MOI, CE QUE J’AIME, C’EST LES MONSTRES – Un roman d’Emil Ferris.

ROMAN GRAPHIQUE

Éditions Monsieur Toussaint Louverture

Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, adore les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même être un loup-garou: plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa voisine, la belle Anka Silverberg, se suicide d’une balle dans le coeur. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider ce mystère.
Elle va vite découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s’embraser et les secrets tapis dans l’ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. Journal intime d’une artiste prodige, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est un kaléidoscope brillant d’énergie et d’émotions, l’histoire magnifiquement contée d’une fascinante enfant. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionnisme féroce, les hachures d’un Crumb et l’univers de Maurice Sendak.

Ma note : 5/5
2018
416 pages
Disponible uniquement au format broché

MON AVIS

Que dire à part que ce roman graphique est juste fabuleux. 

 

Des illustrations d’une finesse exquise. Traits bruts, tourbillons d’émotion, folie de couleurs sur fond de noir et de bleu. Chaque page est une œuvre où les émotions s’entrechoquent, se bousculent, crient la fureur des mots, des regards et des cris. Un talent indéniable et qui surtout parle à tout le monde. Des dessins qui percutent dans tous les sens du terme pourtant il y a cet aspect apaisant, maternel. Ils pourraient se suffire à eux même tant ils sont expressifs. J’ai contemplé chaque page avec curiosité.

 

Et puis il y a l’histoire ancrée jusqu’au bout du stylo dans la réalité. Celle de Chicago, ville éprouvée, ville fantasmagorique, ville des souvenirs. Karen petite fille mais avant tout loup-garou va porter un intérêt tout particulier à l’assassinat de sa voisine. Une enquête sur le passé de sa jolie voisine qui a connu la seconde Guerre Mondiale et son côté obscur. Une plongée terrible au cœur de cette vie décousue. Une enquête qui se poursuit au cœur des émeutes liées à l’assassinat Du Dr Martin Luther King, du grand banditisme, du racisme, de la non-tolérance, des excès, des addictions, des craintes de la mobilisation de la guerre du Vietnam, du SIDA. Le plus surprenant est la présence omniprésente de chefs d’œuvres qui sont finalement le pivot d’un récit grandiose. 

 

C’est un grand oui pour ce roman graphique incluant aspect historique et sociétal.

 

Vivement la suite ! Non parce que le final est un tantinet frustrant ! 

DE LUNE ET DE SANG, un roman d’Erin Beaty.

THRILLER / FANTASY / YOUNG ADULT

Éditions LUMEN

Lorsque la lumière de la lune l’effleure, le monde de Catrin se métamorphose…
Au cœur de la ville de Collis s’élève un immense Sanctum, en construction depuis des années. Et sur la plus haute de ses flèches se dresse la silhouette de Catrin, jeune orpheline qui inspecte travaux et échafaudages pour le compte du maître architecte, Thomas. Un soir de pleine lune, en mission pour celui qu’elle considère comme son père adoptif, elle fait une chute vertigineuse et se blesse… 


Pire encore, l’espace d’un instant, elle a la vision sanglante d’un meurtre et entend les appels au secours d’une femme.
Lorsque le brillant et énigmatique Simon de Mesanos est chargé d’élucider le mystère, Catrin se retrouve entraînée dans une dangereuse spirale, où le tueur ne cesse de frapper, encore et encore. Grâce aux instincts d’une précision effrayante du jeune homme, expert en matière de folie criminelle, le duo tente de remonter la piste du prédateur… Tout ce temps, la jeune fille doit aussi protéger son propre secret – elle découvre peu à peu que la lune lui accorde des pouvoirs surnaturels qui pourraient bien faire d’elle une paria… mais pourraient surtout être la clef de tout.

Monstre en cavale, traque haletante sur fond de magie interdite, quête des origines… Catrin et Simon parviendront-ils à mettre un terme à ce macabre engrenage ? Après La Couleur du mensonge, Erin Beaty a concocté un monde imaginaire sensuel et envoûtant mâtiné de thriller psychologique qui vous fera frissonner à chaque nouvelle goutte de sang versé.

 

Ma note : 4/5
625 pages
Nouveauté 2023
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Comment ne pas craquer face à cette couverture si sublime ?! Quand on est faible comme moi, il est bien difficile de ne pas succomber surtout quand t’es en no buy (no mea culpa) !

 

Je n’avais absolument pas d’atteinte particulière sur ce roman. Si ce n’est de me laisser porter.

 

De Lune et de Sang nous plonge dans un univers plutôt médiéval au pied et au cœur d’une cathédrale en construction. Catrin, orpheline, a grandi à Collis au sein du couvent. Son intrépidité, sa curiosité et sa fougue lui ont permis de devenir l’assistante de l’Architecte du lieu saint. Son atout, ne pas avoir peur du vide, connaître minutieusement chaque échafaudage et les escalader nuit et jour pour assurer la sécurité de tous. Mais lors d’une de ses rondes, l’improbable se produit au clair de lune alors qu’une prostituée vient d’être assassinée, Catrin perçoit le monde d’une manière singulière prémices d’une grande aventure angoissante et révélatrice.

 

De Lune et de Sang est un roman subjuguant. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère lourde et oppressante. On est carrément ici au cœur d’un thriller et en young adult et fantasy, il me semble que c’est assez rare pour le signifier. L’univers médiéval est hyper intéressant. Les détails sur la cathédrale sont nombreux et confèrent ainsi cette touche historique que j’ai apprécié. J’ai craqué pour les personnages qui dans un sens sont mystérieux. L’alchimie entre Catrin et Simon de Mesanos est dans un premier temps timide et puis éclot dans la pagaille et le chaos. L’intrigue est très bien ficelée et malgré toutes mes suppositions et suspicions je n’ai jamais douté une seule seconde du coupable. Les détails sur l’univers sont rares mais le peu suffit à s’en faire une idée et à contextualiser. Une bonne partie du roman est long, pose les bases, quelques descriptions, la mise en place de l’intrigue et le positionnement de tous les personnages. Et puis il y a ce moment fatidique où tout s’emballe et il devient, alors, impossible de lâcher le roman. Ce moment correspond à la mise en avant de la magie et de Catrin (dans un sens).

 

Ce roman aborde de nombreux thèmes, comme la différence, la manipulation et les maladies mentales. Je ne rentrerais pas dans les détails sous peine de vous dévoiler les tenants et les aboutissants.

 

De Lune et de Sang est une chouette découverte. En espérant qu’il y ait peut-être une suite. Je découvre pour la première fois la plume d’Erin Beaty à laquelle j’ai très vite adhéré. Il ne me reste plus qu’à découvrir sa précédente trilogie en attendant !

 

 

LES DAMNÉS DU GRAND LARGE, une bande dessinée de Kristof Mishel et de Béatrice Penso Sechi.

THRILLER FANTASTIQUE

Éditions Drakoo


« Je colporte la plus étrange histoire qu’il vous ait été donné d’entendre, je vous l’échange contre un repas. » Il y a deux cents ans, un curieux voyageur fit résonner une taverne d’un inquiétant récit. Celui d’un navire pris dans la tourmente de meurtres inexplicables. Celui de cadavres de marins marqués d’un signe obscur, et d’un équipage terrorisé. 
Celui d’un jeune mousse au carnet rempli de monstres, qui semblait tout connaître des forces effroyables qui régissaient les eaux où le vaisseau s’était aventuré. Mais l’auditoire ne pouvait prévoir que derrière le récit fascinant du conteur se cachait quelque chose de plus sinistre que la mort elle-même…

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2022
56 pages
Disponible au format cartonné et broché

MON AVIS

Du drame, des frissons, du sang et des corps affublés d’une marque sanguinolente qui s’accumulent sur ce navire .

 

Huis clos immersif au large où seule la vie ne tient qu’au bon état du navire. A bord, ce petit garçon aux cheveux aussi blond que les blés toujours accompagné de son carnet où il dessine de cruelles vérités, celles d’un monde où les monstres ne vivent que pour la vengeance. 

 

Je suis très heureuse de retrouver la plume de Kristof Mishel. Toujours aussi spectaculaire, l’auteur a le talent indéniable de narrer la folie humaine et de nous plonger au cœur d’une atmosphère pesante et effrayante. L’auteur signe ici sa première bande dessinée et c’est une réussite. En 56 pages je suis passée par toutes les émotions : la curiosité, la compassion, l’anxiété, la haine et le soulagement. C’est une histoire qui aurait pu se dérouler à toute époque et dans n’importe quel décor, mais je dois avouer que sur ce navire il y a ce petit quelque chose qui rend le récit épique, presque magnifique et surtout envoûtant. L’imaginaire de l’auteur me fascine. Il y apporte cette petite touche personnelle, énigmatique et intellectuelle.
 
Je découvre le coup de crayons de Béatrice Penco Sechi, illustratrice qui a magnifiquement mis en valeur le scénario. Même si les dessins sont digitalisés, j’ai pu apprécier la palette des couleurs, les émotions des personnages et les petits détails en parfaite adéquation avec le récit.

 

Vous l’avez compris cette BD est un immense coup de cœur. C’est un tome unique et j’ose espérer que cette expérience sera renouvelée. Une BD sensationnelle où l’histoire ne vous laissera pas indemne au cœur d’un univers aussi glaçant que phénoménal. Une fable saisissante !

 

COME FIND ME, un roman ado de Megan Miranda.

THRILLER

Éditions BAYARD

Traduit de l’anglais par Françoise Nagel

Parfois, le danger veut se glisser dans nos maisons.
Parfois, on le laisse même entrer…
Depuis qu’elle a survécu au drame qui a frappé sa famille, Kennedy, seize ans, n’a plus qu’un but : poursuivre les recherches que menait son frère sur l’Univers et la vie extraterrestre.
Nolan, jeune lycéen d’une ville voisine, est, quant à lui, déterminé à découvrir ce qui est véritablement arrivé à son frère, disparu sans laisser de trace.

Kennedy et Nolan ne se connaissent pas, mais leur quête va les mener au même étrange signal. Une fréquence négative qui ne devrait pas exister. Un message qui semble les alerter.
Mais la menace qui plane sur eux peut-elle encore être écartée ?

 

Ma note : 4,5/5
Nouveauté 2022
432 pages
Disponible au format numérique et broché

MON AVIS

Voici un roman ado comme je les aime avec des personnages charismatiques, têtues, sont aux prises avec une situation qui défie tout entendement et le tout saupoudré de paranormal.

 

Kennedy et Nolan sont liés par le chaos qui a touché leurs familles respectives. Ils ne se connaissent pas pourtant un événement inédit va les pousser à emprunter le même chemin. Celui des réponses. Le même signal retentit à la fois dans le laboratoire du frère de Kennedy et dans la chambre du frère de Nolan. Un signal ouvrant les portes de toutes les possibilités. Et c’est en essayant de donner un sens et de le comprendre, que la vérité surgira au bout de cette quête.

 

Kennedy est une jeune fille qui baisse rarement les bras. Combative, ingénieuse, entêtée, acharnée, elle va mettre toute son énergie pour faire éclater la vérité. Nolan est un jeune homme effacé qui aime la solitude. Il trouve un apaisement au cœur de ses balades. L’arrivée de Kennedy fracasse sa tranquillité. Deux personnages diamétralement opposés mais qui d’une certaine manière comble leurs défauts respectifs. Ce roman ado est vraiment entraînant. L’auteure choisit dès le départ de nous plonger au cœur de l’action. Cela n’empêchant pas au fil des chapitres d’étoffer l’énigme. Le récit navigue entre présent et passé. Les émotions sont omniprésentes rendant leur histoire émouvante et trépidante. Bien évidemment l’histoire va connaître de nombreux rebondissements et vous serez étonné par le final.

 

Un thriller à la fois sombre et inquiétant qui nous pousse à chercher la vérité. La plume de l’auteure est totalement efficace et envoûtante. Les personnages ont ce quelque chose d’attachant et qui nous poussent à suivre leurs aventures. Derrière ce thriller se cache des thèmes importants comme le deuil, la confiance, l’amitié, la solitude, la famille.

 

Un thriller haletant et totalement irrésistible. J’ai tout simplement adoré.

LA NUIT DES ANGES, un thriller de Anna Tommasi.

THRILLER PSYCHOLOGIQUE

Éditions Préludes

#Babelio

Alice, jeune mère divorcée, décide après dix ans d’absence de revenir à Perros Guirec, la ville de son enfance. Elle espère en profiter pour retrouver sa famille,  des paysages familiers, et laisser derrière elle un passé douloureux. Mais dans ce coin de Bretagne chargé de souvenirs, l’angoisse s’installe rapidement : ses parents sont devenus des étrangers, son amour de jeunesse  est obsédé par l’enlèvement de sa sœur, qui a eu lieu vingt-cinq ans plus tôt, et les visages jadis connus  ne sont plus que des fantômes. Bientôt, c’est toute la ville qui est secouée d’un vent  de panique avec la disparition d’une fillette.
Le début  du cauchemar pour Alice, embarquée malgré elle dans une enquête à double vitesse, entre le passé et le présent…
Dans ce premier roman au rythme effréné, Anna Tommasi joue habilement avec le malaise, la perte de repères  et le poison des secrets enfouis. Un thriller maîtrisé  de bout en bout, impossible à lâcher !

 

Ma note : 5/5
Nouveauté 2022
320 pages
Disponible au format broché et numérique

 


MON AVIS

Voici un premier roman totalement sensationnel. Un premier roman prenant, angoissant et surtout porté par une héroïne tourmentée.

 

Alice n’a plus remis les pieds dans son village natal depuis de nombreuses années. Les souvenirs y étaient oppressants et destructeurs. Une fois prise par sa vie d’adulte et de mère, revenir ici ressemblait à une mission périlleuse. Fraîchement divorcée et accablée par son rôle de maman d’un enfant très particulier, elle ressent le besoin de revenir aux sources. Et c’est lors d’une occasion bien triste qu’elle décide de sauter le pas et de mettre de côté tous ses doutes.

 

Les embruns de l’océan et ses paysages apaisants enchantent Alice et son fils. Elle y retrouve son père, un brin soucieux, et sa mère fidèle à elle même, des amis et son amoureux, Teddy, de jeunesse. Une jeunesse bouleversée par la disparition tragique de sa meilleure amie. Les souvenirs rejaillissent tel un mauvais clown de sa boîte et la disparition d’une petite fille rallume le brasier de la folie et de la méfiance.

 

Entre passé et présent, Anna Tommasi instille une ambiance glaçante et inquiétante. Pas après pas, le lecteur se trouve plonger dans un récit surprenant. Les rebondissements s’enchaînent insufflant une atmosphère angoissante. Des indices s’égrènent lentement mais tiennent en haleine. Une certaine aura se dégage de ce thriller. J’ai vite été prise dans un étau glauque et malsain. D’un côté nous savons que nous avons à faire à un individu (non genré) qui représente la menace et de l’autre nous suivons avec frénésie les découvertes d’Alice et de Teddy. Le fils d’Alice a un rôle particulier dans le scénario et dans mon cœur. Un garçon atypique et à l’intelligence hors norme. Il instille une certaine pureté qui vient contrecarré la noirceur ambiante. Alice est une femme prise au dépourvu et surtout à un tournant crucial de sa vie. Elle a un besoin vital de reconnaissance et de gros câlins. Au niveau intrigue, je pense que je suis passée par tout un tas de suppositions qui ne se sont pas révélées justes. Et pour moi c’est le gros point positif d’un excellent thriller. Baladé le lecteur, distillé des indices qui nous font tourner en bourrique et surtout un final explosif, tout autant d’éléments que j’apprécie grandement. 

 

En bref :
* Une intrigue haletante
* Des personnages charismatiques et secrets
* Un thriller détonnant
* Un premier roman entièrement réussi
* Un final tonitruant
* Un fil rouge inquiétant et scotchant
 
Un immense coup de cœur pour le premier thriller psychologique d’Anna Tommasi qui nous mène par le bout du nez tout du long. C’est toujours délicat et bouleversant de mettre en scène la disparition d’enfants et Anna Tommasi a le talent de nous tordre les tripes.

 

Foncez !

DE L’OR ET DES LARMES, un thriller de Isabelle Villain.

THRILLER

Éditions Taurnada – Collection le tourbillon des mots


Jean-Luc Provost, le très médiatique entraîneur de gymnastique français, meurt dans un accident de voiture. La thèse du suicide, à seulement six mois des prochains jeux Olympiques de 2024, est très vite écartée. L’affaire, considérée comme sensible et politique, est confiée au groupe de Lost.
Pourquoi vouloir assassiner un homme qui s’apprêtait à devenir un héros national ? Rebecca et son équipe se retrouvent immergées dans un monde où athlètes et familles vivent à la limite de la rupture avec pour unique objectif l’or olympique. Ils sont prêts à tous les sacrifices pour l’obtenir. Jusqu’au jour où le sacrifice demandé devient insurmontable…

 

Ma note : 4/5
Nouveauté 2022
256 pages
Disponible au format numérique et poche

 


MON AVIS

Je suis très heureuse de retrouver Rebecca Lost dans cette nouvelle enquête policière.

 

Mon avis sera très succinct au risque de spoiler l’intrigue et ça serait vraiment dommage. Immergé dans le milieu sportif, le groupe de Lost va être confronté à un monde secret, sélect et mutin. Pourtant la résolution de cette enquête est attendue avec impatience. Pas après pas, entrevues après entrevues, un motif se révèle et c’est la douche froide. Les gymnastes osent braver l’omerta.

 

Isabelle Villain s’empare d’un sujet très sensible et surtout très tabou, même si à l’heure actuelle, les instances concernées tendent à renouer une certaine confiance. Le monde des sportifs professionnels et de haut niveau est un monde à part. La convoitise, la jalousie mais aussi l’entraide, le soutien sont parties prenantes d’un quotidien ordonné au millimètre prêt et où les initiatives personnelles sont rarement entendues. Le coach est ce genre de Dieu auquel le sportif s’en remet quoiqu’il en coûte. Un cercle fermé et sélectif où dès leur plus jeune âge, les adolescents sont coupés de la famille. Isabelle Villain explore ce monde et ses dérives avec une certaine empathie et honnêteté. Une immersion difficile où  la vérité est cruelle. L’auteure nous offre un thriller psychologique bouleversant et surtout prenant où l’envie de justice est juste plus forte cessant ainsi toute souffrance. Coupable, victime, tout se mélange dans une réalité malléable et sombre.

 

En bref :
* Un thriller psychologique immersif
* Des personnages aux abois
* Une intrigue trépidante et douloureuse
* Un monde sportif et exclusif faisant écho à une réalité silencieuse
 
Une nouvelle fois la plume d’Isabelle Villain accapare le lecteur et le pousse toujours dans ses retranchements. Un thriller prenant et exigeant pour une vérité écrasante et bouleversante.

 

Une nouvelle recommandation pour les adeptes du genre, à découvrir sans hésitation !

LA FAUSSAIRE, un thriller de Patricia Delahaie.

THRILLER PSYCHOLOGIQUE

Éditions Belfond Noir

Masse Critique #Babelio


Elle était sa vie, son amour, sa Marylin. Il a exaucé tous ses vœux. Même le pire.
Avec ce premier roman enlevé et tragique inspiré d’une histoire vraie, Patricia Delahaie explore la  » banlieue  » du crime, ces zones d’ombre et de lumière qui conduisent un homme plutôt meilleur que les autres à revêtir, petit à petit, un costume d’assassin taillé à sa mesure.
 
La cinquantaine, père et mari aimant, Paul Ménard est un médecin dévoué, rassurant, autour de qui gravitent les habitants d’une bourgade beauceronne. Jusqu’à ce jour de printemps 1997 où son regard croise celui d’une femme éblouissante. Camille.
Peu après, la belle se rend au cabinet médical. Les visites se répètent, Paul succombe. Dîner aux chandelles, timbales de saumon. Camille sait vivre, Camille sait aimer.
Mais Camille est mariée. Un militaire toujours en mission. Un homme dur, indifférent, souvent violent. Paul veut la sauver. Il n’en dort plus, divorce, délaisse ses patients, enrage de sa lâcheté.
13 juillet 1998. La France est championne du monde. Et le docteur Paul Ménard prend une décision irréversible…

 

Ma note : 4/5
Nouveauté 2022
368 pages
Disponible au format numérique et broché

 


MON AVIS

Patricia Delahaie s’empare d’un fait divers qui a lieu en 1998 et qui avait défrayé la chronique. Rappelez-vous « les amants diaboliques d’Orgères ».

 

S’inspirant largement de ce dossier, l’auteure explore les méandres du conscient et de l’inconscient au cœur d’une intrigue palpitante et déroutante.

 

Un homme, médecin apprécié, époux sans reproche, père absent mais dont les rares instants partagés avec ses enfants sont de magnifiques souvenirs, Paul Ménard va tomber.

 

Une rencontre fugace mais marquante. Cette femme, Camille, à l’image de Marilyn Monroe va tout faire pour plaire à Paul. Des mots, des gestes, une lente lamentation qui exacerbent ce sentiment du sauveur et qui peu à peu le fait basculer dans cette sorte de frénésie malsaine où seule la mort est la clef.

 

Ce roman noir est loin d’être un roman d’action où les rebondissements s’échelonnent pour un rythme endiablé. Au contraire l’auteure prend le temps d’insuffler les bases de la manipulation, d’intensifier cette sensation d’oppression et de mettre en place le final convoité. L’aspect psychologique est très intense. Les petits détails façonnent toute cette machination machiavélique. Paul Ménard apparaît comme un homme sincère, sensible et terriblement épris. Un homme qui semble être la proie idéale. Camille, d’entrée, met mal à l’aise. En tant que spectateur, il est évident de mettre les doigts sur les failles. Les doutes s’installent rapidement et trouvent écho tout au long de la lecture. Un portrait alambiqué d’une femme saisissante, impétueuse mais surtout manipulatrice et affabulatrice.

 

Les chapitres s’organisent autour de témoignages, de procès-verbaux, d’auditions, du présent et du futur (le procès), conférant ainsi une vue complète de la situation.

 

Vous ne trouverez aucune intrigue hollywoodienne ni un scénario époustouflant. Un roman noir dans la pure tradition où les deux personnages sont au cœur du récit.

 

J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteure s’est approprié le fait divers incluant certaine liberté tout à fait appréciable. La fiction étant le moteur du livre. La prise de conscience des actes, le « après » sont aussi explorés avec pertinence. Un roman qui se dévore.

 

En bref :
* un roman noir où l’aspect psychologique des personnages est le moteur de l’intrigue
* des personnages antonymes
* des portraits émouvants et captivants
* une fiction complète et accaparante
 
Un premier roman prometteur où les scissions psychologiques parfont une intrigue médiatique et de tous les possibles.

SPHÈRE, un thriller de Florent Rigout.

THRILLER FANTASTIQUE

Éditions L’Alchimiste


Lieutenant au Service des violences domestiques, Franck Bassa est soudainement catapulté sur une affaire de meurtre, celui d’un physicien du SNOLAB, le célèbre Centre d’études sur les neutrinos.
Le flic retrouve vite ses vieux réflexes. Armé de méthodes peu conventionnelles, en proie à son passé et en quête de rédemption, il plonge dans cette enquête obscure.
 
Pourquoi avoir tué ce physicien ? Sur quoi portent réellement les recherches du SNOLAB ? Pourquoi des sbires d’une multinationale tentaculaire le pourchassent-ils ?
Et pourquoi un gamin se découvre-t-il subitement surdoué, écrivant sur les murs des équations dignes des plus grands mathématiciens du monde ?
Noyé au milieu de la Physique de l’Intelligence Artificielle, Franck Bassa s’enfonce dans la plus folle enquête de sa vie, prêt à tout pour découvrir le lien qui unit tous ces mystères.
Dans ses histoires, Florent Rigout explore le domaine de l’hypothèse, cet infime halo de brouillard à la frontière entre science et science-fiction, entre savoir et philosophie. De là, il espère poser humblement quelques mots sur l’inexpliqué et amener de l’eau au moulin des rêves.
« Sphère » est son troisième roman.

 

 

Ma note : 4/5
Nouveauté 2021
333 pages
Disponible au format numérique et broché

 

 


MON AVIS

Si le départ a été laborieux notamment quant la mise en place parfois hasardeuse, la suite a montré que ce thriller méritait un engouement exemplaire.

 

Bassa ancien du GIGN, remisé suite à une blessure invalidante, s’est exilé au Canada suite à une rupture amoureuse douloureuse. Après de long mois de déroute et d’addiction, Bassa se reprend en main, tant bien que mal, et devient lieutenant au service des violences domestiques. Malgré tout, il adore son boulot et ses méthodes quelque fois injustifiées sont à la hauteur des résultats. Son rêve absolu, entrer à la criminelle, mais ce service lui est obstinément refusé. Par un quelconque et heureux hasard, il se voit confier une affaire. Un meurtre dans un laboratoire scientifique, le SNOLAB. Avec son air bougon et pas franchement avenant, Bassa saute de joie. Très vite il retrouve les sensations oubliées et les réflexes d’antan. Mais Bassa est loin de clore cette affaire qui n’est qu’une ramification de quelque chose de beaucoup plus grand.

 

Ainsi Bassa se trouve projeter dans une enquête hors norme où les corps s’amoncellent et où la vie d’une adolescent est mis en péril. Mais il ne s’attendait certainement pas à affronter « la main de Dieu ».

 

Voici un thriller bien sympathique malgré un début décousu et répétitif. Bassa est un personnage charismatique, râleur, emmerdant, malgré tout attachant, têtu, brusque mais on ne peut lui enlever sa générosité et son empathie. Florent Rigout met en place son intrigue doucement. Il faut dire qu’elle évolue dans le monde scientifique. On peut compter sur Bassa pour vulgariser tout cet imbroglio de charabia inaccessible au commun des mortels. Bienvenue dans le monde ultra select de neutrino et de noosphère. L’intrigue s’intensifie et s’étoffe, et c’est là que le thriller devient intéressant. De nombreux rebondissements jalonnent le processus intellectuel indu à l’enquête. Et rapidement j’ai pu entrer dans cette histoire totalement dingue. Entre spiritisme, philosophie, réel et hypothèse, l’intrigue prend un chemin totalement inattendu. J’ai pu apprécier tout le développement au sein d’indices présageant le pire. J’ai adoré tout l’aspect scientifique qui est vulgarisé. Les quelques sauts dans le passé donnent une dimension spatio-temporel agréable malgré le peu d’approfondissement. L’action devient omniprésent conférant ainsi le rythme adéquat à ce très bon thriller qui je pense est le premier d’une saga (?).

 

En bref :
  • un monde hyper intéressant si vous n’avez pas peur des mathématiques et de la physique
  • un personnage totalement irrésistible
  • une intrigue laborieuse et qui tient en haleine
  • une réflexion intense quant aux conséquences sur l’utilisation abusive d’avancé technologique
  • une écriture incisive et accaparante
 
Une très belle découverte pour moi. J’ai passé un agréable moment et j’espère vivement qu’il y aura une suite aux aventures de Bassa.

 

A découvrir sans aucun doute. J’espère que vous l’apprécierez autant que moi.

LES YEUX D’IRIS, un thriller de Magali Collet.

THRILLER PSYCHOLOGIQUE

Éditions Taurnada – Collection Le Tourbillon des mots


Un meurtre et un suicide. Trois hommes. Trois femmes. Des retrouvailles. Un pacte. Tout se paye, même l’amitié.

Ma note : 4/5
Nouveauté 2021
244 pages
Disponible au format numérique et poche


MON AVIS

Trois hommes, trois femmes, liés par un événement tragique, la violence.

 

Morgane s’est exilée après une déception amoureuse en Irlande. Entre guide et leçons de français, elle s’est épanouie. C’est le cœur lourd mais l’âme en paix qu’elle rejoint la France après cet appel téléphonique qui lui a rappelé son engagement. De retour chez son frère Fred, tout semble aller pour le mieux. Mais cette tranquillité n’est qu’une façade qui masque à merveille la colère de son frère et l’amertume de Morgane. Quelques jours après son arrivée, les choses sérieuses débutent. Un repas et quatre convives atypiques : Julie la pimbêche, Bastien le vicelard, Audrey la timide et Mickaël le friqué. Entre eux les rires fusent, les discussions s’emballent, les yeux charment, les gestes aguichent et les mots se murmurent comme un rappel à l’ordre. Un manifeste où les états d’âmes n’auront pas de place, il est temps de passer à l’acte, la vengeance est un plat savoureux mais qui se mange froid. Tout est prêt, les souvenirs à fleur de peau, les yeux haineux et les corps armés. Qui vivra verra, le chaos absolu.

 

Je découvre la plume de Magali Collet . Une écriture rythmée et acerbe qui n’a pas son pareil pour décrire l’horreur sous toutes ses coutures. La violence latente, la violence physique, la violence psychologique, un mélange détonnant que s’empare Magali Collet avec non pas une certaine retenue mais avec une force démoniaque. Les événements sombres s’enchaînent dans un dédale sans fin. Ils éclatent, éclaboussent, arrachent le peu d’espoir. Un maelstrom de flash back, de mots, de scènes, de rires, de douleurs et d’espoir celui gravé dans les ténèbres, un pacte où l’ultime but sera la liberté. Les chaînes de l’intrigue se resserrent impitoyablement sur les personnages jusqu’à l’essoufflement qui surgira d’entre les balles. Magali Collet mène avec brio son thriller psychologique. Captivant, je me suis laissée entraîner tout au long de cette intrigue qui je ne vous cache pas, m’a totalement scotchée. Je regrette immensément ce final ouvert à toutes suggestions et conjectures. Magali Collet s’attaque à des sujets extrêmement sensibles où la violence est le maître mot, l’amitié fait figure d’ancre dans la réalité. Un thriller qui monte crescendo pour nous surprendre littéralement.

 

Une très belle découverte malgré une fin bancale.

 

Vous n’êtes pas prêt de voir ce qui se cache derrière les yeux d’Iris.

 

LES EAUX NOIRES, un thriller de Estelle Tharreau.

THRILLER PSYCHOLOGIQUE

Éditions Taurnada – Collection Le tourbillon des mots


Lorsque les eaux noires recrachent le corps de la fille de Joséfa, personne ne peut imaginer la descente aux enfers qui attend les habitants de la Baie des Naufragés. L’assassin restant introuvable, à l’abri des petits secrets et des grands vices, une mécanique de malheur va alors tout balayer sur son passage…
Les révélations d’un corbeau, la détresse d’une mère et le cynisme d’un flic alimenteront l’engrenage de la rumeur, de la suspicion et de la haine. Joséfa réussira-t-elle à survivre à la vérité ?

 

Ma note : 4/5
Nouveauté 2021
285 pages
Disponible au format numérique et poche

 


MON AVIS

Joséfa déjà veuve vient de perdre son unique fille. Recrachée par la mer, le corps, vêtu de dentelle, a souffert. Joséfa déjà désœuvrée par une vie difficile va se laisser couler dans les limbes, ensevelie dans le noir le plus sombre et se raccrocher à cette seule idée, question : qui est le meurtrier. Joséfa est ainsi dire « une morte-vivante ». Sa peine a pris possession de son corps et elle en fait son œuvre la plus belle. Elle devient la femme désespérée, folle que tout le monde redoute. Son rituel quotidien est un fil auquel elle est relié, un monde qui à tout moment peut céder. Les mois filent et les réponses ne viennent pas. Les nuits succèdent au jour de l’enfer. Quelques portent finissent par s’ouvrir : une mallette contenant une écharpe et un bijou et des voisins qui semblent en savoir davantage sur la vie de sa fille. Alors que surgit un corbeau, ses messages vont réveiller les démons. Joséfa en sera le vecteur. Les enfers enflent et se répandent aussi vite dans cette ville du bout du monde, prémices d’un mal bien plus sournois.

 

Estelle Tharreau signe un nouveau thriller psychologique qui a le mérite de défriser. Cette fois-ci l’aspect psychologique est davantage mis en avant. Chaque personnage est minutieusement et finement construit. L’atmosphère est dès le départ froide avec la description de cette ville sans charme coincée entre deux montagnes et une mer sombre. L’essentiel du thriller se déroule sur le bord de mer désuet voire frappé de malédictions. Un lieu austère, froid, abandonné, loin de tout, surplombé par cette mer agitée, noire. Une sorte de huis clos sensationnel.  Il n’y a pas véritablement d’actions, proprement dit, mais elle se révèle plutôt dans les mots insufflés, les messages du corbeau, les différents échanges. Ainsi le rythme est plutôt essoufflé permettant à l’intrigue de s’étoffer pas après pas dans une certaine langueur. Paradoxalement, c’est cette intrigue qui va captiver, entraver, le lecteur sans le lâcher jusqu’au point final. C’est dans ce sens qu’Estelle Tharreau nous offre un thriller bien différent de « la peine du bourreau » mais tout aussi immersif. Un thriller qui explore la condition humaine dans ses travers, qui joue avec la vérité et qui se pare de son plus bel atout pour vous séduire.

 

Un thriller détonnant et captivant, vous ne regarderez plus vos voisins du même œil. Allez donc savoir quels secrets cachent-ils.