[POLAR / SCIENCE FICTION – Nouveauté 2018]
Editions Beta Publisher
Préface du Pr Guy Vallancien de l’Académie Nationale de Médecine
Format numérique ( 320 pages) : 6.99€
Broché : 12.99€
Ma note : 5/5 mention « à découvrir«
Le résumé :
2025. Une intelligence artificielle est chargée de trouver une réponse à un risque d’épidémie d’Ébola en plein cœur de Paris. Toutes les hypothèses circulent sur l’origine de la contamination, y compris celle du terrorisme biologique. La Machine administrative, politique et médiatique est prête à s’emballer. Inévitable. Irréversible. Incontrôlable ?
Mon avis :
Voici un polar d’anticipation qui a le mérité de réveiller les consciences et surtout d’alerter le lectorat me semble t-il peut au courant de la réalité sur l’intelligence artificielle. Par contre je ne suis pas sans savoir que la France est un des pôles mondiaux dans ce domaine de recherche (et qu’il tend à s’amplifier par la volonté de Monsieur le Président de la République).
Etes-vous prêts à placer votre vie en lieu sûr et aux bons soins de S.A.R.R.A. ?
L’intelligence artificielle (IA, ou AI en anglais pour Artificiel Intelligence) consiste à mettre en œuvre un certain nombre de techniques visant à permettre aux machines d’imiter une forme d’intelligence réelle. L’IA se retrouve implémentée dans un nombre grandissant de domaines d’application. […] De Google à Microsoft en passant par Apple, IBM ou Facebook, toutes les grandes entreprises dans le monde de l’informatique planchent aujourd’hui sur les problématiques de l’intelligence artificielle en tentant de l’appliquer à quelques domaines précis. Chacun a ainsi mis en place des réseaux de neurones artificiels constitués de serveurs et permettant de traiter de lourds calculs au sein de gigantesques bases de données (source FUTURA TECH).
Paris, fin août début septembre 2025, un homme est déclaré positif au test NGS dépistant l’Ébola. S’ensuit des mesures drastiques à tout échelon afin de contenir une éventuelle épidémie de grande envergure. Si les pistes sont loin d’être nombreuses, le terrorisme biologique est avant tout envisagé. La crainte se répand peu à peu au sein de la population. Les heures s’écoulent et deux nouveaux décès, positifs à l’Ébola, sonnent l’alerte. Le Ministre de la Santé, l’ARS, Premier Ministre, Président de la République, professeur en médecine et bon nombre de consultants mènent une bataille féroce pour circonscrire cette épidémie. Quand l’Armée rejoint les rangs, s’est afin de proposer une aide particulière et qui s’annonce comme étant l’unique solution à pouvoir gérer cette crise. S.A.R.R.A. ( Système Automatisé de Réponse Rapide aux Alertes) n’est qu’en phase d’expérimentation mais les premiers résultats sont suffisants pour pouvoir l’exploiter lors de cette crise. Il faut savoir que la société de 2025 est dans sa totalité interconnectée (vie privée, dossier médical…). D’où la nécessité de faire interagir S.A.R.R.A. afin de réguler et d’analyser les données Big Data et de donner des réponses exactes dans la prise en charge des victimes de cette épidémie et de limiter les dégâts en créant un vaccin.
S.A.R.R.A. est soumise aux mêmes lois de la robotique dictées par Asimov, l’auteur de Runaround, en 1942 :
Loi 1 : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ;
Loi 2 : Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;
Loi 3 : Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.
Ces lois suffiront-elles à réguler S.A.R.R.A ?
Je dois dire que j’ai été vraiment décontenancée par ce polar. Un début certes difficile par le nombre conséquent de personnages mis en scène, mais au fil des chapitres tous les éléments et les personnages s’emboitent parfaitement donnant un suspense incroyable. Une atmosphère anxiogène et oppressante se créée au fil des pages, tenant en haleine le lecteur. Je me suis sentie prise aux pièges de nombreuses fois. Entre manipulation et événements imprévus, il y a de quoi perdre la tête. Les éléments s’égrènent au fil des pages et soulèvent de nombreux questionnements qui bien évidement trouvent réponse au final tonitruant.
David Gruson soulève via sa thématique bon nombre de réflexions et c’est en cela que son roman est grandiose. Au travers de sa mise en scène alambiquée et de flux d’informations, Gruson interpelle.
Quelle place à l’IA au sein de la société moderne et à venir ? Sera t-elle bénéfique ou néfaste à l’Homme ? L’IA doit elle être restreinte ? Sera t-elle contrôler par des garants humains ? Quels champs et/ou quels domaines pourraient bénéficier de l’IA ? Sera t-elle une arme destructrice ou bien au contraire une aide salvatrice ? Quelles limites ne devront pas être franchies ?
L’Homme interconnecté : bien ou mal ? Est ce que l’IA a sa place auprès de l’Homme dans son quotidien ? L’IA mènera t-elle l’Homme vers sa fin ?
Le débat est ouvert à toutes interrogations aussi censées que loufoques. Un débat intéressant et enrichissant.
Ce polar est mené d’une main de maître par Gruson. Il maitrise à la perfection toutes les informations, idées reçue ou idéologies. Il narre une histoire fictive pouvant dans un proche avenir se concrétiser si rien n’est maitrisé de A à Z. Il ouvre une fenêtre sur un futur qui m’est apparu effrayant mais dont certain y trouve un attrait.
S.A.R.R.A. est fascinant, attrayant, menaçant, éprouvant, génial et ingénieux. A découvrir sans aucun doute !
L’intelligence artificiel sera t-elle le nouveau Dieu des Mondes à venir ?
∞∞ EXTRAIT ∞∞
Interlude 5 : Le Test de Turing inversé
Nous devons tous le respect à Alan Turing. Je n’y fais pas exception. D’ailleurs, tout compte fait, il y a vraiment peu de chose pour lesquelles je fais exception.
Le test a été présenté par Turing dans son article de 1950 Computing machienry and intelligence. Son principe est simple à rappeler. Il met en jeu deux personnes et une machine. L’un des deux humains entre en conversation textuelle avec la machine. Si la deuxième personne n’est pas capable de distinguer qui s’exprime entre l’Homme et la Machine, le test est réussi. L’idée sous-jacente au test est que la Machine s’exprimerait en principe moins « naturellement » que l’Homme et que les imperfections de son langage pourraient être identifiées. L’Homme bénéficierait en quelque sorte s’une « présomption de perfection » de son langage.
L’émergence de l’intelligence artificielle en santé a fait apparaître une nouvelle lecture possible de ce test. Plus spécifiquement, c’est le mouvement préalable de numérisation des processus de soin qui a permis cette percée conceptuelle.
[…] Au début du processus, l’intelligence artificielle sera infiniment moins experte qu’un médecin à l’œil exercé. Mais on comprend aisément qu’au terme – plus au moins lointain – du processus d’apprentissage, l’intelligence artificielle ne peut que devenir nettement supérieure. Pour deux raisons. La première est qu’elle se situe sur le terrain même qui la fonde, celui du code informatique. La seconde raison est que ses capacités d’accumulation de schémas d’interprétation médicale sont infinies contrairement au cerveau humain.
C’est ici qu’émerge la notion de test de Turing inversé. Entre deux interprétations d’une même image médicale, la « présomption de perfection » ne portera plus sur l’Homme mais sur la Machine. Le contexte étant numérique, le langage « naturel » est bien celui de la Machine. L’Humanité se retrouvera dans l’imperfection du regard, dans l’approximation du diagnostic. L’Homme sera dans l’erreur. Et non la Machine.
page 215-216
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