grâce à elle, il prend conscience du drame humain provoqué par la crise économique. Mais il remet en question son rôle social et son travail de photographe…
Ma note : 5/5 mentions « coup de cœur et incontournable 2021 »
288 pages
Disponible en broché et en numérique
Nouveauté 2021


MON AVIS

Comme la plupart du temps j’ai choisi cette lecture pour sa couverture et non pas pour son résumé. J’aime être surprise au cours de mes lectures et quand elle se terminent par un immense coup de cœur, c’est le Graal ultime.

 

Les États-Unis subissent de plein fouet la grande dépression. Un contexte économique tendu où les plus pauvres, les ouvriers, les agriculteurs, les petites mains peinent à survivre.

 

John est photographe non pas par choix mais par conviction qu’au moins une fois dans sa vie son père, également photographe de renom, puisse être fier de son fils. Pourtant John a le talent, la patience, et l’œil. Une certaine beauté résulte de ses clichés. Dernièrement, il vient d’être employé par la FSA. Son but : rendre état de la population résidant au cœur du Dust Bowl, ancienne région agricole riche et prospère qui subit depuis quelques années une sécheresse sans pareille occasionnant régulièrement des terribles tempêtes de sables.

 

Cet objectif lui semble noble. Une aide précieuse pour ces habitants. Mais ces premiers pas dans ce village à semi abandonné est un choc. Le sable omniprésent, des habitants inquiets et inquiétés, la méfiance, la peur, la désillusion. Ces habitants vivent ici depuis des générations. L’élevage et l’agriculture y sont tel un eldorado qui vireront bientôt au cauchemar, à l’enfer. Les enfants vaquent à leur occupation, il n’y a plus école depuis de nombreux mois. Les hommes tentent tant bien que mal à faire vivre leurs familles, les femmes sont démunies.

 

Ses premières approches sont maladroites. Il essuie de nombreux refus. Navré de ce porte à faux, il se remet en question est tente à nouveau une nouvelle approche. Les portes s’ouvrent timidement, leurs histoires fleurissent, leurs maux s’épanchent. Quitter leurs terres est l’unique solution pour ainsi préserver les enfants qui s’essoufflent, les vies qui s’étiolent.

 

Les photos s’agglutinent. Des clichés vibrants, parfois mis en scène (rarement), des familles décharnées.

 

Puis il rencontre la jolie Betty, veuve et enceinte. Elle lui montre la beauté cachée derrière la solitude des sables mouvants. Elle lui apprend l’entraide. Elle lui prouve que la famille est sacrée au delà des souffrances. Elle lui prouve que la vie se doit d’être vécue pour soi.

 

Ce roman graphique est de cette beauté parfaite qui met en exergue la douloureuse réalité. La fiction est mise en œuvre pour décrire une réalité historique prégnante et difficile. Les illustrations sont bouleversantes. Le sable s’infiltre partout, s’invite dans les moindres interstices, mordant la poindre parcelle de vie. Le personnage de John est touchant. Touchant dans sa solitude, son dévouement, son désœuvrement, son empathie, son histoire. Un personnage sombre qui va se révéler au côté de l’éblouissante Betty débordante de gentillesse et d’amour.

 

JOURS DE SABLE est émouvant. Ce foisonnement de vies fauchées par la triste réalité, produit de la main de l’homme. Je suis sortie de cette lecture subjuguée. Un roman graphique foudroyant et terriblement humain !

 

UNE CHRONIQUE DE #ESMÉRALDA

EXTINCTIONS, LE CRÉPUSCULE DES ESPÈCES, une bande dessinée de Jean Baptiste de Panafieu et de Alexandre Franc.

ROMAN GRAPHIQUE

ÉDITIONS DARGAUD & ÉDITIONS DELACHAUX ET NIESTLÉ

SCÉNARIO : De Panafieu

ILLUSTRATIONS : Franc


Sur une île de l’océan Arctique, les journalistes Emma et Luis vont pendant deux mois suivre une équipe scientifique qui étudie le risque mortel que fait peser le réchauffement climatique sur la faune et la flore.
Comment des espèces entières sont-elles amenées à disparaître ? Que dit la science de la sixième extinction de masse que nous vivons aujourd’hui ? Quelles étaient les cinq premières ? Comment se sont-elles produites et dans quel contexte ? Et après nous, le déluge ?…
 
Ma note : 4,5/5 mention « à découvrir »
128 pages
Disponible numérique et cartonné
Nouveauté 2021
Le biologiste Jean-Baptiste de Panafieu et le dessinateur Alexandre Franc nous offrent une description détaillée de ces phénomènes aussi fascinants qu’inquiétants. Avec humour et précision, ils expliquent la disparition des espèces actuelles et les conséquences de cette sixième extinction.

MON AVIS

En démarrant la lecture de ce roman graphique j’étais loin de me douter qu’il allait me faire flipper et me mettre mal à l’aise à ce point là. Si vous pensez que cela est péjoratif, vous vous trompez. Je pense que l’auteur a réussi son pari de nous ouvrir les yeux sur l’avenir de notre planète.

 

Grâce à deux journalistes quelque peu maladroits et une équipe scientifique, nous suivons leurs pérégrinations sur cette île de l’océan Arctique. Pas à pas, nous découvrons les traces du passé. Les différentes extinctions au nombre de cinq et les différentes évolutions des espèces vivantes. Bien évidemment le sujet dérive sur notre époque et les signes précurseurs de la sixième extinction qui nous ne leurrons pas à débuter depuis plusieurs décennies (l’anthropocène). Le plus ennuyeux est le fait que l’homme est à l’origine de cette sixième extinction. Et je vous assure que j’ai sacrément eu les boules. La surexploitation des terres , la surconsommation, la surpêche, l’augmentation de la température contribuent malheureusement à cela. L’auteur glisse tout de même de l’optimisme en suggérant que malgré la fin de la vie telle que nous la connaissons, elle saura s’adapter et évoluer. Les Hommes ne seront plus nous et les espèces vivantes aussi.

 

J’ai adoré ce roman graphique qui vulgarise la science. La science qui explique notre monde avec une telle simplicité est vraiment à mettre dans les mains de tous. J’ai beaucoup aimé les illustrations qui se veulent naturelles et singulières. Parfois des photographies ou des documents se glissent dans les planches. Le scénario accessible se veut parfois coquasse et l’ambiance conviviale. 

 

Une lecture qui ouvre les yeux et jette un grand froid. Je me suis sentie démunie face à cette situation et étrangement apeurée face à cet avenir délicat. Tout cela est si inévitable ! Une lecture qui interroge le lecteur et soulèvera bon nombres de débats. En parler entre nous c’est déjà un premier pas et peut être que collectivement une solution s’imposera. Mais dans notre monde individualiste et capitaliste (de mon point de vue pas celui de l’auteur) il me semble ardu de mettre en œuvre une solution de préservation. Si le protocole de Kyoto est de bonne augure, le temps joue en notre défaveur. Nos enfants et nos petits enfants seront les témoins d’une nouvelle ère qui malheureusement ne s’annonce pas sous des meilleurs auspices.

 

A découvrir de toute urgence !

 

UNE CHRONIQUE DE #ESMÉRALDA

FILLES UNIQUES, tome 1 : Paloma, un roman graphique de Beka et Camille Méhu.

ROMAN GRAPHIQUE

ÉDITIONS DARGAUD

Beaka (scénario)

Camille Méhu (dessins, couleurs)


Apolline, Céleste, Chélonia et Sierra sont scolarisées dans le même établissement. Ces jeunes filles ont un point commun : elles sont isolées, mises à l’écart par les autres, parfois harcelées. Un jour, Chélonia décide de les réunir pour leur faire une proposition. Elle aimerait fonder avec elles le « club des mal-barrées ». Sa raison d’être : leur permettre de briser leur solitude et de devenir plus fortes, en somme, pour enfin « exister pleinement ».
Ma note : 5/5 mention « incontournable 2021 »
56 pages
Disponible en cartonné et en numérique
Nouveauté 2021
Leur premier objectif consiste à convaincre Paloma de les rejoindre. Adolescente rebelle et solitaire, celle-ci a épuisé plusieurs familles d’accueil. Elle vit désormais chez Liselotte, une femme habituée à héberger des jeunes en difficulté. Les quatre nouvelles amies pourront-elles l’aider à surmonter son passé ?
Dans ce premier tome d’une série en cinq volets, servi par le trait subtil et les couleurs sensibles de Camille Méhu, les BeKa abordent avec justesse les thèmes de l’adolescence difficile et des dysfonctionnements familiaux.

MON AVIS

Ce premier tome a été un sacré coup de cœur ! En commençant je n’aurai jamais cru ressentir autant d’émotions et d’empathie pour ces quatre filles uniques et mises au banc de la société. Ce premier tome est consacré à Paloma. Depuis son plus jeune âge, elle écume les familles d’accueil, trimballant derrière elle un foutu passé où sa voix n’a pas été entendue. 

 

Sous l’impulsion de Chélonia, une geek pleine de surprises, celle ci décide de créer ce groupe de filles. Elle les a longuement observées et en est arrivée à la conclusion qu’elle étaient toutes rejetées par ce système de normalisation. Mais Paloma n’est pas d’accord. Elle préfère être solitaire et affronter la vie telle qu’elle se présente. Faire confiance aux autres n’est pas sa tasse de thé, elle a bien été trop déçue par le passé. Rebelle dans l’âme, elle mène la vie dure à Liselotte, une vieille dame qui a le cœur sur la main et l’âme généreuse. Pas à pas, cette dernière va apprivoiser la jeune fille et Chélonia, Apolline et Céleste vont tout tenter pour que cette dernière intègre leur super groupe.

 

J’ai été sensible à l’histoire de Paloma, cette petite fille qui a été blessée très jeune par la vie. Elle a beaucoup de mal à s’attacher et à donner sa confiance aux adultes qui l’entourent. Un cœur blessé et une âme en flamme, Paloma préfère l’effervescence d’un groupe à la solitude. Une jeune de fille de caractère et aux idées bien arrêtées qui pourtant va se laisser tenter par se regain d’intérêt. Le scénario des Beka est sensationnel et profond. Ils traitent avec cette honnêteté ôtée de filtres les difficultés à l’intégration et à la différence, mais ils souhaitent également mettre en évidence qu’après un mauvais départ dans la vie, les chances sont, là, présentes et qu’il faut savoir en saisir la main tendue. Une scénario sensible et terriblement touchant mis en lumière par les illustrations sublimes de Camille Méhu qui retranscrit à merveille les émotions des personnages.

 

Une joli coup de cœur pour ce roman graphique, hâte de découvrir les aventures des autres filles uniques !

 

UNE CHRONIQUE DE #ESMÉRALDA