L’AUTRE MOITIE DE SOI, un roman de Brit Bennett.


Quatorze ans après la disparition des jumelles Vignes, l’une d’elles réapparaît à Mallard, leur ville natale, dans le Sud d’une Amérique fraîchement déségrégationnée. Adolescentes, elles avaient fugué main dans la main, décidées à affronter le monde.
Pourtant, lorsque Desiree refait surface, elle a perdu la trace de sa jumelle depuis bien longtemps : Stella a disparu des années auparavant pour mener à Boston la vie d’une jeune femme Blanche. Mais jusqu’où peut-on renoncer à une partie de soi-même ?
Dans ce roman magistral sur l’identité, l’auteure interroge les mailles fragiles dont sont tissés les individus, entre la filiation, le rêve de devenir une autre personne et le besoin dévorant de trouver sa place.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Karine Lalechère

Je suis très heureuse d’avoir pu découvrir le dernier roman de Brit Bennett grâce à Babelio et aux éditons Autrement. J’ai eu la chance même de pouvoir rencontrer par visio l’auteure avec 29 autres camarades lectrices et lecteurs. Trop intimidée je n’ai pu poser mes questions, mais cela restera un moment mémorable. Et j’ai beaucoup appris sur les coulisses de ce roman.
Mallard est une petite ville utopique (peut-être pas) où les habitants suivent une règle très simple : ne jamais se marier avec plus noir que soi. La culture du blanc est une question d’héritage et de rêve un peu fou que l’Homme Noir devient l’Homme Blanc. État du Sud qui a souffert du ségrégationnisme, les souvenirs demeurent d’un temps qui se tait. Mallard, à part cela n’a rien d’exceptionnel. Des hommes et des femmes qui travaillent souvent pour des blancs et d’autres à la raffinerie. Une ville modeste typiquement américaine, éloignée d’un peu tout, où la vie sociale s’organise autour de l’église et des différents événement qui l’animent. Le rêve américain est loin de faire des émules, seule la triste réalité demeure. Stella et Desiree, deux jumelles qui rêvent à un ailleurs où tout est possible, fuguent. Commence ainsi leur histoire semée d’embûches et qui va les mener à leur destin. Deux chemins de vie pour deux perceptions complexes. L’une revient dans sa ville natale avec dans ses bras une jolie petite fille, Jude, aussi noire que les ténèbres. L’autre disparaît de la circulation faisant de sa vie un mensonge.

 

Brit Bennett explore l’identité de chaque jumelle avec franchise effrayante. Sondant l’âme humaine, elle met en lumière un fait de société le passing qui consiste, antre autre, aux personnes de la communauté noire de se faire passer pour Blanc. C’est quelque chose d’assez étonnant, d’un côté la communauté noire fière de ses origines et de l’autre cette communauté noire qui se camoufle. Est ce une conséquence du traumatisme ségrégationniste ? Brit Bennet joue avec subtilité et malice avec les couleurs conférent un roman lumineux et impressionnant. Elle joue également avec le temps, entre passé et présent et futur, elle met en exergue les liens intergénérationnelles et les secrets familiaux. Les conséquences prises tour à tour se répercutent sur leurs filles respectives. Jude devient une jeune femme noire ambitieuse et sûre d’elle. Une confiance qu’elle accorde dans un monde atypique où un autre passing est mis en lumière. La quête identitaire se poursuit auprès d’autres personnages où le genre ne se définit pas au sexe. Kennedy, fille de Stella, a toujours vécu dans un monde dorée où l’apparence est primordiale. Accaparée par les secrets de sa mère, Kennedy a du mal à se définir. Sa quête identitaire la porte dans de nombreuses aventures qui ne s’arrêteront que lorsque le secret sera éventé. Les silences, les non-dits contre l’exubérance, l’affirmation de la couleur. Un paradoxe et un duo totalement envoûtant.

 

Brit Bennett signe un roman exaltant sur la quête identitaire sans oublier des plus clin d’œil sur la ségrégation. Un roman puissant et obsédant sur l’origine et le devenir. Un roman singulier qui étonne par son thème auquel, en France, il est impossible de concevoir. Un roman magnifiquement écrit dont bien évidemment j’en sors éblouie.

 

A travers la ville, d’autre couples faisaient la même chose. Des adolescents se bécotaient sur des couvertures à la plage, le fracas es vagues qui se brisaient sur le sable en bruit de fond. Des jeunes mariés se dévêtaient dans une chambre d’hôtel. Un homme murmurait à l’oreille de sa maîtresse. Une femme brune dont le visage se reflétait dans la fenêtre de sa cuisine approchait une allumette d’une fine bougie. A travers la ville l’obscurité et la clarté.

 

Une chronique de #Esméralda

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