
LA NAISSANCE D’UN GAULOIS
[ BIOGRAPHIE GRAPHIQUE – Nouveauté 2019 ]
Avec la participation d’Anne Goscinny
Éditions GRASSET
344 pages
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Le résumé :
Raconter René Goscinny en bande dessinée. Et lui donner la parole, au fond, pour la première fois. Tel est le projet de cet album exceptionnel. Un événement artistique. Et un livre de tendre amitié.
Catel, célèbre dessinatrice, travaille depuis quatre ans, avec l’appui et l’amitié d’Anne Goscinny, à ce « Roman des Goscinny » – un roman graphique où tout est vrai. 320 pages magnifiques, en trichromie, où Catel nous raconte la vie de René Goscinny. Sa naissance, dans le Paris des années 20, au cœur d’une famille juive, exilée de Pologne et d’Ukraine. Son père, chimiste, fils de rabbin. Sa mère, née en Ukraine, ayant fuit les progroms. Son grand-père, imprimeur de journaux yiddish. Son grand-frère moqueur, Claude. L’enfance en Argentine, bientôt. Et les passions de René : le dessin, le rire, puis l’écriture.
Catel nous emmène dans un voyage familial marqué par l’histoire, entre l’Amérique et l’Europe. Tandis que le jeune René cherche sa voie, lui le « paresseux contrarié », une partie de la famille meurt dans les camps d’extermination. René part à New York, frappe à toutes les portes, dessine et vit dans la pauvreté avec sa mère. A Bruxelles puis à Paris, il trouvera peu à peu sa vocation : non pas dessiner, mais écrire, scénario, sketchs, histoires. Goscinny crée, avec Uderzo, le personnage d’Astérix, qui devient très vite célèbre dans le monde entier ; mais aussi le Petit Nicolas avec Sempé. Et il est le grand scénariste de Lucky Luke et de Iznogoud.
C’est aux portes du « célèbre village gaulois » que s’arrête le premier tome du « Roman des Goscinny » : alternant avec force et tendresse des épisodes de la vie de « René » ; et ceux racontés par sa fille Anne à son amie – donnant une vérité, une drôlerie et une émotion à ce projet fondateur.
En règle général, je ne suis pas une grande fan des biographies et lorsque j’en lis il est toujours difficile de mettre mes mots sur l’ensemble du livre. En ouvrant le dernier album de Catel, j’étais de me douter que j’allais tout simplement adorer.
Cette biographie graphique est tout simplement fabuleuse. Le format et la manière dont Catel s’empare de la vie de cet homme quasi mystique est tout aussi humble qu’accaparant. Quand je lisais les bandes dessinées, il y a quelques années en arrière, je ne me suis jamais intéressée à leurs auteurs. Et pour tout vous dire je pensais que R. Goscinny était le dessinateur ( oui c’est bon j’entends vous ohhhhhhh !) en même temps cela aurait pu être le cas. Très jeune René Goscinny dessine. Il est fasciné par les Walt Disney dans un premier temps et ensuite se tourne vers la caricature. Mais son talent ne convainc personne. En parallèle le jeune Goscinny s’adonne à une autre passion faire rire le monde. Il adore manier les mots et interloquer son public et surtout le voir rire aux éclats. C’est tout naturellement qu’il se dirige vers des études de Lettres et devient bien des années plus tard scénariste. Métier grandement boudé à l’époque par les éditeurs et qui rechigne à le valoriser.
Catel convaincue par Anne Goscinny, fille de R. Goscinny, rend un hommage vibrant à l’homme. Grâce aux archives familiales (interview, croquis, photos…) et aux souvenirs d’Anne, Catel retrace les grands moments de sa vie. Les meilleurs tout comme les plus désastreux, ces moments capitaux qui ont fait l’homme qu’il est devenu : généreux, souriant, éclatant, courageux, fantastique, un pur génie.
Le format d’album limite finalement le développement de certains états de faits, mais rien de m’empêche de partir à la pêche aux infos ailleurs.
J’ai été charmée par la manière dont Catel s’approprie le destin de cet homme hors du commun. Quelques traits d’humour fleurissent ici et là. Les dessins sont à la fois tendres et bouleversants.
J’ai passé un super moment de lecture. La biographie graphique est un moyen génial d’apprendre sans le côté « lourd » que l’on retrouve dans la biographie traditionnelle !
Parfois, j’applique au texte, au film ou au spectacle un filtre qui le contient, lui, tout entier.
Heureuse alors de cette complicité imaginaire mais partagée, je commence un autre livre.
Celui-ci par exemple, et c’est avec lui, je le sais, que je tournerai les pages de cette biographie graphique.
J’ai tout lu de mon père, mais jamais je n’avais lu mon père. Pour la première fois, l’auteur va s’effacer devant le personnage qu’il est devenu.
Grâce au travail de Catel, j’ai réussi à réconcilier mon père et René Goscinny, un constat qui réjouira le psychanalyste inspiré qui m’aide à retrouver l’homme intime derrière l’auteur.
Sous le pinceau élégant et juste de Catel, je l’ai vu babiller, jouer, sourire, dessiner, écrire, espérer. c’est bien sa voix, là. Et c’est son rire aussi.
Qui a jamais eu la chance de voir ainsi naître son propre père ?
Anne Goscinny