LE SANG DE LA CITÉ, tome 1 – Un roman de Guillaume Chamanadjian.

FANTASY

Éditions Aux Forges de Vulcain

Enfermée derrière deux murailles immenses, la Cité est une mégalopole surpeuplée, constituée de multiples duchés. Commis d’épicerie sur le port, Nox est lié depuis son enfance à la maison de la Caouane, la tortue de mer. Il partage son temps entre livraisons de vins prestigieux et sessions de poésie avec ses amis. Suite à un coup d’éclat, il hérite d’un livre de poésie qui raconte l’origine de la Cité. T
rès vite, Nox se rend compte que le texte fait écho à sa propre histoire. Malgré lui, il se retrouve emporté dans des enjeux politiques qui le dépassent, et confronté à la part sombre de sa ville, une cité-miroir peuplée de monstres.

 

Ma note : 4/5
Nouveauté 2021
416 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Je vous invite aujourd’hui à plonger au cœur de La Cité. Bigarrée, insolite, tumultueuse, elle est une entité entière qui vit au rythme de ses habitants, de ses duchés.

 

Nox est le héros des poèmes qui se transmettent de maisons en maisons. Un héros malgré lui qui n’est dû qu’aux circonstances de son enfance. Contrairement à sa grande sœur, la modestie lui sied. Livreur pour une épicerie renommée de la cité, sa vie est assez simple. Sauf lorsque sa sœur décide d’attiser le feu entre duchés et qu’il se voit obligé de faire amende honorable. Nox est un gentil garçon, débrouillard, intelligent, curieux, bienveillant, niais, pur et il a un talent inné avec les mots. Se confronter aux manigances de la politique ne faisait pas du tout partie de ses aspirations. Découvrir les secrets sombre de la cité, ne l’était pas davantage. Alors quand la Cité s’embrasse toute sa vie s’en trouve chambouler.

 

Ce premier tome est totalement incroyable. L’univers est d’une richesse sans précédent. Les détails sont nombreux au point qu’imaginer la cité est un jeu d’enfants. Du bruit, de la couleur, du mouvement, les sensations, la vue, l’odorat, le goût, tout devient palpable. Une immersion réussie et parfaite. C’est vertigineux. Comme tous les premiers tomes, celui-ci ne déroge pas à la règle et pose les éléments nécessaires à l’intrigue. Le rythme n’est pas très soutenu et les chapitres sont longs. Mais il y a cette attente particulière qui s’installe au fil des pages. Tu sais celle qui te laisse présager que l’auteur n’a pas dévoilé toutes ses cartes. Le final est survolté totalement inattendu. La plume de l’auteur est minutieuse et magique.

 

Ce premier tome est une excellente mise en bouche où l’intrigue n’est qu’à ses prémices. Le personnage principal, Nox, est assez charismatique et attachant et surtout n’a pas encore révélé tout son potentiel. Un brin de magie s’invite également dans le récit mais il est encore impossible de définir sa place dans l’intrigue.

 

A découvrir absolument pour les fans de fantasy ! 

 

ASSOIFFÉS, un roman ado de Tracy Wolff.

FANTASTIQUE

Éditions PKJ

Tome 1/4
Seule mortelle dans une académie fréquentée par des créatures surnaturelles, comment Grace survivra-t-elle ?
Mon monde a basculé le jour où j’ai atterri au lycée Katmere. Me voilà, simple mortelle, au milieu de vampires, de loups-garous, et autres êtres surnaturels. Une seule chose semble unir ces créatures de la nuit : elles me détestent. Au point d’espérer ma mort ?
Que faire, alors, de Jaxon, l’énigmatique vampire dont je ne peux me détacher ? 
Avec ses souffrances ancestrales, ce séduisant immortel m’attire plus que de raison. Pourtant, me rapprocher de lui pourrait bien mettre tout le monde en danger…
Et si quelqu’un voulait m’utiliser comme appât ?

 

Ma note : 3/5
Nouveauté 2021
576 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Il est beau, il est intrigant. Vous l’avez vu ici et là sur les réseaux. Vous avez peut-être succombé ou non.

 

La première approche s’est faite en demi-teinte. Le synopsis ne peut que vous rappeliez la saga Twilight et vous aurez raison de faire ce parallèle. Même univers mais absolument pas les mêmes enjeux et surtout personnages sensiblement identiques.

 

Une grande partie de ce roman contextualise les bases de l’univers, des enjeux et des personnages. Un château gothique isolé en Alaska, des lycéens atypiques et Grace, l’unique humaine. L’enceinte devient rapidement une poudrière où la moindre étincelle provoquerait des dégâts majestueux. L’héroïne n’est bien évidemment pas au courant de ce monde. Tu vois le quiproquo et le merdier qui se profilent.

 

Pour en revenir à cette première partie qui à mon sens est longue et un peu ennuyante et surtout bourrée de quelques clichés ici et là. Grace est un personnage naïf qui n’a pas du tout de chance et qui doit se confronter aux décès de ses parents, à un déménagement conséquent et une peur viscérale qui ne la quitte pas. Le récit se déroule sur un laps de temps trop court où je suis passée par tout un tas d’émotions aussi négatives qu’euphorisantes. Il a fallu attendre le moment fatidique pour que l’intrigue accélère et délivre les premiers éléments d’un scénario qui se déroulera sur les quatre tomes. Manipulation, vengeance, convoitise, faux semblants agrémentent des rebondissements plutôt intéressants et précipités. Un roman ado ne serait pas le top sans une belle romance entre les protagonistes principaux et le tout, s’il vous plaît, saupoudré de magnétisme puissant, de baisers langoureux, et de romantisme sous les aurores boréales (comment ne pas craquer !). 

 

Ce premier tome ne me correspond pas, du moins dans mes attentes exigeantes. Je me suis ennuyée tout du long, levant souvent les yeux au ciel tout en attendant le moment X où l’histoire basculerait dans ce mood hyper addictif. Alors oui les derniers chapitres ont titillé ma curiosité et je ne vous cache pas que le final est un poil frustrant. La plume de l’auteur est simple et surtout efficace malgré parfois des redondances au niveau des sentiments de Grace. Malgré de nombreuses maladresses, je crois sincèrement que ce roman ado vaut le détour et le tome 2 me donnera peut-être raison. J’ai l’impression que l’auteure ne nous offre qu’une mise en bouche ridicule. J’espère vraiment être bien plus enthousiaste par la suite car il y a un sacré potentiel. 

 

DEAR DEATH FRACTURES, une romance de Cecilia Armand et de Marjorie Khous.

DARK ROMANCE MM

Black Ink Editions
« L’un est en prison, condamné à l’injection létale tandis que l’autre s’accroche à la vie. »
Lorsque certains s’aiment pour le meilleur, je suis davantage attiré par le pire.
Joshua a tout juste quinze ans lorsque je pose un revolver sur sa tempe en lui laissant un choix : appuyer sur la détente ou m’aimer.
J’ignorais que cette décision allait me conduire dans le couloir de la mort, à divaguer entre la violence et la folie.
Si j’étais habitué à marquer son corps d’hématomes, son absence m’a poussé à me rouler dans des draps souillés. À posséder des hommes qui lui ressemblaient. À les mutiler et les briser pour mieux les profaner.
Les années de solitude ont créé le Pianiste de Dakota. Loin de lui, je suis devenu ce meurtrier au visage d’ange, enfermé derrière les barreaux, à ne plus rien attendre de l’avenir.
Jusqu’à ce qu’un gardien me tende cette lettre…
Si j’avais su où cela nous mènerait, y aurais-je seulement répondu ?

 

Ma note : 4/5
588 pages
Nouveauté 2021
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Par où commencer, il y a tant de choses à dire. 

 

L’incipit annonce directement la couleur (hop une petite revisite d’une certaine histoire). C’est du lourd ! Tu sais, celui qui va te réduire en bouilli, te laminer la tête, te broyer les tripes. En même temps c’est une dark romance. Mais de cet acabit, je n’y étais pas préparée.

 

Joshua et le pianiste de Dakota c’est une histoire d’amour destructrice, passionnelle, violente et d’une rare ampleur. Deux jeunes hommes qui ont grandi dans la violence et l’abandon. Deux jeunes hommes qui n’attendaient plus rien de la vie. Survivre avant de vivre. Toucher le fond pour se sentir vivre. Les poings pour sentir le sang battre. Les plaies pour sentir l’air emplir les poumons. Une relation toxique, dominants les maux, détruits dans l’âme. 

 

Cecilia Armand et Marjorie Khous nous offrent une romance épistolaire insaisissable, transcendante et bouleversante. Une délivrance, un exutoire, la déchirure de deux âmes pourfendues, meurtries. C’est une lecture sans réelle surprise, je me suis laissé porter par ce quatre mains à l’harmonie parfaite. Je regrette un schéma narratif répétitif et étouffant. L’effet est compréhensible mais une certaine monotonie s’installe même si sur la fin il y a une légère amélioration. C’est une lecture hyper sombre où aucune lumière n’est salvatrice. Le noir et le rouge embellissent un récit dramatique. La folie égraine ses notes. L’amour déclenche la déraison. Les cris pourfendent les cieux. Les larmes noient l’indicible. La passion agite les maux.

 

Ma curiosité malsaine m’a poussé à aller jusqu’au bout. Si l’intensité tient en haleine, le récit manque d’un certain relief, de surprises. 

 

NE M’OUBLIE PAS une bande dessinée d’Alix Garin.

ROMAN GRAPHIQUE

Éditions Le Lombard


La grand-mère de Clémence souffre de la maladie d’Alzheimer. Face à son désespoir, elle prend la décision de l’enlever de la maison de retraite et de prendre la route en quête de l’hypothétique maison d’enfance de sa mamie.

Une fuite, une quête, un égarement, l’occasion de se retrouver ? À moins que ce ne soit plutôt des adieux…

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2021
224 pages
Disponible au format numérique et cartonné

MON AVIS

Voilà je l’ai enfin lu. Vous avez été nombreuses et nombreux à me le recommander sur Instagram et c’est chose faite.

 

Ouvrir ce roman graphique c’est vivre une incroyable aventure humaine. C’est découvrir ce lien indéfectible qui lie cette grand-mère atteinte d’Alzheimer et sa petite fille qui a le cœur déchiré de la voir dans ce mouroir. C’est sourire face à l’innocence de ce drôle de duo. C’est rire aux éclats. C’est pleurer face au désœuvrement et à la maladie. C’est être en colère devant l’imbécillité humaine. C’est croire que tout est possible. C’est rêver. C’est se souvenir. C’est courir. C’est tout.

 

Alix Garin a le pouvoir incroyable d’émouvoir autant par son récit que par son dessin doux et poétique. Une immersion déchirante mais d’une langueur sans pareille comparable à un cocon douillet. Une vraie histoire humaine qui peut faire écho à bon nombre d’entre nous. Extraordinairement incroyable, ce roman graphique est d’une intimité bouleversante. Les personnages sont attachants et émouvants avec ce grain de folie improbable.

 

C’est touchant, bouleversant, c’est à lire absolument !

TANANARIVE, une bande dessinée de Sylvain Vallée et de Mark Eacersall.

ROMAN GRAPHIQUE

Éditions Glénat – Collection 1000 feuilles

Mark Eacersall (scénario) – Sylvain Valléé (dessins)

Il n’est jamais trop tard pour vivre une grande aventure.
Au soir d’une vie rangée et précautionneuse, un notaire en retraite va partir à l’aventure pour la première fois de son existence. Petite aventure, mais véritable odyssée pour lui. 
Lancé aussi vite que ses vieux os le lui permettent sur les traces d’un hypothétique héritier, au volant d’un coupé qui n’avait jamais quitté le garage et accompagné d’un curieux passager, il va découvrir qu’il n’est jamais trop tard pour en apprendre sur les autres… et sur soi-même.

 

Ma note 5/5
Nouveauté 2021
120 pages
Disponible au format cartonné

 


MON AVIS

Le temps a un drôle d’effet sur la vie. Pour certain il ralenti pour vivre des expériences hors du commun. Pour d’autre il devient un poids lourd a traîner. Et inévitablement il mène vers cette grande porte qu’est la mort. Alors qu’elle s’abat violemment sur son meilleur ami de voisin, le pantouflard ancien notaire décide l’impensable et se jette d’abord par désespoir à la recherche de ce héritier.

 

Dans sa vielle Triumph, il parcourt les routes, doute, s’énerve, ose, recule devant ces vérités qui ne colle pas au personnage de son défunt ami. Mais la persévérance s’installe, l’audace s’empare de lui. Deviendrait-il courageux ? Quel donnerait-il au courage ?

 

Une quête hors du commun sur le chemin hasardeux de rencontres, de déconvenues où au bout attendent un certain apaisement, des réalités déplaisantes et concrètes, un cadeau le plus merveilleux.

 

J’ai de suite été charmée par cette histoire d’un réalisme surprenant pourtant la fabulation est la base de ce récit. Surprenante, entraînante, le scénariste nous plonge au cœur de cette épopée avec une certaine malice et la conviction ultime que tout doit être encore écrit. Entre poésie et humour, ce road trip est rafraîchissant. Les illustrations sont d’une jolie finesse et met en évidence les émotions qui jalonnent le récit. Parfois tendres ou dures, saupoudrées d’un brin de fantaisie elles m’ont davantage immergé.

 

Coup de cœur pour cette incroyable bande dessinée qui porte en elle un incroyable secret d’une profonde humanité !

LE PROCESSUS, un roman ado de Catherine Verlaguet.

LITTÉRATURE JEUNESSE

Éditions du Rouergue – Collection Doado

Sélection #mespremieres68

Claire et Fabien l’ont fait. Elle y pense tout le temps, depuis. C’était il y a quinze jours. Quinze jours que ça prend toute la place dans sa tête. Ça lui colle des papillons dans le ventre, des frissons sur la peau. Mais ce matin, ce n’est pas à ça qu’elle pense : c’est à ce petit retard de règles. Un jour. Un petit jour, un seul, mais déjà les questions se bousculent. Des questions terrifiantes, des questions d’adultes. Et les réponses, elle devra les trouver seule, avec ou sans Fabien.

Ma note : 4/5
Nouveauté 2021
64 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Cette nouvelle porte la voix de millions de jeunes filles. Court récit qui s’apparente à une pièce de théâtre, Catherine Verlaguet fait don de sa plume pour exprimer ce moment où la confrontation avec soi même est inévitable. Cette histoire a ce caractère essentiel et libérateur, apprend à ne pas culpabiliser peu importe le choix final, et surtout à être en adéquation avec soi même. 

 

Un court récit immersif et prenant où la jeune héroïne oscille entre peur, envie et désespoir. Son cheminement de réflexion va la porter à considérer son corps comme étant à elle. Je peux qu’applaudir son courage et saluer l’ingéniosité de l’auteure.

 

Un roman à mettre dans toutes les mains des jeunes filles afin qu’elles apprennent à ne pas plier aux diktats de la société et être enfin libres comme elles l’entendent.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

LE GRAND MORT – Intégrale 2, une bande dessinée de Loisel, de JB Djian, de Mallié et de Lapierre.

FANTASTIQUE

Éditions Glénat – Collection Vents d’Ouest


Un monde détruit. La quête d’une vérité.
Rescapées du tremblement de terre qui a dévasté Paris, Pauline et Gaëlle tentent par tous les moyens de retourner en Bretagne. Ici aussi, la catastrophe a frappé. Elle s’est même visiblement répandue à l’ensemble de la planète. Naviguant au milieu des décombres en compagnie d’Erwan,
Blanche découvre peu à peu la nature du lien qui l’unit à cet étrange garçon de l’autre monde, Sombre. Erwan mesure quant à lui l’étendue des inquiétants pouvoirs de la petite fille… Ensemble, ils commencent à rassembler les pièces du puzzle dans ce monde détruit. La prêtresse hermaphrodite du Petit Monde aurait utilisé Pauline pour intervenir sur leur réalité par l’intermédiaire de Blanche. Erwan serait son unique espoir.
Retrouvez dans cette deuxième intégrale, regroupant les quatre derniers tomes de la série, l’univers du Grand mort, entre fantastique et récit post-apocalyptique. Ce magnifique ouvrage, augmenté de contenus additionnels de choix (croquis, recherches, illustrations), sera l’occasion de redécouvrir cette ambitieuse fable écologique imaginée par Loisel et Djian, et mise en image par la plume puissante et inspirée de Vincent Mallié.

 

 

Ma note : 4/5
Nouveauté 2021
272 pages
Disponible au format cartonné et numérique

 


MON AVIS

J’ai pu enfin lire cette seconde intégrale qui regroupe les derniers tomes de la série de 5 à 8.

 

 

Rien ne va plus, nulle part. Le monde s’écroule comme un vilain château de cartes. Les tremblements de terres, les phénomènes météorologiques violents et inexpliqués, les épidémies, la violence des hommes s’abattent sur le monde. Une course poursuite contre le temps est lancée. Pauline et son amie doivent à tout prix rentrer de Paris où elles ont pu récupérer la potion. Pendant que de son côté, Erwan découvre une petite fille atypique et un peu flippante.

 

 

Fable écologique, décor post-apocalyptique, difficile de ne pas faire un certain parallèle avec la réalité. Les auteurs nous proposent un scénario totalement haletant et terriblement efficace. Les personnages sont davantage dans l’entraide que dans le conflit. Leurs liens se renforcent. Les illustrations bien sûr sont excellentes. Le chaos, l’impuissance des personnages, le côté fantastique, les émotions sont parfaitement mises en scène. Si les enfants sont avant tout le symbole de la pureté, ici ce sont la destruction et le renouveau qu’ils représentent.

 

 

Une très belle découverte. Une saga irrésistible qui soulève de nombreuses questions sur nos habitudes de consommation, notamment, et qui ont une répercussion écologique évidente. Un scénario complet qui explore avec force et persuasion un thème assez hardcore.

DÉCOMPOSÉE, un roman de Clémentine Beauvais.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Éditions L’iconoclaste – Collection L’Iconopop

Sélection #68premièresfois

Un court roman en vers libres, d’une grande modernité, qui transforme notre regard et nos a priori sur la déchéance féminine.
Au bord d’un chemin, une femme gît, en décomposition.
Passant par là au bras de son aimée, un poète se délecte de cette vue infâme.
 
Clémentine Beauvais revisite avec audace le célèbre poème « Une charogne » de Charles Baudelaire. Elle imagine le destin de cette femme que l’histoire a bafouée, la faisant prostituée, chirurgienne, avorteuse, puis tueuse en série.
Un court roman à la forme inventive, impertinent et engagé.

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2021
128 pages
Disponible au format broché.

 


MON AVIS

Je n’ai jamais eu l’occasion de découvrir les romans jeunesses de Clémentine Beauvais, mais j’avais beaucoup apprécié sa traduction du recueil de poèmes « Chasseurs de lumière » de Tyler Knott Gregson aux éditions Presses de la Cité.

 

DÉCOMPOSÉE est singulier, atypique. Une beauté extravagante et éblouissante. L’exercice au départ n’est pas évident, mais le rythme s’installe doucement pour te prouver que la poésie n’a rien de ringard.

 

Ni poème ni roman, ce récit fusionne l’ancien et le futur avec habilité. Tableau alambiqué de vérités dérangeantes aux prises avec des thématiques fortes. Elle décompose la vie d’une héroïne banale épuisée par la vie. Des montagnes à la vie close parisienne, de l’émancipation à faiseuse d’anges, d’amoureuse à tueuse. Chaque note compose cette vie à la fois sauvage et revendicative, décharnée et réelle.

 

Son corps, dans le fossé, exultant un dernier souffle, déversant ses derniers espoirs, ses derniers rêves, se délitant, chairs arrachées putréfiées, berceau de la vie et de la mort.

 

Roman intransigeant, dérangeant, peignant l’horreur et la beauté du geste et des maux. Osé et généreux, il emporte, recompose la poésie sur cette musique attractive, battu par les mots qui choquent et s’entrechoquent. Un roman inspirant, réconciliateur, captivant aux multiples couleurs où seul le noir serait banni. 

 

Un très joli coup de cœur pour une histoire aussi passionnante qu’audacieuse.

 

 

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !
(dernière strophe « La charogne » de Charles Baudelaire)

LE CHŒUR DES FEMMES, un roman graphique de Aude Mermilliod.

BANDE DESSINÉE

Éditions Le Lombard


Jean, major de promo et interne à l’hôpital, doit faire un stage en soins gynécologiques aux côtés du docteur Karma. Mais elle veut faire de la chirurgie, et non écouter des femmes parler d’elles-mêmes et de leur corps ! Elle se désespère de passer son temps auprès de ce médecin qui privilégie l’écoute à la technique.
Contraception, maternité, violences conjugales, avortements… de consultations en témoignages, Jean pourrait bien pourtant changer sa vision de la médecine.
Une adaptation sensible et puissante du roman culte de Martin Winckler.

 

 

Ma note 5/5
Nouveauté 2021
240 pages
Disponible au format numérique et broché

 

 


MON AVIS

Vous avez peut-être déjà succombé à ce magnifique roman graphique. Si ce n’est pas le cas, alors il est temps de le découvrir.

 

Jean est un personnage atypique. Son caractère a été forgé par sa différence. Convaincue de devenir chirurgienne, son prochain stage ne l’enchante guère. Et pourtant elle pourrait y apprendre bien plus que dans ses bouquins.

 

Je viens de comprendre (et il était temps) que les images et les mots ne partageaient pas forcément la même émotion. Nous sommes plus sensibles à l’un ou à l’autre. Ce roman graphique est sans contexte un des plus magnifiques que j’ai pu lire jusqu’à présent. Profondément humain, terriblement touchant et un personnage attachant qui finalement part à la conquête de son identité, et va prendre conscience qu’être une femme c’est souffrir en silence, souvent, et c’est magnifique (pas de souffrir). Des pages entières sont consacrées à des portraits de femme qui souffrent de leurs conditions.

 

Dans leurs simplicités et dans leurs suffisances, les illustrations évoquent la douceur, la compassion, l’abnégation et l’espoir. Je ne suis pas à même de juger si le scénario se rapproche du roman initial, mais il en tout point poignant et merveilleux.

 

Un roman graphique ouvert sur une multitude de rencontres qui sans aucun doute pourfendent le cœur et qui portent les Femmes au cœur de leurs vies.

 

 

 

365 JOURS, une romance de Blanka Lipinska.

ROMANCE ÉROTIQUE

Éditions Hugo Roman – Collection New Romance

Tome 1/3

Don Massimo Torricelli est le chef d’une des plus puissantes familles mafieuses de Sicile.
Il y a plusieurs années, alors qu’on lui a tiré dessus, il se bat pour survivre, il a des visions d’une jeune femme. À peine sorti du coma, il fait réaliser des peintures du visage de cette femme qui l’obsède et qu’il n’a de cesse de trouver.
Laura Biel passe des vacances en Sicile avec son copain, Martin et des amis à l’occasion de son anniversaire. Depuis qu’elle est arrivée sur l’île, Laura a le sentiment étrange d’être observée, elle met cette sensation sur le compte de la fatigue et décide de profiter de ses vacances.
 
Malheureusement les relations entre Laura et Martin sont délétères. A tel point que Laura ne supportant plus l’attitude de Martin, quitte l’hôtel furieuse. Alors qu’elle déambule dans les rues du petit village sicilien, elle croise le chemin de Massimo.
Elle se réveille dans un lit inconnu, et se trouve devant celui qu’elle surnomme l’homme en noir. Il lui fait une proposition des plus étranges : rester avec lui pendant les 365 prochains jours, et si elle n’est pas tombée amoureuse de lui d’ici là, il la laissera partir. Massimo lui affirme qu’il ne fera jamais rien sans son consentement, qu’elle n’a rien à craindre de lui.
Laura est animée par des sentiments contradictoires, elle est à la fois extrêmement attirée par le beau Massimo, et hors d’elle d’être retenue contre son gré.
Une relation d’une sensualité dévorante va se nouer entre Laura la fougueuse et Massimo l’impétueux. Et ce n’est pas forcément celui que l’on imagine qui va mener la danse…
Un roman sexy et profondément romantique.

 

 

Ma note : 3,5/5
Nouveauté 2021
360 pages
Disponible au format numérique, broché et bientôt poche

 


MON AVIS

J’ai enfin eu l’occasion de sortir un livre de ma pile personnelle. Cette romance érotique me faisait de l’œil depuis la sortie. Au point de ne lire aucun avis dessus (pour éviter tout spoiler et autre) et de ne même pas savoir qu’une polémique avait éclaté dessus. Rien de mieux que la communauté bookstagram pour te mettre à jour. Et bien vous savez quoi les livres qui font polémique j’adore ça, d’une certaine manière cela les fait vivre. Le dernier en date qui avait éclaboussé la toile et qui avait attiré mon attention, était la dark romance de Maryssa Rachel, Outrages que j’avais adoré.

 

Ici point de coup de cœur mais un super moment de lecture.

 

Direction la Sicile au cœur d’un domaine ultra protégé. Le maître des lieux, à la tête de la Cosa Nostra, vient d’assouvir un des ses plus anciens désirs. Mettre la main sur la femme qui l’a hantée pendant son coma. Son rapt n’était pas du tout prémédité mais à fortiori c’était bien la seule solution pour avoir l’objet de ses désirs à portée de mains. En parfait gentleman il expose sa volonté. Si son apparence de gangster ne joue pas en sa faveur, il n’usera jamais de la violence et de la contrainte.

 

Laura n’est pas du genre à accepter toute proposition inconvenante et saugrenue pour les beaux yeux du type en face d’elle. A la moindre occasion elle retrouvera sa liberté même si l’attirance qu’elle éprouve pour le beau spécimen risque d’être son point faible.

 

365 jours privée de sa liberté cela à de quoi chambouler n’importe qui. Surtout quand le cœur n’en fait qu’à sa tête et que la raison s’est peut être barré à l’autre bout du monde.

 

Cette romance érotique ne fait pas allusion à la violence et à la soumission. Si les rapports sont quelque peu tendus au départ vous seriez surpris de la tournure qu’ils prendront. Je ne vous parle pas des scènes hyper érotiques et sexy, de la tension qui empreigne les personnages, et les nombreux rebondissements qui jalonnent le récit. Laura est à l’image des femmes caractérielles et indépendantes. Sa détermination est aussi farouche que sa nouvelle obsession. Alors il est vrai qu’elle est agaçante, souvent. C’est le genre de nana que tu peux adorer et l’instant d’après détester. Alors que Massimo est dans un certain contrôle prêt à exploser au moindre pépin.
Quand on parle de romance érotique souvent le point de comparaison est la fameuse romance de EL James (que j’ai vraiment pas aimé, au passage) et ce n’est vraiment pas lui rendre justice. 365 jours est vraiment addictif et je t’assure que je l’ai dévoré en quelques heures. Le fond du récit est intéressant. Une intrigue générale aux trois tomes apparaît et donc quelques révélations sont à prévoir. Sur la forme, la plume de l’auteure polonaise n’est pas aussi fluide que je l’aurais espérée. Quelques redondances viennent gâcher la lecture et il m’a manqué cette osmose qui change tout. J’ai beaucoup apprécié l’alchimie entre les personnages qui offrent des moments mémorables. 

 

Je n’ai pas envie ici d’évoquer cette polémique (qui peut être émane de la série Netflix ?) car chacun à son propre jugement. Cette romance ne m’a absolument pas choquée et dans l’ensemble je l’ai plutôt appréciée malgré quelques couacs. Je ne peux que vous inciter à découvrir cette trilogie surtout que le format poche vient juste de sortir.