
Dystopie – Livre sorti le 7 mars 2019
Editions Nil
Lecture personnelle
Ma note : 4/5 mention « à lire »
Résumé : Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…
Christina Dalcher nous offre avec Vox un roman dystopique glaçant qui rend hommage au pouvoir des mots et du langage.
L’avis de #Lilie : A sa sortie, ce livre a fait du bruit et il m’a tout de suite intriguée. Je n’ai pas pu me lancer à ce moment-là mais quand une amie a proposé de me le prêter, j’en ai profité pour me plonger dans cet univers futuriste et glaçant.
Nous nous retrouvons aux Etats-Unis, dans un futur pas si lointain. Les « Purs » sont arrivés au pouvoir et on assiste à un retour aux valeurs fondamentales d’un temps que l’on croyait désormais révolues. En effet, les hommes ont repris le pouvoir et occupent tous les postes de premier plan. Les femmes ont été reléguées à la maison. Elles doivent élever les enfants, tenir leur intérieur et surtout, elles ont un compte-mot qui leur interdit de prononcer plus de 100 mots par jour. Bref, elles ont été réduites au silence et toute opposition est violemment réprimée. Un jour, des hommes du gouvernement viennent trouver Jean car ils ont besoin de ses compétences pour soigner le frère du Président. Pour elle, c’est clair : elle ne mettra ses compétences au service du gouvernement que si on lui retire son compte-mots… et à sa fille aussi ! Mais est-elle prête à ce qu’elle va découvrir en retournant travailler ? Voudra-t-elle tout accepter pour mener sa mission à bien ?
Jean est une femme qui, dans le temps, s’est battue pour les droits des femmes. Depuis qu’elle a été réduite au silence, elle prend son mal en patience. En effet, elle ne veut pas faire de vagues mais n’en pense pas moins contre ce gouvernement et leurs pratiques. C’est une femme moderne qui a bien du mal à se laisser dicter sa conduite. Entière, elle n’est pas égoïste et essaie toujours de penser à sa famille, avant de prendre une décision. J’ai aimé ce personnage que l’on suit de son adolescence, grâce à de nombreux flashbacks, à maintenant. Le roman est essentiellement centré sur elle mais je n’ai pas trouvé cela gênant car c’est une protagoniste charismatique, à qui on s’attache. Volontaire, combative, réfléchie, c’est une héroïne moderne qui est prête à tout pour défendre les siens.
De temps en temps, j’aime bien lire des dystopies. Imaginer le monde tel qu’il pourrait être dans quelques années peut-être stressant ou, au contraire, l’occasion de se reprendre en main et ne pas laisser la situation nous échapper. Le monde décrit dans « Vox » peut paraître, à première vue, exagéré. Pourtant, quand on voit comment fonctionnent certains régimes totalitaires, on peut se dire qu’on n’est à l’abri de rien. L’autrice reprend les codes des dystopies, c’est-à dire qu’on a un pouvoir totalitaire, qui oppresse une partie de la population, qui la surveille en permanence et qui humilie ceux qui voudraient s’y opposer. L’histoire, en elle-même, est intéressante et donne à réfléchir. Il y a des personnages que l’on prend plaisir à détester et d’autres que l’on voit évoluer sous nos yeux. La plume de l’autrice est vive, prenante et émotionnellement forte. En effet, une fois lancée, il est difficile de poser le roman tant on a envie de savoir la suite. On perd un peu ce rythme après le deuxième tiers de l’histoire mais la fin est haletante et nous réserve des surprises jusqu’au dernier chapitre ! Ainsi, on n’a plus aucune envie d’abandonner avant de terminer !
Pour conclure, j’ai passé un très bon moment de lecture avec « Vox » de Christina Dalcher. Ce n’est pas la première fois qu’une dystopie évoque l’asservissement des femmes mais c’est celui-ci est particulièrement fort émotionnellement. Je le recommande donc à tous les amoureux du genre et à tous ceux qui cherchent une lecture prenante et qui donne l’occasion de réfléchir.
