LE NOIR ENTRE LES ÉTOILES de Stefan Merrill Block.


« À la fois un garçon et une légende: tu avais dix-sept ans lorsqu’une balle de calibre .22 t’a scindé en deux. Dans un des deux mondes, celui qui gravite autour de ton lit d’hôpital, tu es devenu le Martyr de Bliss, Texas. Tu t’es changé en un spectre qui flotte au-dessus de la population clairsemée de ta ville natale dévastée, porteur tour à tour d’espérance, de désespoir et de consolation. »
Dix ans après une terrible tuerie dans son lycée, Oliver Loving est toujours plongé dans un coma profond. Brisée par le drame, sa famille s’est désunie : son père, Jed, un artiste raté, a trouvé refuge dans l’alcool, et sa mère, Eve, s’obstine à garder espoir, refusant e son fils soit débranché. Quant à Charlie, leur cadet qui se rêve écrivain, il a quitté le Texas pour vivre librement son homosexualité à New York et fuir l’ombre pesante de son grand frère. Mais lorsqu’un nouvel examen révèle chez Oliver les signes d’une activité cérébrale, tous trois se retrouvent à son chevet, dans l’espoir d’avoir enfin une réponse à toutes leurs questions.
Après le succès d’Histoire de l’oubli, Stefan Merrill Block signe un roman bouleversant sur la famille, la fin de vie et la résilience. Alternant subtilement les points de vue, Le noir entre les étoiles interroge de manière intime l’expérience du traumatisme et aborde une question essentielle : qu’est-ce qu’une vie digne d’être vécue ?

 
Immersif, LE NOIR ENTRE LES ETOILES captive par cette étrange intrusion aux cœurs de ces vies détruites. Une à une, leurs voix se délient dans un temps intemporel ou passé et présent ne forment plus qu’un.
Une famille ordinaire avec leurs espoirs et leur travers. Jed, le papa, est un artiste maudit et incompris. Eve, la maman, s’évertue à rendre la vie paisible à tous. Charlie, le petit frère homosexuel, cherche sa voie. Et Oliver rêve d’écriture et d’amour.

 

Puis ce jour fatidique sonne le glas de ces vies, le 15 novembre, la mort s’invite dans le lycée lors du bal tant attendu. Des morts et un blessé, Oliver a tout jamais perdu dans un monde dont on ignore tant. Il est emmuré dans ce corps qui ne vit que grâce à ces machines infernales. Les années défilent et la famille éclate. Une mère désillusionnée qui s’accroche tant bien que mal à un espoir si ténu et qui ne renoncerait pour rien au monde à son rôle de mère. Jed se perd dans l’alcool, ignorant conscient de ses responsabilités bafouées. Charlie, petit garçon éternel à la recherche de l’approbation parentale, s’ignore et suit cette voie qui lui semble tant judicieuse. Rendre honneur à son frère et devenir lui, lui tient tant à cœur.

 

Dix années à Oliver à espérer dans ce silence teinté de noir, de lumière et de tant d’autres souvenirs. Un méli mélo puissant et destructeur où la vie est une grande farceuse. Question existentielle, question métaphysique, question unique Pourquoi ?

 

Stefan Merrill Block décortique avec sensibilité et frénésie une famille touchée par le drame. Les points de vue alternant entre le avant et le après apportent cette touche intime et profonde où âmes, peines, colères et abandon jouent au chat et à la souris. La perte, le deuil, l’acceptation tout autant d’épreuves à franchir sur le chemin de la résilience. L’attrait psychologique des personnages est impressionnante. Ces petits détails, ces rengaines, ces soupirs donnent au récit cette touche irréelle de l’immersion. Les émotions qui traversent les personnages sont d’une rare force. Elles touchent en plein cœur, elles révoltent, elles attristent, elles peinent. Leur force aussi destructrice soit-elle, à ce quelque chose de rédempteur.

 

LE NOIR ENTRE LES ETOILES est une merveilleuse découverte de ce début d’année. Un livre accaparant et d’une vérité insoutenable. Un livre douloureux et puissant. Une livre où la liberté d’être entendu est une bataille féroce. Un livre salvateur.

 

A découvrir sans aucun doute et pour ma part je rajoute dans ma liste de mes envies Histoire de l’oubli que vous avez peut-être lu.

 

Et justement, c’est à l’instant précis où tu te soulèves au-dessus du sol instable que l’énergie détectée par les appareils du médecin explose violemment à l’intérieur de toi. La lumière arrache la doublure de tes vêtements et la matière de ta peau, faisant voler tous les boutons d’un seul coup. La conflagration est si puissante que ces précieux petits fragments, au lieu de retourner vers le passé comme ils le faisaient jusque-là, prennent les airs comme l’exact contraire des balles d’Hector Espina, des projectiles qui ouvrent une histoire au lieu de la clore. La gerbe des boutons s’éparpille, en route vers un monde neuf où tu seras en même temps partout et nulle part. Et toi, tu commences, déjà à les poursuivre, lancé vers l’avenir.
 
Une chronique de #Esméralda.

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