LES GRANDES OCCASIONS, un premier roman de Alexandra Matine.


 
Sur la terrasse, la table est dressée. Esther attend ses enfants pour le déjeuner. Depuis quelques années, ça n’arrive plus. Mais aujourd’hui, elle va réussir : ils seront tous réunis. La chaleur de juillet est écrasante et l’heure tourne. Certains sont en retard, d’autres ne viendront pas. Alors, Esther comble les silences, fait revivre mille histoires. Celles de sa famille. Son œuvre inachevable.

Il y a de ces romans qui vous scotchent dès le départ ! Immersion intimiste dans cette incroyable vie parcheminée par ces moments de douceurs délectables et ces moments douloureux violents pareils à ces multiples déchirements. Esther est une maman qui a dû faire face à de nombreuses épreuves. Elle a tout d’abord perdu sa liberté qui lui était chère. Mariée à un médecin iranien (ce qui a tout son importance ici), et mère de quatre enfants, Esther a voué sa vie à sa famille. Elle fut la créatrice anonyme de ce qu’elle appelle sa toile. Elle y a tissé tous les fils qui la composent. Il y a mis une partie d’elle, son âme, son cœur et tout ce qui constitue cette famille.
Une œuvre dont elle n’est pas fière malgré le dévouement et l’absolution dont elle fait preuve. Elle ne rêve que de cette famille figée dans le silence, le leur, celui du passé, géniteur d’un mal bien plus profond dont il marque les âmes au fer rouge. Un silence de non-dits, un silence vorace, persécuteur, annonceur de la séparation, de la jalousie, de l’incompréhension, de l’abandon.

 

Esther veut le vaincre, y mettre des mots, des cris, des larmes dessus, l’anéantir. Et par ses petites mains minutieuses, par sa force cachée, par son espoir, elle continue à tisser ses liens qui inlassablement cassent au cœur de son silence étouffant, malsain, mortel.

 

Alexandra Matine signe un premier roman d’une rare beauté. Une beauté toxique, douloureuse qui cache en son sein l’amour inconditionnelle d’une maman, d’une femme qui doit faire face à la cruauté de sa vie. Le silence est omniprésent, pourtant les mots d’Alexandra Matine résonnent, éclatent tel le roulement du tonnerre. Une plume parfois minimaliste souvent généreuse, elle nous porte aux confins de la vie d’Esther. Une histoire de famille exigeante et profonde. Une histoire noire qui dissèque les liens de la famille. Un tableau parfaitement imparfait dont ses couleurs vacillent, s’estompent ou se vivifient. Une histoire qui fait écho à certains, on s’y reconnait ou on s’y perd tout en découvrant cette réalité funeste.

 

Mon cœur fait encore BOUM tout en écrivant mes mots, signe évident qu’il y restera gravé pendant longtemps !

 

C’est ça qui ronge la famille. Cet évitement. Cet évitement pour garder les non-dits non dits. Il vaut mieux ne pas rester trop longtemps ensemble, sinon ça va sortir. C’est inévitable. Alors on s’évite. Ils vivent les yeux baissés. Jamais de vrais regards échangés entre les frères et les sœurs. non plus avec la mère et le père. Regards en coin. regards animaux. D’animaux qui se tournent autour. La trêve autour du point d’eau le soir. la trêve autour de la maison l’été. Ça peut se passer en un regard. Ils ont peur. C’est une peur de leur sang. Une peur des événements formidables qui suivent les confidences et les espoirs.
La maison ne peut pas résoudre le silence. Elle le confirme. Elle le construit. ce n’est pas un point d’attache. Un point de rendez-vous. C’est une manifestation du silence. C’est toute la violence de la famille qui s’accepte entre ses murs. Qui remplit la maison. Un isolement total du monde où la famille n’a plus à faire semblant.

 

Une chronique de #Esméralda

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